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Extrait ajouté par Underworld 2020-03-12T17:13:10+01:00

** Extrait offert par Susanne James **

1.

S’il existait un paradis, elle venait de le trouver, songea Fleur en parcourant d’un pas lent les sublimes terrains de Pengarroth Hall. Les faibles rayons du soleil de décembre filtraient à travers les branches nues des arbres centenaires, faisant scintiller de petites stalactites de givre : si le parc restait sublime en cette saison, elle osait à peine imaginer ce qu’il devenait au printemps, lorsque tout reprenait vie !

Devant ce spectacle unique, elle n’avait pas hésité à abandonner sa voiture pour faire quelques pas en pleine nature. Après la longue route depuis Londres, comment résister à une bonne bouffée d’air pur au cœur d’un véritable éden ?

Dans quelques minutes, elle reprendrait le volant sur le chemin principal et rejoindrait l’autre côté de la colline pour trouver la fameuse grille où elle avait rendez-vous… Mia, son amie d’enfance, l’avait invitée à venir passer les vacances de Noël dans la maison de campagne qu’elle partageait avec son frère, mais elle n’avait pas été très précise dans ses indications… Comme à son habitude. « Va jusqu’à la grande grille que tu trouveras devant toi. Tu ne peux pas la rater. »

Fleur sentit une douleur familière lui nouer le cou, et se reprocha une fois encore son imprudence. Elle savait pourtant qu’elle était épuisée et qu’il était impératif qu’elle se ménage. Ces deux dernières semaines, elle avait travaillé chaque soir au labo, et le long trajet jusqu’en Cornouailles n’avait pas arrangé son état. Elle aurait préféré attendre le lendemain pour prendre la route, mais Mia avait insisté pour qu’elle soit là un jour avant la veillée de Noël : « Les autres invités ne seront pas arrivés, et mon frère ne nous rejoindra que le matin du 25… Nous aurons la maison pour nous toutes seules, ce sera comme au bon vieux temps du pensionnat ! »

Leur amitié remontait en effet à l’enfance. Elles étaient restées très liées depuis leurs années d’internat au lycée, mais c’était la première fois que Fleur venait à Pengarroth Hall.

La jeune femme repéra un tronc couché et alla s’y asseoir. Il était déjà 16 heures, si elle ne voulait pas se laisser surprendre par la nuit, mieux valait qu’elle se remette en route bientôt. Mais elle allait se reposer au calme durant un bref instant. Oui, à peine quelques minutes…

Inspirant une longue goulée d’air frais, elle ferma les yeux. Elle savourait la paix environnante quand une voix l’interrompit :

– Bonjour. Je peux vous aider ?

L’intonation n’avait rien de très amical. Fleur se releva d’un bond pour se trouver nez à nez avec un homme de haute taille vêtu d’une veste de toile enduite, de grosses bottes, et arborant une expression fort peu amène sur un visage pourtant séduisant…

Il portait un fusil à l’épaule, et elle frémit en prenant conscience qu’il la transperçait d’un regard intense, d’un brun vibrant, aux profondeurs insondables. Elle réprima un frisson et se redressa avant d’adresser un sourire à celui qui ne pouvait être que le gardien de Pengarroth Hall.

– Non, je vous remercie, je n’ai pas besoin d’aide. Je viens de me promener dans ces bois magnifiques, c’est tout.

Il la dévisageait d’un air froid et observa un long silence avant de rétorquer :

– Eh bien, vous vous trouvez sur une propriété privée. Cette zone n’est pas ouverte aux promeneurs. La partie publique se trouve beaucoup plus loin, derrière vous… Le panneau indicateur est pourtant très clair, ajouta-t–il d’un ton glacial.

Irritée, Fleur fronça les sourcils. Même si elle avait commis une erreur, cet homme n’avait pas besoin de se montrer aussi désagréable ! Il aurait été très facile de lui révéler qu’elle était invitée à séjourner ici, qu’elle était une amie de la propriétaire ; mais son attitude hostile lui en ôtait toute envie.

– Vraiment ? s’enquit-elle en conservant un sourire poli, tout en fixant le fusil des yeux. Je devrais sans doute regarder plus attentivement où je mets les pieds, alors. Vous tirez sur les intrus, si je comprends bien ?

Imperturbable, l’homme, très droit, passa une main dans ses épais cheveux bruns et conclut :

– Je crois qu’il vaut mieux que je vous montre le chemin vers la sortie. Vous pourriez vous perdre : il y a plusieurs sentiers.

Fleur lui adressa un regard noir. Elle était parfaitement capable de se fier à son sens de l’orientation et ne tenait guère à bénéficier des faveurs de cet individu.

– Non, ce ne sera pas nécessaire. Je peux me débrouiller seule, merci.

– Le soleil est en train de se coucher, répliqua-t–il. Veuillez reprendre la route.

Il la toisa d’un nouveau regard assassin et précisa :

– Ces terrains ont souffert de terribles dommages, et de nombreuses plantations sont en cours. Nous ne souhaitons pas que les jeunes pousses soient mises en péril par des promeneurs indélicats.

Sur ces mots, il tourna les talons, et Fleur le regarda disparaître dans la brume. Eh bien ! Cet homme allait droit au but… Il ne se souciait guère de ménager son interlocuteur. « Comme mon père », songea-t–elle avec un pincement au cœur. C’était la première fois qu’elle ne passerait pas Noël en famille. Ses parents, Helen et Philip, se trouvaient à Boston, cette année. Le Pr Richardson avait accepté de donner un séminaire de mathématiques aux Etats-Unis, et les fêtes de fin d’année en étaient bouleversées.

Fleur revint sur ses pas en espérant retrouver le chemin indiqué par Mia. Il aurait été plus prudent de ne jamais le quitter, mais elle ne regrettait pas cette charmante promenade dans les bois, même si son plaisir était un peu gâché par l’intrusion de ce détestable personnage.

Il faisait déjà sombre quand elle reprit le volant, mais à peine fut-elle passée de l’autre côté de la colline qu’elle vit s’élever le domaine de Pengarroth Hall, ainsi que la fameuse grille d’entrée. Fleur la franchit avec excitation. Elle était heureuse de changer d’horizon et de rencontrer des gens nouveaux, pour une fois. Mia avait invité plusieurs de ses amis : « La seule que tu connaisses déjà, c’est Mandy. Tu te rappelles Mandy ? Elle est vraiment hilarante… »

Oh oui, Fleur se rappelait Mandy ! Une véritable mangeuse d’hommes, mais il fallait reconnaître qu’elle était amusante.

« Tous les autres sont des collègues, mais je te promets de ne pas me laisser entraîner dans des conversations de boutique », avait-elle ajouté. Mia travaillait dans une importante société de communication de Londres, un domaine à mille lieues de celui que Fleur avait choisi : la recherche médicale dans un hôpital universitaire.

Elles avaient en effet emprunté des voies très différentes après le lycée, mais avaient su rester très proches, et Fleur avait souvent envié l’existence libre que menait Mia, à l’abri d’exigences familiales étouffantes. Depuis toujours, Philip Richardson avait tracé l’avenir de sa fille unique, sans songer qu’elle pouvait peut-être nourrir ses propres ambitions. Obéissante, Fleur avait donc suivi des études scientifiques, selon ses désirs, et s’était également gardée de présenter trop de fiancés à ses parents. Sa mère n’y aurait pas vu d’inconvénients, mais elle était tout aussi soumise que sa fille aux volontés de Philip Richardson, et l’une et l’autre évitaient à tout prix un affrontement inutile.

Sur le perron de la superbe maison de maître aux murs couverts de laurier grimpant, Fleur activa l’antique sonnette et vit bientôt apparaître une femme d’une cinquantaine d’années au sourire accueillant.

– Bonjour, je suis Fleur Richardson.

– Bienvenue à Pengarroth Hall, mademoiselle Richardson. Je suis Pat, la gouvernante. Entrez, je vous en prie. Mia est en train de se laver les cheveux… Je vais l’avertir de votre arrivée.

Dès qu’elle pénétra dans le hall au sol dallé de tomettes, Fleur fut frappée par l’ambiance du domaine. La propriété était dans la famille de Mia depuis quatre générations, mais, malgré la majesté des murs, il régnait ici une atmosphère chaleureuse. Un immense arbre de Noël avait été dressé dans l’entrée, au pied d’un superbe escalier. Une vieille horloge en chêne égrenait les minutes dans un coin du hall et, sous les tapisseries anciennes, de confortables canapés attendaient les visiteurs. Une pile de journaux et de courrier reposait sur une console d’ébène, et Fleur sourit en découvrant un vieux labrador endormi sur un fauteuil. L’animal s’étira longuement, ouvrit les yeux et accueillit Fleur d’un regard assoupi avant de retourner à sa sieste, sur son vieux coussin bleu.

Seigneur, quelle différence avec la maison de ses parents dans le Surrey, pour ne rien dire de leur appartement à Londres… Tout y était toujours tiré à quatre épingles, c’est à peine si elle osait respirer de peur de troubler le calme impérial imposé par son père ! Elle se sentait déjà merveilleusement à son aise ici, quelque chose lui disait qu’elle allait passer des vacances fantastiques.

La tête de Mia émergea soudain du haut de l’escalier. Fleur leva les yeux et sourit en découvrant son amie en soutien-gorge et en jean.

– Ma Fleur ! s’exclama-t–elle joyeusement. Monte ! Je me sèche les cheveux… C’est génial d’être ici, non ? Oh, j’adore Noël !

Fleur ne se le fit pas dire deux fois et rejoignit gaiement son amie à l’étage.

La nature enthousiaste de Mia avait quelque chose de contagieux, elle avait toujours admiré sa force, son énergie et son tempérament fantasque. Ces traits de personnalité se retrouvaient dans son physique aux courbes voluptueuses et dans ses grands yeux bruns, pétillant d’impatience.

– J’espère que cela ne te dérange pas de partager ma chambre, annonça Mia en desserrant sa serviette nouée en turban. On ne peut pas dire que la maison manque de chambres d’amis, mais je déteste donner trop de travail à Pat. Les garçons partageront aussi une chambre, au bout du couloir. Oh, tu vas les adorer, Fleur. Gus et Tim sont de vieux amis, et Rupert et Mat sont adorables.

La chambre de Mia était exquise. Fleur promena un long regard sur les murs fleuris, les lits jumeaux et un ravissant balcon avec vue sur le parc.

– Bien sûr que non, cela ne me dérange pas, confirma-t–elle. Ce sera comme au bon vieux temps… Oh, Mia, tes cheveux sont si longs ! Je ne les avais jamais vus comme ça.

– C’est vrai, admit Mia, dont le regard venait de s’allumer d’une petite flamme d’excitation. A vrai dire, c’est Mat qui les aime aussi longs…

Fleur haussa les sourcils.

– Tiens donc ? Mat serait-il l’homme du moment ?

– En quelque sorte, répondit Mia d’un ton vague, tout en attrapant le sèche-cheveux. Nous sommes sortis ensemble plusieurs fois. Mais je ne sais pas si c’est sérieux… Et justement j’ai eu envie de le voir avec d’autres garçons, ici, avant de me laisser un peu trop emporter.

Elle observa un court silence avant de reprendre :

– Et toi ? Il y a quelqu’un dans ta vie, en ce moment ?

– Non, avoua Fleur avec un soupir, évitant de croiser le regard de son amie.

Mia savait que Philip Richardson décourageait sa fille de nouer la moindre relation avec un homme. Son mot d’ordre était toujours le même : « Ne gâche pas ton intelligence et ton éducation à te marier et avoir des enfants. Tu as tout le temps pour ça. »

– Puis-je te rappeler que nous aurons vingt-sept ans dans quelques mois ? répliqua Mia. On ne peut pas dire que l’horloge biologique ait des raisons de s’affoler, mais le temps n’est pas extensible à l’infini non plus, n’est-ce pas ?

Elle coupa le sèche-cheveux durant un instant et soupira.

– J’adore l’idée de me marier et de fonder une famille, mais j’ai parfois l’impression que trouver l’homme idéal est mission impossible. Dès que je commence à connaître un garçon et à découvrir ses manies, je perds tout intérêt pour lui. Mais c’est ma faute, je le sais bien… Dis-moi, tu es sortie avec quelqu’un, depuis ta rupture avec Leo ?

Fleur haussa les épaules en détournant les yeux.

– Pas vraiment, non. Un dîner ou un verre avec quelques collègues, parfois, mais je suis toujours rentrée seule à la maison, comme une bonne fille…

A la vérité, elle se rappelait avoir beaucoup tenu à Leo. Elle se demandait encore comment elle avait pu laisser son père s’immiscer dans leur relation, mais il y avait maintenant trois ans que cette histoire était terminée, et elle était parvenue à la conclusion que c’était pour le mieux. Elle n’était pas faite pour le mariage et ne voulait pas courir le risque de se retrouver dans la position de sa mère : toujours sous la coupe de son mari, se forçant à adopter chacun de ses points de vue et à subir son influence. Fleur savait que son père avait un très bon fond, même s’il était incapable d’admettre une autre opinion que la sienne.

Elle se dirigea vers la fenêtre et admira la forêt derrière le parc.

Comme si elle avait perçu son accès de mélancolie, son amie la rejoignit et lui passa un bras autour des épaules.

– Tu l’as peut-être oublié, mais, du temps où nous étions jeunes et innocentes, c’était toi que tous les garçons regardaient… Je peux te dire que j’en étais très jalouse. J’avoue que je ne comprends pas comment tu as réussi à rester célibataire, Fleur Richardson. C’est une véritable énigme !

Fleur sourit. Mia n’avait pas tort. Elle plaisait aux hommes et était consciente du charme qu’exerçaient ses grands yeux verts dans un visage à l’ovale pur. Ses longs cheveux blonds ondulaient naturellement et, chaque fois qu’elle se rendait chez le coiffeur, elle avait droit à une avalanche de compliments…

Sa taille et sa silhouette menues devaient éveiller un besoin de protection, et son intelligence se révélait aussi un atout. Mais elle n’avait jamais cherché à séduire la gent masculine et aurait souvent préféré passer complètement inaperçue. Aussi choisissait-elle souvent des vêtements de couleur neutre aux formes très simples, pour demeurer aussi discrète que possible.

– Oh, cela ne me dérange pas de rester célibataire, répondit-elle, mal à l’aise. Il y a toujours des travaux à vérifier au laboratoire. Et surtout les hommes cherchent toujours à prendre le contrôle absolu dans le couple. Je tiens à tenir les rênes de ma propre vie, merci bien !

– Il y a des hommes très dominateurs, c’est vrai, admit Mia. Mais il est toujours possible de retourner la situation à son avantage, avec une petite ruse féminine.

– Peut-être. Quoi qu’il en soit, je trouve plus facile de n’avoir à me soucier que de moi-même, loin des conflits de personnalité ou de sentiments. Je crains fort d’être très attachée à une existence calme.

– Eh bien, crois-moi, un jour, tu tomberas sur celui qui te fera changer d’avis, assura Mia. Et j’espère qu’il saura aussi t’aider à retrouver la forme… Qu’est-ce qui se passe, Fleur ? Tu as maigri et je te trouve bien pâle.

– C’est vrai, je ne suis pas au mieux de ma forme, ces temps-ci. Rien de grave : le médecin m’a trouvée surmenée, et j’ai accepté de prendre un congé un peu plus long. Je ne retournerai travailler qu’à la mi-janvier.

– Dans ce cas, pourquoi ne pas prolonger ton séjour ici ? Les autres seront partis après le 26, mais je reste moi-même jusqu’au 2 janvier. Nous pourrions passer un peu plus de temps ensemble et, si tu es d’accord pour rester seule ensuite, je te promets que Pat prendra bien soin de toi. C’est la meilleure cuisinière du monde ! Je te parie qu’elle réussira à te rendre des couleurs en un rien de temps ! Oh, dis oui ! Tu n’as pas d’obligations familiales, n’est-ce pas ?

– Non, mais, euh, je… Je ne voudrais pas m’imposer, et je…

– Taratata ! C’est réglé, alors. Tu vas rester ici et te détendre. Lire, te promener, faire la grasse matinée… Prendre soin de toi et ne te soucier de rien d’autre, pendant que Pat te prépare tous tes repas ! Entendu ?

Fleur hocha la tête.

– Eh bien… Je dois dire que c’est très tentant ! Mais je ne veux pas que quelqu’un se retrouve avec une charge de travail supplémentaire par ma faute. Je peux très bien faire moi-même la cuisine et…

– N’y pense même pas ! coupa Mia. Pat sera ravie. Et maintenant allons chercher tes affaires dans la voiture. Ensuite, je te laisserai durant une heure pour que tu prennes le temps de t’installer. Ce soir, nous sommes toutes seules : je te suggère d’enfiler un survêtement confortable. Et à nous la soirée de pipelettes !

Fleur se mit à rire.

– Comment refuser un tel programme… C’est parfait.

– J’en rêvais ! renchérit Mia. J’adore mon frère, mais je suis contente que nous ayons une soirée pour nous seules. Et puis nous pourrons déguster les bons petits plats de Pat… Elle vient veiller sur la maison quand mon frère, Sebastian, s’absente. Il travaille toujours à temps partiel pour un grand cabinet d’avocats à Londres, mais, depuis que mes parents ne sont plus là, il doit assumer la charge du domaine…

Fleur observa un bref silence et répondit d’un ton pensif :

– Ce doit être difficile pour lui, de cumuler son travail et la gestion de Pengarroth Hall. Il ne s’attendait sûrement pas à devoir honorer cette charge aussi vite.

– Oui, cela a été brutal, confirma tristement Mia. Il y a déjà quatre ans que nos parents sont morts dans cet affreux accident. Ils n’avaient pas soixante ans, le choc a été terrible pour Sebastian comme pour moi.

– Je sais, répondit Fleur avec douceur, en prenant la main de son amie.

Elle n’avait jamais rencontré les parents de Mia, mais se rappelait la douleur de la jeune femme, quelques années plus tôt.

– C’est vrai, enchaîna Mia, Sebastian s’est retrouvé avec la gestion du domaine sur les bras de manière bien prématurée. Il avait tout juste trente ans et adorait sa vie londonienne. Un peu trop, d’ailleurs, selon certains ! Mais il fallait bien que mon play-boy de frère mûrisse un jour, même si c’est au détriment de sa vie nocturne et d’une foule d’admiratrices. Je crois que ce n’est pas toujours facile pour lui, mais il s’y habitue. Il aime les Cornouailles. Et cela fait plaisir à ma grand-mère. Tu sais, elle a passé la majeure partie de sa vie à Pengarroth Hall…

– Ça alors ! J’ignorais que ta grand-mère était toujours en vie ! s’exclama Fleur.

– Oh oui, c’est le moins qu’on puisse dire ! répondit Mia en riant. Nous lui rendons souvent visite. Avant son mariage, je crois qu’elle adorait la vie citadine et les sorties. Depuis qu’elle est veuve, elle est retournée s’installer à Londres et passe son temps dehors. Avec ses amis, elle va au théâtre, à l’opéra, joue au bridge… Rien ne l’arrête ! Mais le fait que Pengarroth Hall reste dans la famille est très important pour elle. Et puis Sebastian est son unique petit-fils…

– Elle ne vient pas pour le réveillon ? s’enquit Fleur.

– Je n’ai pas réussi à la convaincre, soupira Mia. Elle préfère rester avec ses amis et venir durant l’été.

– C’est une sacrée personnalité, souffla Fleur, qui regrettait de ne jamais avoir connu ses propres grands-parents.

Elle n’avait non plus ni oncle, ni tante, ni cousin.

Suivant Mia au rez-de-chaussée, elle s’arrêta encore devant le vieux chien qui ronflait sur son fauteuil.

– Pauvre Benson, chuchota Mia à son oreille. Il est très vieux, maintenant, et passe presque tout son temps à dormir. Mais Sebastian refuse de prendre un autre chien tant que Benson est là. Il dit que Pengarroth est son territoire. De toute façon, Frank, notre garde forestier, a déjà bien assez à faire avec un seul chien…

A ces mots, Fleur fit la grimace et avoua :

– Je crois que j’ai fait la connaissance de Frank, aujourd’hui, et je me suis fait traiter d’intruse. J’avais pris l’entrée du haut par erreur, et…

– Oh, c’est ma faute ! coupa Mia. J’aurais dû être plus précise dans mes indications. Mais… Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

– Il m’a plus ou moins conseillé de faire attention aux panneaux indicateurs, la prochaine fois.

Mia se mit à rire :

– Il a tendance à mener son monde à la baguette, mais c’est une vraie perle. Sebastian peut se reposer sur lui quand il s’absente et, naturellement, quand les promeneurs viennent ramasser nos champignons, à l’automne, Frank défend le territoire…

Un moment plus tard, seule dans la chambre, Fleur se glissa avec plaisir dans un vieux jean et un sweat-shirt avant d’attacher ses longs cheveux en queue-de-cheval. Puis, elle alla se démaquiller, rangea ses escarpins et enfila une paire de bottes fourrées. Quel bonheur, de ne plus avoir à se soucier d’offrir une apparence impeccable durant quelques jours !

– Oh, vous voici, lança la gouvernante alors qu’elle sortait de la chambre. Mia est sortie faire quelques courses de Noël, mais sera bientôt de retour. Allez tranquillement vous installer dans le salon : je vais vous apporter un thé.

Fleur jeta un nouveau coup d’œil émerveillé vers le grand sapin couvert de décorations, sans doute collectées durant des décennies, et s’installa devant la grande cheminée du salon.

La pièce était vaste, tout aussi accueillante que le hall avec ses canapés et ses fauteuils à oreilles tapissés de tartan écossais. Le vieux tapis était si épais qu’elle décida de retirer ses bottes, si confortables qu’elle les avait enfilées pieds nus : elle alla se lover au creux d’un fauteuil et savoura la chaleur des flammes sur sa peau…

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