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Ça a commencé doucement, progressivement, presque sans que je le remarque. C’était comme par une belle journée ensoleillée, quand le brouillard s’installe petit à petit. D’abord comme un voile mince devant le soleil, puis de plus en plus dense, mais le soleil brille toujours, et ce n’est que quand il ne brille plus, quand tout est froid et que les oiseaux ne chantent plus, que vous remarquez ce qui se passe. Mais à ce moment là, le brouillard est tombé, le soleil a disparu, les points de repère se fondent dans le paysage et vous n’avez plus assez de temps pour retrouver votre chemin avant que le brouillard ne soit si épais que tous les chemins deviennent invisibles. Alors vous avez peur. Car vous ne savez pas ce qui se passe, ni pourquoi, ni combien de temps ça va durer ; vous comprenez que vous êtes seul et sur le point de vous perdre, et vous avez peur de ne jamais retrouver le chemin pour rentrer chez vous.

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Ce besoin d’attention que nous manifestons tous au quotidien est évidemment beaucoup plus intense quand nous nous sentons menacés ou en danger. Si quelqu’un tombait d’un quai dans l’eau et se mettait à appeler au secours, il ne viendrait à l’idée de personne de passer devant lui en disant calmement : « Il fait juste ça pour attirer l’attention ». Bien sûr qu’il cherche à l’attirer ! Il est en danger de mort, incapable de se tirer d’affaire, son unique espoir de préserver son intégrité physique et de continuer à vivre est d’attirer l’attention de ceux qui peuvent le secourir. Ceux qui entendent ses cris le comprendront sur-le-champ et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour l’aider. Bien entendu. Voilà pourquoi j’ai peur quand je vois que, dans le domaine des soins psychologiques, on continue à rédiger des dossiers qui identifient des appels au secours, souvent très directement, sans que suivent des réflexions professionnelles sur le type d’aide à apporter ou sur l’attitude que le travailleur social ou les services de santé doivent apporter.

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« Je ne la revis pas avant plusieurs années », ai-je écrit, aussi simplement. Voilà un avantage énorme de l’écriture : on peut passer à toute vitesse sur plusieurs années en quelques mots, et vous pouvez avoir l’impression que j’ai passé ces années-là dans un congélateur ou quelque chose dans ce genre, bien à l’abri, en attendant que le monde s’améliore. Ce n’était pas le cas. J’ai fait comme tout le monde, j’ai traversé ces années en vivant un jour après l’autre. J’ai fait l’objet de pas mal de soins, et le reste du temps, j’étais un peu seule, un peu avec ma famille, beaucoup avec les employés des services de santé et des services sociaux. Même s’il me manquait des gens qui me connaissaient comme des amis et non comme des employés, ceux des services publics présentaient aussi des avantages. Par exemple, en règle générale, ils n’attendaient pas de moi que j’ai une vie. Ils connaissaient ma situation et mon dossier, ils posaient rarement des questions délicates auxquelles je ne pouvais pas répondre.

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Les symptômes m’intriguent toujours, dans une certaine mesure. Il y a si peu de réponses toutes faites et tant de points de vue différents, le même symptôme peut avoir des significations très diverses en fonction de la personne et de la situation. Voilà ce qui fonde la bonne curiosité. Et l’humilité. Car même si ce n’est pas toujours nécessaire de comprendre la raison d’un symptôme, il vaut souvent mieux réfléchir un peu sur sa fonction pour le traiter comme il faut. A ce moment-là, il n’est pas idiot d’oublier les nomenclatures et les descriptions des pathologies, et de se concentrer plutôt sur l’individu et sa situation. Qui es-tu ? Dans quel contexte vis-tu ? Car ce ne sont jamais des personnes complètement isolées. Elles appartiennent à un système, quel qu’il soit. Elles peuvent modifier ces systèmes, mais l’inverse est aussi vrai. Alors, si nous voulons comprendre l’individu, nous devons non seulement le prendre en compte, lui, mais aussi l’ensemble dans lequel il s’inscrit. Nous en comprendrons sans doute pas tout à ce moment-là non plus, mais quand même peut-être un peu plus que si nous nous en tenons aux diagnostics. Car ces derniers ne font que décrire. Si nous voulons comprendre, il faut regarder les individus.

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Il me laissa finir de parler, ce qui m’impressionna beaucoup. Il fit ensuite une chose qui m’impressionna encore plus : il me demanda pardon pour avoir eu recours à la force sans me parler et sans avoir essayé d’autres méthodes au préalable. C’était la première fois qu’un médecin s’excusait auprès de moi, ce fut la seule, et j’ai trouvé ça fantastique. J’étais dans une situation incroyablement humiliante, je me sentais toute petite, mais il faut assez grand pour me relever un petit peu. Je lui en suis toujours reconnaissante. Il me demanda s’il pouvait faire quelque chose pour moi, à cet instant, compte tenu de la situation. Je compris que c’était une véritable offre, et parce qu’il me traitait avec respect, j’eus envie de collaborer et de lui demander une faveur qu’il avait réellement la possibilité de m’offrir, rien d’inaccessible, dangereux ou délirant. Je ne le provoquai pas en demandant à sortir, à « aller bien » ou ce genre de requête.

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Et pour l’avoir vécu, je sais que j’étais beaucoup plus facile à gérer quand j’avais un peu d’espoir et de respect de moi-même que quand tout avait été balayé. « Freedom is just another word, for nothing left to lose », chante Janis Joplin. Quand on vous a tout pris, quand il ne vous reste plus rien à perdre, qu’il s’agisse d’honneur, de respect de soi, de santé, de métier, d’amis, d’avenir ou de quoi que ce soit d’autre, vous êtes libre, complètement libre. Et épouvantablement dangereux. Car pratiquement plus rien ne vous retient. La contrainte est parfois nécessaire. Je ne serais pas vivante aujourd’hui si la contrainte avait été interdite en milieu psychiatrique. Mais l’humiliation et la violence ne sont pas nécessaires. J’ai été mise au tapis par des gens qui connaissaient leur boulot, qui avaient suivi une formation et savaient comment s’y prendre. C’est désagréable, mais ça ne fait pas mal. Mais d’autres personnes m’ont trainée par terre, en faisant taper ma tête sur les barres de seuil que nous franchissions, elles m’ont écrasée sur un sol en béton, flanqué un genou dans les reins et m’ont appuyé la tête dans des oreillers pour que le manque d’air me contraigne à cesser de résister. Ça, ça fait mal. Des douleurs physiques m’empêchent encore parfois de dormir la nuit, et même s’ils sont beaucoup plus rares maintenant, les cauchemars n’ont pas complètement disparu.

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J’entendais aussi des voix. C’était parfois un désordre grésillant ou hurlant dans ma tête, comme un baladeur à plein volume que je ne pouvais pas éloigner, quoi que je fasse. Il m’arrivait de me taper la tête contre le mur pour que les coups sourds atténuent un peu ce chaos. Ça aidait parfois, mais pas toujours. D’autres fois, j’essayais de m’arracher les cheveux ou de faire des trous dans ma tête avec mes ongles. ça ne m’était jamais d’aucun secours, mais c’était une espèce de réaction de panique visant à faire un trou dans ma tête pour en laisser échapper un peu de pression avant que tout n’explose. C’est ce que je ressentais. A d’autres occasions, c’était un murmure faible, immonde, ou une voix claire qui livrait des messages sans ambiguïtés. « Tu vas mourir », disait-elle. Ou bien : « Ouvre-toi les poignets et dessine un cercle de sang autour de toi, ou toute ta famille mourra ». Pas facile. Que feriez-vous si vous receviez un message pareil ?

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Elle (l'infirmière) avait vu les dessins dans ma chambre, sur lesquels j'avais écrit : " Il n'y a que les oiseaux en cage qui s'ennuient. Les oiseaux libres volent." Elle avait vu que je regrettais de ne plus pouvoir voler, que la cage m'ennuyait.

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Peu importe ce que ça me coûte, je ne veux pas mourir avant d'avoir peint avec toutes les couleurs de ma boite, je ne veux pas vivre en pastel.

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