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Toujours sur ses gardes, Tayla fit signe au couple d’entrer avant de les suivre jusqu’au bureau d’Eidolon où ils s’installèrent sur le canapé. Kaden s’y assit avec raideur, et à en juger par son langage corporel, il était prêt à en découdre si Tayla tentait la moindre offensive envers Andrea. Ayant elle-même un compagnon ultra protecteur, Tayla comprenait qu’il ne néglige aucune précaution. Habituée à affronter tous les jours les préjugés au sein de l’Aegis, elle comprenait aussi sa paranoïa, et décida de lui accorder le bénéfice du doute. Cependant, elle était loin d’être stupide, et s’approcha de la porte, l’air décontracté.

— Très bien, commença-t-elle. En quoi votre situation est-elle plus compliquée ?

— Voilà qui m’intéresse également.

La voix grave d’Eidolon fit sursauter Tayla, qui s’empressa de se retourner pour le voir s’avancer vers elle du pas fluide et assuré auquel elle ne résistait pas.

— Quoi ? ajouta-t-il. Tu croyais que j’ignorais tes petites cachotteries ? On est liés, je te le rappelle.

Tayla soupira. Oui, ils étaient liés. Unis par un rituel de sang et les glyphes assortis sur leurs bras. Capables de sentir les émotions et les besoins l’un de l’autre, en particulier sexuels puisque Eidolon était un incube.

— Écoutez, reprit Kaden en se redressant. Nous ne voulons pas vous causer d’ennuis, mais nous ne pouvions pas rencontrer Tayla au Q.G. de l’Aegis. Je ne peux pas y entrer, et quand bien même, je me ferais massacrer avant d’avoir franchi le seuil.

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— Kaden, ne bouge pas ! Je vais te sortir de là.

— Non !

Il se jeta sur elle, mais la chaîne qui reliait son collier au mur le retint. De panique, son regard scintilla d’une lueur glaçante, sinistre.

— Tu ne peux pas, ajouta-t-il.

La terreur enveloppa Andrea comme un linceul, réduisant à néant son ultime rayon d’espoir. Elle savait ce qu’il s’apprêtait à dire. Elle n’avait aucune envie de poser la question, mais elle lui échappa des lèvres.

— Pourquoi ?

— Parce que, répliqua-t-il en laissant apparaître deux canines pointues, je te tuerais.

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— Alors quoi ? lui rétorqua-t-il, agacé, l’excitation résiduelle empreignant sa voix d’une intonation cassante nécessaire pour ce qu’il s’apprêtait à faire. Tu comprends bien que je suis un vampire, hein ? Et toi, une tueuse. Peu importe la relation que tu croyais avoir avec moi, elle est terminée. L’homme que tu affirmes aimer est mort, deux choix s’offrent donc à toi : me planter un pieu dans le cœur comme une bonne petite Gardienne, ou t’allier à moi pour qu’on s’échappe. Mais dans un cas comme dans l’autre, il n’y a plus de « nous ».

Des plaques écarlates marbrèrent les joues d’Andrea. Cela dit, Kaden n’avait pas besoin de voir sa fureur pour savoir qu’elle bouillonnait de rage. Ses sens aiguisés perçurent la colère qui émanait de la jeune femme en effluves âpres qu’il pouvait goûter sur sa langue.

— Espèce d’enfoiré !

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— Je sais ! (Andrea sautilla sur la pointe des pieds, joyeuse pour la première fois depuis le début de ce cauchemar.) On peut déménager à New York ! Il paraît que la Régente de l’une des cellules est à moitié démone. Et tu te rappelles cette histoire au sujet d’un Ancien marié à une démone ?

Aucun des douze chefs suprêmes de l’Aegis ne pouvait fréquenter une démone, c’était tout bonnement impossible, mais la rumeur s’était répandue comme une traînée de poudre.

— Ce ne sont que des racontars, répliqua Kaden d’une voix lasse, résignée.

Andrea commençait à perdre espoir.

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— Expliquez-nous ce que vous faites ici.

— Kaden n’est pas un vampire ordinaire, répliqua Andrea en se campant à côté de l’intéressé. C’est un Gardien.

Seigneur ! Tayla ne s’était pas attendue à ça.

— Vous avez été transformé alors que vous étiez un Aegis actif ?

— En fait, ce petit accident est survenu au cours d’une mission, rectifia-t-il avec ironie. C’est dingue que l’Aegis n’indemnise pas ses employés lorsqu’ils se font transformer en vampires pendant les heures de bureau.

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Il la renversa par terre, et changea de position au dernier moment pour amortir le choc. D’un geste fluide et gracieux, il grimpa sur elle, la clouant au sol avec sa force et son poids supérieurs.

Andrea se tortilla, en partie pour montrer à la caméra qu’elle se débattait, mais aussi parce qu’elle appréciait de sentir le corps de Kaden pressé contre le sien. Elle s’efforça d’arborer une expression de rage, puisant dans la colère qu’elle éprouvait contre cette situation, contre la transformation de son amant et contre un passé qui l’avait privée d’une existence normale, pour paraître crédible alors qu’elle n’avait qu’une envie : se rouler avec Kaden dans un lit moelleux.

D’une main, il lui empoigna les cheveux et lui inclina la tête sur le côté, exposant sa gorge comme il l’avait fait auparavant. Un grognement rauque et bestial sortit des profondeurs de sa poitrine. La respiration d’Andrea s’accéléra lorsqu’il porta la bouche à son cou et la mordit sans prévenir, comme un serpent. La douleur la transperça, une douce et voluptueuse agonie qui anéantit toute volonté de résistance. Pas étonnant que les humains succombent aux vampires avec une telle facilité. Le plaisir pénétrait par les deux perforations pour s’étendre à tous les points de pulsation du corps.

Elle gémit et s’arc-bouta contre Kaden qui frissonna alors qu’il changeait de position pour la plaquer à même le sol. Ah, oui. Elle n’était pas censée prendre son pied. Ils se donnaient en spectacle pour la caméra, point barre. Et voilà qu’elle sabotait leurs efforts en voulant le chevaucher.

De nouveau.

Lui faire confiance pour ne pas la tuer relevait peut-être de la stupidité, mais elle n’avait pas d’autre choix. Par ailleurs, en dépit des enseignements de l’Aegis, elle connaissait Kaden. Elle savait qu’il faudrait plus qu’une absorption de sang de vampire pour le transformer en monstre.

Trop tôt au goût d’Andrea, il retira les dents d’un geste subtil et repositionna sa bouche sur la morsure de façon à refermer les plaies d’un coup de langue.

Il se garda de redresser la tête tout du long, et Andrea l’entendit à peine murmurer :

— Ça me tue. Plus tard, on fera ça dans les règles de l’art, mais pour l’heure, je dois faire semblant de te drainer jusqu’à la mort. Dans soixante secondes, fais l’opossum crevé. Avec un peu de chance, Cedric aura mangé récemment.

Seigneur, elle l’espérait ! Apparemment, plus un vampire était affamé, mieux il percevait les battements cardiaques, et pour que leur ruse fonctionne, Andrea devait réussir à se faire passer pour morte.

Elle patienta tandis qu’il lui embrassait la gorge, léchant avec fougue sa peau hypersensible. Comment pouvait-elle faire la morte quand à chaque coup de langue un délicieux frisson la parcourait, attisant son désir ?

Minute. Il avait dit « plus tard ». Le pensait-il ? Y aurait-il un « plus tard » ?

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