Extraits

* Reseph et Revenant.

-Je ne sais pas comment te remercier.

L'ancien Revenant aurait exigé un paiement impossible.

Le nouveau Revenant ... Et merde, il en ferait de même.

- Tu pourrais, par exemple, ne pas agir en parfait connard a chaque fois que tu me vois.

Reseph grimaça.

- Tu n'aurais pas autre chose ? Je suis un connard avec tout le monde.

Elle hocha la tête . Eidolon s'en alla, et Revenant fut aussitôt à côté d'elle, si vite qu'il avait dû se téléporter.

-Que s'est-il passé ? questionna-t-il d'un ton impérieux.

Il t'a fait pleurer. Tu veux que je le bute ?

-Tu as mentionné Satan, Gethel et Lucifer.

Revenant acquiesça.

-J'ai un plan. Mais il va me falloir un ange.

Reaver arqua un sourcil.

-Un ange ?

-Satan veut que je prouve ma loyauté. Pour cela, je dois lui livrer à la fois un ange et Blasphème. Il n'aura pas Blasphème. Tu ne connaîtrais pas un ange méritant un sort pire que la mort par hasard ?

Reaver arbora un sourire sinistre.

-Pour tout te dire, si.

-Si tu penses au même trou de balle que moi, mon plan pourrait fonctionner.

Reaver ricana.

-Tu aurais dû commencer par là. J'en suis !

La rage motiva chacun de ses pas tandis qu'il parcourait la demeure à la recherche de l'infâme mère du rejeton de Satan.

Il la trouva dans sa luxueuse chambre a coucher, enveloppée de fourrures et s'observant dans le miroir.

-Tu me trouves grosse ? Lui demanda Gethel, en s'examinant de profil.

- Comme une vache.

- Connard.

(...)

-Tu sais, soupira-t-elle, plus tu débites ce genre de conneries, moins il me paraît probable que je veuille de toi un jour.

-L'assurance te déplaît ?

-L'arrogance me déplaît. Il y a une différence.

-Et quelle est-elle ?

-L'assurance, c'est l'arrogance sans trou du cul.

! Spoiler !

- Le sang d'une légende, c'est la même chose que l'essence de mort. Tu as besoin du sang de Mort. Thanatos.

Ou des larmes de l'affamée. Famine.

Une illumination la frappa. Limos. Donc, il me faut le sang de Thanatos ou les larmes de Limos ?

La chevelure d'ébène de Revenant ondoya sur ses épaules lorsqu'il secoua la tête.

- Oublie les larmes de Limos. C'est le sang de Thanatos qu'il te faut. Fais moi confiance, tu ne tiens pas a faire pleurer la Cavalière. Ses frères et son compagnon sont archiprotecteurs avec elle, à tel point que ca frise la psychopathie

Elle se redressa, passa son trousseau à son index et se remit à avancer dans sa direction en fredonnant une chanson de Duran Duran.

— Blasphème.

Il surgit d’entre deux ambulances noires, lui barrant la route.

Elle sursauta, et un hoquet effrayé s’échappa de ses lèvres écarlates et charnues, faites pour propulser un mâle au septième ciel.

— Revenant.

Elle darda un regard sur les portes de l’hôpital et il eut l’impression qu’elle réfléchissait à une issue de secours. Elle pensait pouvoir lui échapper. C’était mignon.

— Qu’est-ce que tu trafiques, tapi dans le parking ?

« Tapi » ? On pouvait voir ça comme ça, songea-t-il.

— Je venais te voir.

Elle le gratifia d’un sourire doucereux.

— Eh bien, tu m’as vue. Bye-bye !

Elle fit demi-tour, faisant remuer sa queue-de-cheval, et repartit dans l’autre direction.

Pour retourner dans l’hôpital.

D’un geste du poignet, il modifia son apparence, adoptant un jean, des santiags et un tee-shirt de stock-car, et fit passer ses cheveux mi-longs de noirs à bruns avant de se téléporter devant Blasphème, lui barrant une fois de plus la route.

— Peut-être cela te convient-il davantage ?

Elle le dévisagea d’un regard morne. À l’évidence, elle n’avait guère de penchant pour les péquenauds.

Il réessaya, optant cette fois pour des cheveux roux coupés court et un costume trois pièces d’homme d’affaires.

— Et comme ça ?

Ce qui lui valut la même réaction. Il se changea de nouveau en motard gothique branché et cessa de faire le mariolle.

— Viens chez moi.

— Waouh. (Elle croisa les bras, ce qui ne fit qu’attirer l’attention de Revenant sur sa poitrine. Jolie !) Droit au but, hein ?

Il haussa les épaules.

— Pourquoi perdre du temps ?

— Prévoyais-tu au moins de m’inviter à dîner avant ? Tu sais, avant de coucher avec moi ?

— Non. Juste de coucher avec toi. (Pendant des heures. Ou des jours entiers.)

Il entendait déjà en pensée son timbre sensuel devenir plus rauque alors que la passion l’étreignait. Il l’imaginait agenouillée entre ses jambes, la bouche sur son sexe, les mains sur ses bourses. Il gémit presque devant le film porno qui se déroulait dans son esprit.

— Oh, répondit-elle d’une voix dégoulinante de sarcasme. Charmant !

Personne ne l’avait qualifié de « charmant » au cours de ses cinq mille ans d’existence. Pas une seule fois. Même prononcé sur un ton sarcastique, c’était la chose la plus gentille qu’on lui ait jamais dite.

— Ne fais pas ça, gronda-t-il.

— Quoi donc ?

Elle le dévisagea comme s’il était un demeuré.

— Laisse tomber. (Brûlant de la toucher, il tendit la main.) Tu vas adorer ma salle de jeux.

Elle s’écarta de lui d’une virevolte comme s’il venait de lui offrir une fiole de poison.

— Va au diable, connard ! Je ne sors pas avec des anges déchus.

— Bonne nouvelle, puisqu’il ne s’agit pas d’un rencard.

Et qu’il n’était pas un ange déchu.

— Exact. Eh bien, je ne baise pas non plus avec des anges déchus. (Elle le chassa d’un geste de la main.) Fiche-moi le camp !

Elle le rejetait ? Personne ne le rejetait. Personne ! Ayant été élevé dans des geôles, avec des spécialistes de la torture et des bourreaux comme camarades de jeux, il n’avait pas vraiment appris l’art de la séduction ni même de la conversation courtoise. Mais le sexe… ça, c’était une langue qu’il parlait couramment.

Elle entreprit de nouveau de s’éloigner, et il cligna les yeux, décontenancé. Ce n’était pas normal. Il avait décidé qu’il la voulait et elle était censée se rendre. Voilà qui était inédit. Et… émoustillant. Son désarroi se mua en une sensation qu’il accueillit volontiers et qu’il connaissait bien : l’excitation fébrile procurée par la chasse.

Aussitôt, ses sens s’affûtèrent et se focalisèrent sur la cible. Il flaira le parfum sucré qui émanait de Blasphème, un mélange de vanille et de miel. Son ouïe perçut les palpitations rapides et fortes de son cœur. Et sa vue aiguisée, les battements de son pouls au creux de sa gorge.

Le désir impérieux de se jeter sur elle et de l’allonger par terre pour la prendre à même le sol l’assaillit, mais il se contenta d’approcher lentement, avançant vers elle d’autant de pas qu’elle reculait.

— À quoi tu joues ?

Elle déglutit lorsqu’elle heurta une grosse poutre.

— Je vais te montrer pourquoi tu dois m’accompagner chez moi. (Il appuya les paumes sur la poutre, de part et d’autre de sa tête, et se pencha vers elle de sorte à frôler des lèvres la douce peau de son oreille.) Tu ne le regretteras pas.

— Je te l’ai déjà dit. Je ne baise pas avec les anges déchus.

— J’ai entendu, chuchota-t-il. Est-ce que tu les embrasses ?

— Ah… non, je…

Il ne lui laissa pas l’occasion de terminer sa phrase. Il recula légèrement et plaqua la bouche sur la sienne.

Le goût du gloss à la fraise envahit ses lèvres quand il l’embrassa. Bon sang, il n’avait jamais autant aimé les fruits qu’à cet instant !

- Tu l'as sauvé, coassa Blasphème.

- Comment tu as fais.

Il haussa les épaules.

- Je suis hyper puissant.

- Si jamais tu en as marre de ton boulot, je suis sur qu'Eidolon t'embaucherai, dit elle, ne plaisantant qu'a moitié.

Revenant se raidit.

- Je ne soigne pas, Blasphème. Je tue.

Revenant était un ange déchu sacrément dans la merde. Non, minute… un ange. Il avait simplement cru être un ange déchu. Pendant cinq mille putains d’années. Mais il n’était pas non plus un ange. En théorie, peut-être. Pourtant, comment un individu né et élevé à Sheoul, le royaume démoniaque que certains humains nomment Enfer, pourrait-il être considéré comme un ange pieux à l’auréole étincelante ? L’auréole, Revenant l’avait, mais elle ne brillait plus depuis longtemps, ternie depuis la première goutte de lait maternel qu’il avait avalée, mélangée à du sang de démon, alors qu’il n’avait que quelques heures. Cinq mille putains d’années. Cela faisait deux semaines qu’il avait appris la vérité et que les souvenirs dont on l’avait privé lui avaient été restitués. À présent, il se rappelait tout ce qui s’était passé au fil des siècles. En tant qu’ange, il s’était très, très mal comporté. En tant qu’ange déchu, il avait excellé. Question de point de vue.

En tant qu’Observateur sheoulien de ces derniers, Revenant était censé les surveiller. Mais depuis qu’il avait récupéré ses souvenirs, il avait évité les Cavaliers comme il avait évité leur père. Son frère. Reaver. Chaque fois qu’ils s’étaient croisés depuis qu’ils avaient recouvré la mémoire, ils s’étaient disputés, et les paroles que Revenant avait lancées au visage de Reaver lors d’une rencontre bien précise résonnaient encore dans son esprit. « Dès que j’ai appris ton existence, je suis venu à toi en frère. Mais tu n’as vu en moi qu’un ennemi et un démon. À présent, c’est tout ce que tu verras.