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-Tu sens le feu de bois Julien. Est-ce que tu as trouvé un peu de beauté? Tu sais ce que c'est, la beauté, oui?
-Tu vas me le dire.
-Et on pourra comparer alors.
François alluma une cigarette et souffla la fumée vers les tôles
-La beauté, c'est ce que tu gardes jusqu'à ton lit de mort.
-Il y a des gens qui meurent en haïssant la Terre entière.
-C'est vrai. Ils crèvent accrochés à leurs draps en grinçant des dents. Ou morts de trouille. C'est vrai. Alors disons que la beauté, c'est ce que tu dois garder pour bien mourir. Toi, tu dis que c'est quoi?
-Ce qu'on peut partager sans le découper en parts.
Afficher en entierLes plafonds étaient éclairés par des ampoules de mille watts. Les murs étaient blanchis à la chaux et à la javel. Le couloir était si grand qu’il se sentait réduit à la taille d’une souris, sortie dans la lumière par le trou d’une plinthe.
Au milieu du no man’s land hyper blanc, régnait le blockhaus de verre et d’acier des gardiens de nuit, citadelle Vauban inexpugnable, tout en angles d’attaque et mortellement transparent.
Mais les héros et les toxicomanes ne renoncent jamais.
Deux options se présentaient pour déjouer la surveillance. Ramper sur le carrelage en attendant le bon moment, ou sortir par la fenêtre du couloir B, courir sur l’herbe entre les massifs et remonter par la gouttière jusqu’à la fenêtre.
Deux options de guerre indienne, qui portaient en elles les germes de l’humiliation et de la défaite. Mais il avait l’intelligence requise pour cette mathématique du choix.
Parti de sa chambre entre vingt-trois heures et minuit, un schizophrène paranoïaque rampe devant le box des infirmiers, il atteint une fois la chambre du premier étage, deux fois est pris sur le fait et enfermé trois jours, sanglé à un lit.
Parti de sa chambre entre vingt-trois heures et minuit, choisissant de passer par la fenêtre du couloir B et le jardin, le même schizophrène atteint une fois la chambre du premier, une seule fois est surpris par le personnel médical, en train de se laver sous un robinet du système d’arrosage.
Une vérité statistique éclatante : nul gardien n’échappe à la surveillance qu’il exerce.
Il tourna à quatre pattes dans le couloir B.
Les voix des infirmiers s’atténuaient à mesure que s’éloignait le poète.
Le mépris qu’ils avaient ici pour sa race !
Il lécha deux fois, de la pointe de la langue, les joints des quatre côtés d’un carreau de carrelage blanc, se gargarisa de salive et de produit de nettoyage antibactérien, puis, immunisé, il ouvrit la fenêtre et sauta dans la bouche de noir.
Afficher en entierPersonne ne sait si Patrick Krauss est riche ou poursuivi par des brigades financières.
"Quelle différence est-ce que ça fait? dirait-il
Etre riche c'est avoir de la gueule. Une négociation entre les taux d'intérêt et ton taux d'endettement.
La seule chose que tu dois dire, quand tu as une coupe de champagne à la main, c'est: On ouvre trente nouveaux magasins pas an."
Afficher en entierQuand les pilotes perdent connaissance en chutant, ils ricochent comme des poupées de chiffon; bras et jambes ne sont plus articulés: muscles, tendons, ligaments et tissus conjonctifs deviennent du latex hyperlaxe. Le cerveau fait du corps son airbag. Parce qu'une résistance à l'énergie qui traverse le squelette provoquerait plus de dégâts. Le cerveau fait sauter le tableau électrique, choisit de se débarrasser des membres et de la moelle épinière. Il ne garde qu'une cage thoracique pas trop enfoncée, dedans un cœur et du sang pour l'irriguer.
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