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_ En plus, ajouta Ichiro, c'était une caravane amphibie.
_ Pourquoi ?
_ Parce qu'avec sa caravane, il vous a rudement mené en bateau ! répondit Ichiro d'un ton gentiment moqueur.
Le commissaire sourit.
Afficher en entierIchiro pouvait facilement imaginer pourquoi elles avaient toutes répondu à l’invitation. L’art floral japonais est dispersé en plusieurs milliers d’écoles, mais il y a trois grandes rivales – Higashiryu, Kyoryu et Shinryu – qui comptent chacune plus d’un million de pratiquants. Au-delà de l’art d’arranger les fleurs, ce sont des organisations très puissantes. Il était évident que la caution de la fille du vice-président des États-Unis pouvait se révéler un élément de publicité non négligeable. Leur présence ce soir s’expliquait également par les liens étroits qu’elles entretiennent avec le monde politique, notamment avec le parti libéral conservateur au pouvoir. Par le soutien qu’elles peuvent apporter à certains candidats lors des campagnes électorales, pour le Sénat notamment, elles sont un élément important de la vie politique japonaise. Ichiro savait par exemple que l’ancien ministre et député Oki, qui dirigeait le clan auquel appartenait son oncle, était régulièrement élu grâce au soutien de l’école Higashiryu.
Afficher en entierJeune, belle et élégante, elle était un modèle splendide pour les photographes qui formaient sans cesse cercle autour d’elle. Il constata avec étonnement que de nombreuses personnes s’approchaient de la jeune fille pour lui dire quelques mots et lui serrer la main. Il y avait certainement des gens très connus parmi les invités de ce soir, mais Ichiro se sentait complètement étranger à ces mondanités. Il pensa qu’elle aussi devait s’ennuyer. En tout cas, elle remplissait consciencieusement ses devoirs de fille de vice-président, et prodiguait de bonne grâce des sourires à tous les Japonais qui défilaient devant elle. Il remarqua cependant que, lors d’un bref moment de répit, elle avait mis sa main devant la bouche pour dissimuler un petit bâillement. Il sourit, rassuré.
Afficher en entierLe lendemain, le premier ministre donnait une réception en l’honneur du vice-président dans sa résidence officielle en présence de tous les membres du Cabinet, ainsi que de nombreux invités. Un nombre à peu près égal de journalistes, de photographes et de cameramen avaient envahi le grand salon.
Ichiro, en tenue de gala, avait été invité au titre de « secrétaire du ministre des Affaires étrangères ». Chérissant avant tout sa liberté, il se sentait à l’étroit tant dans son costume que dans ses fonctions officielles.
Afficher en entierAprès avoir lu, d’une voix assurée, une brève allocution, Luis Turner entreprit de serrer les mains des officiels et des hommes d’affaires alignés en rang d’oignons devant lui.
Relégué en bout de file, Ichiro Hamaguchi fut le dernier à être présenté à Miss Catherine ; après plusieurs années passées à l’étranger, les petites subtilités hiérarchiques de la société japonaise lui importaient peu ; il constata d’un air amusé que son oncle prenait bien soin de le présenter comme son secrétaire particulier.
Afficher en entierIl s’était finalement rabattu sur son neveu Ichiro Hamaguchi. Paradoxalement, il n’y avait aucun népotisme dans ce choix. Ichiro Hamaguchi, âgé de trente ans, était justement revenu l’automne dernier de l’université de Columbia, où il avait étudié pendant plusieurs années. Il était doté d’un physique d’athlète qui lui permettrait éventuellement de jouer le rôle d’un garde du corps ; de plus, sa bonne connaissance de la langue et de la société américaines ferait de lui un compagnon agréable. Du point de vue protocolaire, la seule inquiétude résidait dans la personnalité un peu trop indépendante du jeune homme.
Afficher en entierLe problème de la sécurité de Miss Catherine mettait le ministre des Affaires étrangères à la torture. Comme elle avait vingt ans, il ne pouvait pas la flanquer en permanence de quatre gorilles et, en même temps, il était évident qu’une protection rapprochée s’imposait pour la fille du vice-président des États-Unis.
Il avait envisagé plusieurs solutions.
Afficher en entierLes flashes crépitèrent de plus belle.
La fille unique du vice-président des États-Unis s’appelait Catherine et préparait une licence à l’université de Columbia. L’année précédente, sa beauté lui avait valu le titre de Miss Université. La rumeur disait qu’elle était la seule personne pour qui son père, homme de pouvoir à l’intelligence froide et calculatrice, éprouvait une affection réelle.
Afficher en entierLe ciel était couvert et il faisait encore froid. Un point noir apparut au-dessus des nuages et grossit rapidement ; bientôt un Jumbo Jet se posa magnifiquement sur la piste en faisant trembler l’air dans son sillage.
L’avion présidentiel, arborant les couleurs du drapeau américain, pivota lentement, puis, réduisant progressivement la puissance de ses moteurs, vint se ranger devant le hall réservé aux invités d’honneur.
Afficher en entierEn ce mardi 5 février, une tension extrême régnait sur l’aéroport international de Tokyo.
L’avion qui amenait le vice-président des États-Unis, futur candidat à la Maison Blanche, devait arriver à quatorze heures quarante.
— Encore cinq minutes, murmura un secrétaire à l’oreille du ministre des Affaires étrangères japonais.
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