Ajouter un extrait
Liste des extraits
Le cœur battant, toute rose et resplendissante de bonheur, Louise poussa la porte de l’auberge, entra et failli lâcher le bidon. Il était là ! Non point cantonné au fond de la salle, dans le coin du billard, mais debout devant le zinc. Seul, absolument seul dans la grande pièce, il déjeunait d’un bol de café dans lequel il trempait une tartine beurrée large comme la main.
Ils se regardèrent intensément pendant quelques secondes et elle sut, avec certitude, qu’il avait plaisir à la revoir. Elle chercha quelque chose à dire, ne trouva rien et lui adressa un simple signe de tête.
Afficher en entierVous deux, rien qu’à vous regarder, on sait que vous êtes comme les doigts d’une main ; mieux même, comme les yeux d’un visage, l’un ne tourne pas sans l’autre.
Afficher en entierJean-Edouard ferma le registre d'état-civil, puis farfouilla sur son bureau et tendit une circulaire au docteur :
- Tenez, au lieu de payer les pensions aux veuves de guerre, voilà ce qu'ils inventent, ces imbéciles ! Tout ce texte pour me rappeler une fois de plus qu'il faut économiser la lumière et avancer les pendules d'une heure ! A quoi ça sert, toutes ces couillonnades ?
Afficher en entierJean-Edouard hocha la tête d'un air mécontent : il lui déplaisait de devoir reconnaître que Léon avait bien agi.
- Mais alors, dit-il soudain, s'il est parti lui aussi, il n'y a plus du tout de jeunes dans la commune ! Plus que des vieux comme nous ?
- Et oui ! Rien que des vieux…
- Qu'est-ce qu'on va devenir ? Vous y pensez aux vendanges, aux labours, aux semailles, à tout ? Comment on va travailler tout ça ?
- Avec les femmes, mon pauvre, avec les femmes. Il faut se faire à cette idée : si cette guerre persiste, et je le crains de plus en plus, ce sont les femmes qui vont prendre la place des hommes. Partout. Dans tous les champs, dans toutes les fermes…
- Ca ne s'est jamais vu ! protesta Jean-Edouard. Bon sang, il y a eu d'autres guerres, et jamais on n'a vu ça ! Vous imaginez des femmes en train de labourer ? Passe encore pour les moissons et les bricoles, mais labourer ! Allons donc ! Cette guerre ne va pas durer, parce que d'un côté comme de l'autre on a besoin d'hommes pour travailler la terre, pour produire. Quand le blé manquera, il faudra bien qu'ils l'arrêtent, leur foutue guerre, ou alors ils crèveront de faim ! Voilà ce qui va se passer, et vos histoires de femmes aux labours, c'est pas pour demain, ça ne s'est jamais vu !
Afficher en entierIl hocha la tête, mais se reprit très vite :
- Huit mille francs, c'est bien, mais comme terre ?
- Pas de terre.
- Comment ça, pas de terre ? Ferait beau voir !
- Rien, pas une cartonnée. La terre, ça ne se découpe pas, ça se garde, et c'est pas pour demain qu'une parcelle des Vialhe quittera la famille ! Le trousseau, huit mille francs, la fille, rien de plus.
Afficher en entierLe village s'éveillait et, de toutes les étables, celles donnant sur la grand-rue et celles des sept ruelles, provenaient les bruits familiers : meuglements sourds des vaches appelant leur veau, chant du lait dans les seaux, raclement des fourches sur les dalles, criaillement des cochons affamés, caquetage des volailles déjà en quête sur les tas de fumier chaud, douces plaintes des brebis et des chèvres.
Les maisons s'ouvraient en de grands claquements de volets et de lourdes volutes de fumée sortaient des cheminées ; l'air sentait le feu qu'on rallume, la bourrée et le genêt sec.
Afficher en entierIl y a deux choses auxquelles il faut se faire, sous peine de trouver la vie insupportable : ce sont les injures du temps et les injustices des hommes.
SEBASTIEN CHAMFORT
Afficher en entierLe village s'éveillait et, de toutes les étables, celles donnant sur la grand-rue et de celle des sept ruelles, provenaient les bruits familiers : meuglements sourds des vaches appelant leur veau, chant du lait dans les seaux, raclement des fourches sur les dalles, criaillement des cochons affamés, caquetage des volailles déjà en quête sur les tas de fumier chaud, douces plaintes des brebis et des chèvres.
Afficher en entierIls abandonnèrent le chemin encaissé et l’abri de ses ronces épaisses. Le vent d’est leur sauta au visage, griffa leurs joues et cingla leurs jambes nues ; des larmes froides et piquantes perlèrent entre leurs paupières plissées.
Afficher en entierIls étaient là parce qu'ils étaient heureux de se retrouver, comme jadis, sous son toit. Heureux de prouver que l'entraide et le bon voisinage avaient raison de tout. Cela, oui, c'était la vraie leçon, mais elle n'était pas humiliante.
Afficher en entier