Extraits

Je plaque mes mains sur mon visage et j’essaie de me délivrer de toutes ces pensées qui me happent comme des sables mouvants. Chris... Ses mains, ses lèvres... Je commence à sentir comme des baisers qui caressent ma bouche. Je me sens enveloppée dans des frissons de désir. La thèse est bien loin maintenant... Ma respiration est plus profonde. J’ai mille images dans la tête. Son regard vert et or me pénètre. Mes mains passent doucement sur mes bras, en lente caresse. J’ai les yeux fermés et je suis en train de partir complètement...

Soudain, j’ai un sursaut.

Stop ! Ce n’est pas sérieux.

Je me lève immédiatement de ma chaise et je cours à la salle de bains. J’ouvre les robinets d’eau froide et je me passe le liquide glacé sur le visage. Ah, ça réveille ! Je souffle, je respire. Ça a l’air de marcher. Mes ardeurs semblent se calmer. Où en étais-je ? Ah oui, la modification des façades béton en verre triple épaisseur...

– Oui Lucie. J’ai une grande nouvelle. Tu as probablement entendu parler de l’appel à projet pour l’opéra de Miami ? Et bien j’y participe !

– Oh Jack, mais c’est formidable ! Je suis très heureuse pour toi.

Mais un accès de mélancolie me prend alors. Il n’y a donc que moi qui ne vais nulle part ?

– Mais, Jack, j’y pense, tu ne peux pas participer en ton nom. Il te faut un cabinet.

– Effectivement, je compte en créer un.

– C’est difficile.

– Oui, à moins d’être plusieurs...

– C’est vrai.

– Alors, Lucie ?

– Alors quoi ?

– Alors qu’en dis-tu ?

– Jack, arrête de parler par énigme, tu m’énerves !

– Lucie, tu ne comprends pas que je suis en train de te proposer de monter un cabinet d’architecte, toi et moi ? Le « Fratt & Lerner », qu’en dis-tu ?

J’en reste bouche-bée.

– Attention, Lucie, je te préviens juste qu’Elaine a également annoncé publiquement sa participation au projet de Miami...

– Lucie, mon amour, tu es là ?

– Chris, Chris ! Oh, j'ai eu si peur... Et déjà des larmes de soulagement inondent mon visage.

– Lucie, sois forte, je vais bien mais il faut que tu m'aides. Va au siège de mon entreprise à San Francisco et trouve un prétexte pour accéder à mon bureau. Je dois échanger ma libération à mes ravisseurs et je ne peux avoir confiance qu'en toi. Tu connais déjà l'une des pièces secrètes.

Je sens mes joues rougir à cette évocation.

Comme le contact de nos corps me manque à cet instant !

Mais la réalité reprend vite le dessus.

– Derrière le tableau, il y a un coffre, tu y trouveras une clé USB. Prends-la et attends des instructions, continue Christopher.

– Mais Christopher, je...

– Contacte le pilote de mon jet, il t’emmènera aux États-Unis. S'il te plaît, Lucie, ma vie dépend de toi... Je t'...

La connexion s'arrête alors subitement.

– Je t'aime aussi..., dis-je à l'écran redevenu noir. Mais je n'ai pas le numéro de ton pilote, ajoutais-je plus pour moi-même.

Une fois seule, l’extraordinaire odeur des fleurs embaume la pièce en un instant. Je ferme les yeux et me laisse emporter par l’enivrant parfum. Ça me rappelle quelque chose... Mais oui, bien sûr ! Ce sont les mêmes fleurs sauvages présentes en Indonésie lors de notre petite escapade sensuelle dans la nature... La douce fragrance me renvoie en un instant dans des souvenirs voluptueux. Je ferme les yeux quelques secondes pour y goûter discrètement, puis reviens au monde. Il sait indiscutablement dispenser certaines attentions romantiques...

Je descends à la réception pour aller dîner. Chris m’a dit qu’il ferait son possible pour m’accompagner ce soir. Arrivée au lobby, je souris car je le vois effectivement assis sur l’un des fauteuils de cuir, en pleine discussion avec un homme de dos. Je m’approche. Oh non ! C’est Alan Slyde ! Celui-ci tourne vers moi son long visage blanc et anguleux. Son expression ne change jamais : malsaine et désagréable. Je me demande toujours comment Chris peut travailler avec un type pareil tous les jours. Embringué dans des affaires louches sous couverture de la Lord Company, ça me dépasse que Chris puisse avoir un ami pareil, même si apparemment ils se connaissent depuis l’enfance.

Je ne peux m'empêcher d'admirer son allure si sexy lorsqu'il se retourne.Mais soudain il se fige.

-Quoi?Qu'est-ce qu'il y a, Chris?Un soucis?

-Non Lucie,c'est juste que tu es absolument splendide.

Je vais avoir du mal à te quitter des yeux, ce soir.

Je souris.J'ai revêtu pour l'occasion une belle robe rouge hyper sexy.

-Tu es gentil.

-Je ne suis pas gentil.Je dis la vérité.C'est tout.