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" Non ! Ce ne serait pas son destin ! Il n'avait pas perdu toute sa vie à étudier, seulement pour mourir avant même d'avoir vécu !
Il chargea Taron, l'esprit complétement vide, sauf que cela revint à vouloir frapper un mur de briques sans la moindre faiblesse, malgré une infime fissure dans le plâtre. Taron souleva Colin du sol, l'esquivant avec aisance pour éviter la collision et le jeta dans la cage. La tête de Colin heurta l'une des barres en acier, et le tremblement que cela provoqua l'amena à se mordre la langue. Du sang inondait sa bouche alors qu'il fixait le plafond en métal de sa prison, et Taron lui asséna un coup de pied. Il n'avait aucune chance de gagner ce combat. Dès qu'il fut entièrement entré, la porte se referma et le déclic de verrouillage d'un grand cadenas était aussi assourdissant qu'une condamnation à mort.
Taron haleta, cherchant à reprendre une bouffée d'air, avant de se laisser glisser le long du mur, se tenant le côté, là où le couteau ressortait. Au moins, la vue de sa douleur accorda à Colin un certain degré de satisfaction.
Ils se dévisagèrent mutuellement à travers les barres épaisses, dans un silence total."
Afficher en entier— H… Hey… Détache-moi…
Taron secoua la tête. Il était encore bien trop tôt pour ça. Il récupéra la corde passée sur la branche et caressa les cheveux sales de son prisonnier. Ouais, un autre lavage était nécessaire. En quelque sorte, cela lui rappela aussi Brazos. La créature sauvage était arrivée chez Taron avec une oreille à moitié arrachée, la fourrure emmêlée par des saletés, puis il était revenu après avoir réalisé que Taron serait un bon maître pour lui.
Afficher en entierTaron lui caressa paresseusement le dos et le contact tendre ressemblait à une chaîne invisible, beaucoup plus forte que la menace incarnée par le collier à électrochocs.
Afficher en entierLa morsure fut brutale et laisserait certainement des traces, ressemblant fortement à une exigence muette pour sa soumission, et non pas seulement à un geste destiné à lui causer une souffrance.
Afficher en entierIl n’y avait rien qu’il puisse faire pour éviter son contact. Il éprouvait le sentiment de n’être qu’une carcasse ouverte en deux, sur le point d’être dévorée crue.
Afficher en entierColin ne s’intéressait pas vraiment au cancer. Enfin, ce n’était le cas pour personne, à l’exception peut-être de ces crétins qui trouvaient le sujet fascinant et prolongeaient le cours d’un flot incessant de questions. Il s’affaissa sur son siège inconfortable et jeta un nouveau coup d’œil à l’horloge.
Il comprenait que le sujet était important pour un futur médecin. Il avait appris à tout enregistrer soigneusement, et il mémoriserait tout ce qu’il y avait à savoir en vue de l’examen, pourtant il aurait préféré avoir affaire à un sujet plus passionnant : des blessures, des brûlures, des os brisés… ces matières l’intéressaient davantage. Elles étaient plus concrètes et plus pratiques.
Afficher en entierColin n’avait aucune notion du temps, et soit Taron tardait plus que d’habitude à descendre, soit Colin commençait à se sentir anxieux à propos de sa solitude. Il ne parvenait même plus à déterminer à quand remontait la dernière visite de son ravisseur. Le grincement familier des charnières était un son qu’il saluait généralement avec enthousiasme, cependant aujourd’hui, il restait simplement assis là, fatigué bien qu’il n’ait pas fait grand-chose.
Afficher en entier« Cela te manquera-t-il d’aider les gens ? » Taron posa une main sur la cuisse de Colin et la massa, aspirant à la proximité d’une manière qu’il n’avait jamais envisagée auparavant. Il se figea lorsque Colin entrelaça leurs doigts et se mit à rire.
— Non. Je n’aime pas être entouré par trop de gens. De petits groupes, oui, mais c’est fatiguant d’être trop souvent autour d’eux. J’ai toujours été plus intéressé par la science que cela implique que par les gens eux-mêmes.
Afficher en entier— Alors, essayez de sonder votre esprit, ou votre cœur, cherchez à savoir ce que vous préférez, et modifiez légèrement les choses. Nul besoin de provoquer un grand bouleversement, alors que vous commencez seulement à vous éveiller. Méditez, mangez un autre genre de petit-déjeuner, portez un vêtement brillamment coloré, prenez un chemin différent pour rentrer à la maison.
Alors même que la voix qui sortait des haut-parleurs lançait cette proposition, les phares de la voiture de Colin révélèrent une bifurcation sur la route et son cœur se mit à battre un peu plus vite. Il choisissait toujours l’itinéraire le plus rapide, qui le menait droit vers l’autoroute afin d’arriver directement chez lui. Le panneau de signalisation suggérait que l'autre direction lui ferait traverser une petite ville où il n’était jamais allé, mais qui possédait également une connexion à l'autoroute. S'il choisissait de faire ce détour, il perdrait quoi ? Trente minutes ?
— Changez un peu les choses, répéta le narrateur, et Colin bifurqua rapidement, modifiant sa trajectoire pour suivre le conseil.
Pourquoi pas après tout ? Personne ne le saurait à propos de ce coup de tête de toute façon.
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