Deux jours à tuer

C’est avec curiosité que j’ai lu le roman de François d'Épenoux après avoir été scotché par l’adaptation cinématographique, brillamment réalisée par Jean Becker. A ma grande surprise, le livre est encore plus cru que le film. La noirceur d’Antoine et la profondeur du personnage sont davantage exacerbées dans le roman qui laisse souvent la part belle à des dialogues tranchants et qui ne manquent pas de répartie. Les passages narratifs posent une vraie ambiance, servie par une plume qui oscille entre émotion et violence.

J’ai beaucoup apprécié la figure de l’araignée qui fait des apparitions aux moments clés du livre. Vivant également dans une banlieue huppée des Yvelines, je n’ai eu aucun mal à me projeter dans l’environnement et à imaginer les villages décrits, plus proches de la Normandie que de Paris. Peut-être l’ai-je trop pris personnellement mais j’ai vu dans ce livre une ode à cette belle banlieue éloignée des Yvelines, qui rétablit une certaine vérité tout en cassant des clichés qui ont la dent dure sur la banlieue parisienne.

Pendant ma lecture, je n’ai eu de cesse de me mettre à la place d’un lecteur qui ne connaît pas le fin mot de l’histoire. Sans jamais tomber dans le pathos et sous couvert de circonstances atténuantes, François d'Épenoux livre une autre lecture de ce qu’est la vie ou du moins de la façon dont il est possible de l’interpréter lorsqu’on se trouve aux portes de la mort. Car même en sombrant dans la folie et en devenant profondément cruel avec tous ceux qui l’aiment, le personnage d’Antoine semble gagner en lucidité sur l’existence et sur de nombreux sujets de société (cf. l’incroyable diner d’anniversaire).

C’est peut-être pour ça que j’ai aimé « Deux jours à tuer », pas tant pour son histoire et certaines scènes aux rebondissements parfois rocambolesques mais davantage pour la réflexion et la profondeur qui l’accompagnent. C’est quand il devient mortel que l’homme saisit toute sa chance, gagne en humilité et en clairvoyance.

Plus intense et plus échaudé que son adaptation au cinéma, ce roman contient à la fois une belle histoire, une vraie intrigue et un message fort.

Livre assez court mais qui est franchement déroutant, les actes que fait le personnage principal et la raison sont surprenant, et surtout pas compréhensible d’un point de vue moral.

C'est le livre de l'extrême. On peut comprendre la phylosophie de la démarche, mais cela ne sert à rien. Il faudra faire son deuil et les mauvais souvenirs des deux dernières années (où l'époux tente de détruire tout son bonheur familial et l'amitié portée aux copains de toujours) ne feront que rendre ce deuil plus difficile encore, surtout lorsque la vérité éclatera et qu'elle sera presqu'impossible à accepter. Ce livre se lit en deux heures.

Impossible de rester insensible à cette descente et cette chute brutales.

On reste en apnée pour évoluer avec le personnage principal, on l'aime, on le déteste, pour mieux comprendre à la fin son désespoir.

Et son choix...

J'ai découvert « Monsieur d'Epenoux », comme j'aime à le nommer, au salon du livre de Paris 2012. La conférence à laquelle j’ai assistée ne portait même pas sur ce livre.

Et pourtant, « Monsieur d’Epenoux » a eu le malheur de prononcer ces quatre mots fatals : Deux jours à tuer. TUER. Tuer quoi ? Tuer qui ? Il n’en fallait pas plus pour m’intriguer.

Je n’ai donc pas tardé à ouvrir ce petit bouquin. Bien m’en a pris.

Ce livre est une merveille, un énorme coup de cœur. Le récit qui est fait de la vie d’Antoine est simple, vrai, et émouvant. « Monsieur d’Epenoux » utilise des mots forts. Ce sont des mots qui touchent, qui m’ont sérieusement touché, si bien que ce petit roman d’une centaine de pages est pour moi une découverte que je n’oublierai pas de si tôt.