Extraits

Ça y est, c’est la fin. Je le sens. Une bête s’approche. Elle va me dévorer. J’entends ses pas lourds qui écrasent la neige. Je suis si faible. Je ne peux plus bouger. Tous mes gestes sont insupportables, pareils à de multiples lames de couteau me sciant la chair. Jack Dawson dans Titanic avait raison : mourir de froid est horrible !

— Mademoiselle ? Je… Vous m’entendez ?

Je dois halluciner. Oui, c’est une hallucination. Cela ne peut en être autrement. Comment serait-ce possible qu’une personne se balade en pleine forêt la nuit du réveillon de noël ?

Je lève les yeux sur mon mirage, cet homme, persuadée qu’il va se dématérialiser et laisser place au noir qui m’entoure.

— Mademoiselle ? Vous allez bien ?

— Oui… Je pète la forme, ironisé-je, malgré le désespoir qui m’a envahie. Je suis sur une plage aux Bahamas en train de siroter un succulent cocktail et bronzer sous un soleil tropical. Ça ne se voit pas ?

Je veux rajouter « Idiot ! », mais je m’abstiens. À quoi bon m’en prendre à ce pauvre type ? Puis, il s’agit peut-être du tueur en série de tout à l’heure. Oui, après tout ? Que fait-il ici ? Me suivait-il ? A-t-il attendu que je m’épuise pour me sauter dessus ?

— Levez-vous. Je vous aide.

L’homme au regard toutefois bienveillant me tend une main. Si c’est une hallucination, est-ce à ce moment qu’il va s’évaporer ? Autant le savoir tout de suite. Je le scrute, incertaine. Je finis par rassembler le peu de forces qu’il me reste et me saisit de sa main, une main forte et ferme, des doigts doux et chauds qu’il vient de retirer de ses gants.