Extraits

1485, pays de Galles

Rob scrutait le visage de la jeune fille qu’il aimait, y cherchant en vain la plus infime trace d’émotion.

— Vous ne pouvez parler sérieusement, Melissa. Je vous en supplie, dites-moi que ce n’est pas vrai !

Mais Melissa poursuivait sur sa lancée, le regard fixé sur un point invisible au-dessus de l’épaule de son interlocuteur :

— Vos assiduités m’importunent, Robert de Melford. Je n’ai jamais eu la moindre intention de vous épouser.

— Mais… Hier encore vous juriez que vous m’aimiez, rétorqua Rob, indigné. Nous avons ri ensemble, vous m’avez embrassé et supplié de venir chez vous aujourd’hui pour demander votre main à votre père…

Il insista, enfonçant ses doigts dans la chair tendre du bras de Melissa :

— Et maintenant, vous prétendez ne plus vouloir m’épouser ? Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ? Parlez, Melissa, je vous en supplie.

Il était si beau dans son élan de passion que, l’espace d’un instant, Melissa sentit sa volonté faiblir. Mais, Dieu sait comment, elle parvint à se ressaisir.

— Je jouais la comédie, décréta-t-elle sans ciller. Comment avez-vous pu être assez sot pour croire que j’accepterais d’épouser un homme de votre sorte ? Moi, la fille d’un seigneur riche et puissant, épouser le fils d’un simple chevalier ?

Elle rit, d’un rire aigu et mal assuré qui sonna horriblement faux à ses propres oreilles. Puis elle décocha la dernière flèche :

— Et vous pensiez que je vous aimais ! Quelle présomption ! Quittez cette maison, Robert de Melford, et n’y remettez jamais les pieds.