Extraits

La vérité est malsaine, elle me ronge de l’intérieur, car l’homme qui occupe mes pensées est un fruit défendu que la morale condamne.

Ma queue de cheval, noir jais, fouette mon épaule quand je me retourne pour faire face à mon reflet. Des yeux gris, dépourvus de sensibilité, rencontrent un corps anesthésié de tout sentiment. Mes courbes rachitiques contrent mon opulente poitrine dont je devrais être fière, mais ce n’est pas le cas. Je maudis ce décolleté généreux, bordé dans son balconnet écru, d’avoir, un jour, attisé la convoitise du diable lui- même, parce que c’est de ça dont il s’agit.

* Imagine-moi entre tes cuisses...

À la lecture de ce dernier message, mon excitation est à son maximum. Je n’en peux plus. Il faut que je le trouve.

— Le nom du purificateur a été donné par la presse de l’époque en corrélation avec son mode opératoire.

Flagellation, mains ligotées mimant l’acte de prière et enfin coup de poignard dans le cœur.

— Baiser une fliquette, j’adore ça.

Un nez aquilin frôle la naissance de mes seins. Mon chemisier noir n’est plus une barrière suffisante pour me protéger de la moiteur de sa peau. Il insiste et descend encore plus bas. Mon nombril accueille sa langue lancinante. Je me consume de savoir qu’elle m’apportera le petit plus qui préservera mon âme le temps d’un aparté.

Qui aurait cru qu’un jour je laisserais un dealer de bas étage de 20 ans me baiser dans une salle de bain miteuse ? Pas moi, ou du moins, pas la meilleure partie de moi. Mais ce n’est pas d’elle qu’il est question...

Plus le temps passe, et plus ma noirceur s’affirme. Elle prend le dessus sans que je ne puisse la combattre.

Je suis une pécheresse et je le resterai jusqu’à ce que la mort me prenne.

— Ferme-la et baise-moi.

Le dealer s’exécute. Il dégage mon jean troué et, muni d’un préservatif, il me pénètre. Un râlement résonne dans la pièce. Un pied sur le rebord de la baignoire, je stabilise mon corps secoué par ses butées insignifiantes. Ses lèvres se font insistantes, elle cherche ma bouche, mais je lui refuse. Son odeur me déplaît, je ne veux pas voir son visage et encore moins qu’il me touche. Je veux juste fermer les yeux et penser à un autre. Penser à mon amant de longue date qui ne l’est plus aujourd’hui.