Extraits

𝒞𝒾𝓉𝒶𝓉𝒾𝑜𝓃𝓈 :

✏ « Il y a bien longtemps que, moi-même, je ne m’exprime plus que pour l’essentiel. Parler, c’est donner les armes pour se faire blesser. »

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✏ « Pourquoi faut-il que je me sente aimée pour exister ? »

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✏ « Comment lui expliquer ? Comment lui dire que j’aimerais devenir invisible aux yeux des autres ? »

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✏ « Tu es ballottée entre deux eaux sans jamais exister vraiment. »

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✏ « Les liens du sang sont une chose, mais c’est à nous de créer notre famille de cœur, à toi de t’ouvrir aux autres pour la créer. »

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✏ « Joe me dit souvent que ce n’est pas la durée, mais l’intensité d’une relation qui fait qu’elle marque notre existence à jamais. Aujourd’hui, je me rends compte de la véracité de ces paroles.

Je progresse à petites foulées, ne voulant pas me faire repérer par les occupants du camion, quand je la vois assise derrière un grillage, les pieds dans le vide, fixant le sol plusieurs mètres plus bas, en tout cas, assez loin d’elle pour qu’elle puisse s’y fracasser la tête. Je cours à m’en décoller la plèvre. Moi qui la pensais dérangée, voilà qu’elle est réellement suicidaire. Qui se tiendrait si nonchalamment au bord de la roche si ce n’est pour se foutre en l’air ? La pente met à rude épreuve mon coeur avec ces températures si basses. Chaque bouffée d’oxygène qui pénètre dans mes poumons me brûle, augmentant ma colère de devoir m’occuper d’elle alors que mon attention devrait se porter sur ce camion qui est peut-être un cheval de Troie. Je me jure intérieurement d’arrêter la clope quand je contourne enfin l’église et entre dans une aire de jeux. Je cherche le passage dans la clôture qui lui a permis d’accéder à la roche. Je deviens presque hystérique en pensant que je vais peut-être arriver trop tard et j’en perdrais presque mes moyens. Moi qui ai combattu des fanatiques imprévisibles, me voilà mis en porte-à-faux par une gonzesse. La rage me prend alors qu’enfin je trouve le trou dans le grillage et m’y enfonce. Elle est calme à fixer le Saint-Laurent. Je ne suis plus qu’une boule de nerfs quand, sans prévenir, je l’empoigne sous les aisselles, la soulève et la bascule sur mon épaule. Elle couine de surprise. L’opération était risquée, car j’aurais pu nous faire chuter tous les deux si sa réaction avait été plus violente. Je la pose à quelques mètres du trou grillagé. Ses yeux ronds comme des soucoupes me scrutent. Mais le maelström d’émotions qui me submerge ne me permet pas d’être calme.

— Avance !

— Mais…

— Putain, la brindille, ne me fais pas chier ! Avance !

Je la pousse sans douceur et elle s’exécute. Lorsque je franchis à mon tour la palissade, elle est déjà à plusieurs mètres comme si elle se pressait de me fuir. Je la rattrape en quelques foulées avant de saisir son bras durement. J’aimerais me contrôler, mais je n’y arrive pas. J’ai essayé la méthode douce alors que ce n’est franchement pas mon truc, mais cette gamine ne pige rien. Il est temps de grimper d’un niveau, elle veut mourir, OK. Si elle doit crever autant que je m’en charge moi-même.

Tout a démarré à l'écoute de cette chanson, dont je vous partage un extrait.

« Elle voulait faire la paix, avec son lourd passé

Elle s’est pris un billet, pour un endroit éloigné

On y’avait dit qu’c’était beau, les aurores boréales

Dans le ciel de Chibougamau, rien à voir avec Montréal

Elle s’est trouvée une vraie job, comme serveuse au Pub Royal

Elle s’est acheté une belle robe, se trouver cute ça fait pas de mal.

A tous les matins quand le soleil, se sortait la tête du lac

Elle remerciait un bout de ciel, que sa vie soit encore intacte

Que dans le chaos le fouillis, elle soit trouvée un coin de nord

Pour tranquillement refaire sa vie, enfin se fondre dans le décor »

Les cowboys fringants : Pub Royal