Extraits

Chapitre 4 :

"...

- C'est un grand lit. On ne se touchera même pas, ajouta-t-il.

Elle resta figée, certaine que même un éclair frappant le sol juste devant elle ne l'aurait pas fait remuer.

Il soupira longuement.

- Je m'appelle Reid, admit-il enfin.

C'était déjà une concession en soi. Il lui avouait son nom.

- Reid, dit-elle avec prudence tout en s'humectant les lèvres, promettez-moi que vous ne me...

- Je vous protégerai, Grace Reeves, s'empressa-t-il de lui promettre."

Chapitre 2 :

" ...

- Ça fait plaisir de te revoir parmi nous, déclara-t-il en l'observant de la tête au pieds. T'as l'air de péter la forme, mec. J'imagine qu'ils t'ont pas relâché pour bonne conduite ?

- Nan. Je me suis dit que ce serait plus facile si je me mettais en liberté inconditionnelle.

Zane et Rowdy s'esclaffèrent.

- Ah ! Ce bon vieux Reid !

- T'aurais pas pu choisir un meilleur moment pour revenir, lui dit son frère avec une étincelle dans le regard qui lui rappela l'enfant qu'il avait connu naguère.

Cela lui fit encore plus de mal au cœur.

- Ah ouais ?

...

Reid vit que la femme portait un hématome sur la joue, là où on l'avait frappée, et il en ressentit un profond dégoût.

Même dans cet état, il n'eut absolument aucune difficulté à la reconnaître.

Putain.

- Surprise ! exulta Zane en tendant les mains dans la direction de la prisonnière.

C'étaient eux... C'étaient eux qui avaient enlevé la fille du président."

" - Quoi ? Il est allé te voir ?

- Oui. Juste avant qu'on me relâche, confirma t-il. Je m'en fous de ce qu'il fera, je refuse de me tenir loin de toi.

Elle hocha lentement la tête avec des larmes plein les yeux.

- Tu as raison. Rien à foutre.

Il partit d'un grand éclat de rire et, sans qu'elle ait le temps de comprendre ce qui se passait, la souleva et la jeta par-dessus son épaule.

- Qu'est-ce que tu fais ? s'inquiéta-t-elle en lui martelant le dos.

- Je me dis que tu vas avoir beaucoup de mal à marcher dans l'herbe avec ces talons.

Elle refréna un gloussement joyeux et lui donna un coup dans l'épaule.

- Tu es au courant que le kidnapping est un crime fédéral?

- Je m'en suis déjà sorti une fois, répondit-il en avançant sur le terrain inégal et en pente. Qu'est-ce que tu dirais de Vegas?

- Hein ?

- On pourrait faire le trajet de nuit et se marier dans la matinée. Le président aura sûrement plus de scrupules à faire révoquer la gráce présidentielle pour son gendre.

Elle se raidit ostensiblement et devina que son silence avait dû l'inquiéter, car il s'arrêta et la reposa par terre.

Grace se mit à trembler, et Reid laissa échapper un juron, puis enleva son manteau pour le lui placer autour des épaules. Sous cette voûte constellée d'un nombre infini d'étoiles, il lui prit la main et la tint entre eux d'un air presque nerveux.

- Je sais que je ne te mérite pas...

- Tu mérites absolument tout, le contredit-elle vivement.

Sans lui lâcher la main, il posa un genou à terre dans la terre glacée.

- Grace Reeves, veux-tu m'épouser? Elle leva la tête vers le ciel illuminé de milliards d'étoiles dans une longue expiration, puis porta son regard sur lui et décela le même éclat dans ses yeux et dans son visage plein d'amour.

- Oui, répondit-elle en se penchant pour lui donner un baiser. On ferait bien de se dépêcher de partir avant que les services secrets découvrent que j'ai disparu une fois de plus.

- C'est comme si c'était fait, dit-il alors en se relevant avant de la soulever dans ses bras et de s'élancer sur la pente.

Elle ramena son visage tout près du sien et lui déposa de petits baisers dans le cou.

- On pourrait peut-être faire une étape dans un hôtel avant de prendre la route pour Vegas, avança-t-elle.

Il baissa la tête pour attraper ses lèvres sur les siennes dans un baiser bref mais intense.

- C'est tentant, mais oublie tout de suite. La prochaine fois que je te ferai l'amour, tu seras ma femme. Alors, quand les men in black nous rattra peront, je brandirai un certificat de mariage pour leur clouer le bec, dit-il en déposant des baisers sur sa joue jusqu'à son oreille. Je ne laisserai plus jamais personne t'emmener loin de moi.

- J'aime bien ton plan, répondit Grace en souriant.

Plus que cela, c'était un plan sur la comète qui lui allait parfaitement et qu'elle n'aurait jamais cru voir se réaliser pour elle. Jamais elle n'avait eu le courage de chercher à s'approprier un tel rêve, jusqu'à ce jour, jusqu'à lui-jusqu'à ce qu'il fasse naître en elle ce courage, et tout cet amour.

Ce n'était plus un rêve à présent, mais la réalité. Une réalité qui leur appartenait. "

Elle passa en revue les différentes options qui s’offraient à elle. Elle pourrait se glisser hors du lit lorsqu’il serait endormi, puis récupérer les clés du van et tailler la route. C’était jouable, sauf qu’elle ne savait pas où il avait pu ranger les clés.

Ce fut à cet instant que sa voix grave s’éleva dans la pénombre.

— Ah ! Juste au cas où vous auriez dans l’idée de tenter une nouvelle fois de vous enfuir…, commença-t-il avant de se redresser dans le lit et de repousser la couverture.

Grace sentit un courant d’air sur ses jambes nues. Soudain, il lui attrapa le pied, lui tirant un cri de frayeur, et lui passa quelque chose autour de la cheville.

— Qu’est-ce que vous faites ? s’enquit-elle en se redressant à son tour pour voir ce qu’il manigançait.

Elle sentit quelque chose lui enserrer la cheville, puis il pivota légèrement pour atteindre son propre pied.

— J’attache nos chevilles ensemble. Voilà, dit-il en se rallongeant, appuyé sur un coude.

Il leva ensuite la jambe et souleva par la même occasion celle de Grace, qui put voir l’écharpe écossaise par laquelle ils étaient attachés l’un à l’autre.

— Non, mais vous plaisantez, là ? s’insurgea-t-elle en levant brusquement les yeux sur lui.

— J’ai le sommeil léger. Je le sentirai si vous essayez de défaire ce nœud.

— Vous allez me faire sortir d’ici ?

Il sembla sur le point d’esquisser un petit sourire en coin, mais retrouva bien vite sa gravité imperturbable.

— Ce n’est pas ce que je vous ai promis.

— C’est exactement ce que vous m’avez promis, le contredit-elle d’un air indigné. (Comme si elle était choquée par ce mensonge qu’elle considérait comme le pire abus qu’ils lui aient fait subir.) Vous avez promis de me protéger.

— En effet, et il ne vous est encore rien arrivé.

— « Encore » ? protesta-t-elle en haussant le ton. (Elle n’était, étrangement, toujours pas rassérénée.) Il me semble que la meilleure manière de me protéger serait de me faire sortir d’ici, comme vous me l’avez promis !

Il lança un regard par-dessus son épaule en direction de la porte, comme s’il s’attendait à voir quelqu’un faire irruption. Voyant que la porte demeurait close, il s’approcha d’elle.

— Faites-moi plaisir, princesse, grinça-t-il d’une voix menaçante. Dans notre intérêt à tous les deux, surveillez vos paroles et arrêtez de répéter que j’ai promis de vous protéger, si vous voulez me laisser une chance de pouvoir le faire.