Extraits

– La foudre peut être dangereuse, en effet. C'est indéniable. Mais c'est aussi d'une beauté stupéfiante, non ?

Je me pris à serrer ma main plus fort et à tenter de voir ces éclairs à sa façon. Je leur trouvais en effet une certaine majesté. Ils illuminaient la voûte du ciel, embrasaient les bandes nuageuses lugubres.

– Oui, admis-je au bout d'un moment, la peau parcourue d'un frisson.

C'était bel et bien magnifique. Comme c'était surprenant, comme c'était étrange !

Je lançai un coup d’œil à Tyrys et tressaillis. Ce n'était pas le ciel qu'il observait, mais moi. Ses cheveux étaient trempés, plaqués sur son crâne. De l'eau dégoulinait sur sa mâchoire carrée, ruisselait sans la fossette de son menton.

Une curieuse idée me vint : maintenant que j'avais appris à reconnaître la beauté, j'allais peut-être la déceler partout où elle se trouvait. Même dans un visage.

J'avalai ma salive et détournai le regard. La pluie continuait à nous assaillir, mais maintenant que mes craintes les plus vives s'étaient apaisées, je pris conscience d'autres sensations : ma robe lourde et trempée qui collait à mon corps, la peau chaude et moite de Tyrus contre la mienne. Du coin de l’œil, je vis ses lèvres qui se pinçaient, le début d'un sourire qu'il réprima vite.

“ Quand bien même on m'offrirait tout l'univers, j'aurais l'impression d'avoir tout perdu si je ne t'avais pas à mes côtés.”

_Vous êtes content, maintenant?

Son rire m'avait paru haletant.

-Et moi, je t'ai un peu blessée, au moins?

-J'ai mal aux doigts à force de vous tabasser

"J'avais eu l'intention d'en apprendre davantage sur les jeunes aristocrates afin de mieux protéger Sidonia. Au lieu de cela, j'avais attiré sur elle l'attention d'un dément de triste réputation, un fou qui avait le pouvoir de l'anéantir."

Extrait Chapitre 2

L'air détaché, il caressa le poignet d'Élantra. Je préférai détourner le regard. En effet, à quoi bon protéger Tyrus contre l'empereur si je finissais par l'assassiner moi-même ?

« Oui. Vous connaissiez votre but dans la vie. Et maintenant, vous ne savez plus où vous allez. Vous devez affronter la question qui se pose à nous tous : quel chemin dois-je prendre ? Que dois-je faire ensuite ? C'est terrifiant de se rendre compte que ce sont nos propres décisions qui façonnent notre destin. »

- Savez-vous pourquoi je tiens à prendre mes distances avec vous ?

demandai-je à voix basse. C’est parce qu’en vous unissant à Élantra, vous commettez une grave erreur. Certes, vous accéderez au trône, et vous gagnerez le soutien de votre grand-mère, mais vous n’aurez jamais confiance en elle, vous ne respecterez jamais votre femme, et vous ne dormirez jamais sur vos deux oreilles. Vous méritez plus que cela. Vous méritez mieux. Je ne veux pas assister à ce spectacle, alors ce serait pour moi un soulagement, un immense soulagement, Votre Éminence, de ne plus vivre sur le Chrysanthème !

Il revint vers moi, me saisit par les épaules et me regarda droit dans les yeux.

- En quoi cela t’importe-t-il ?

- Comment osez-vous me poser cette question ? m’emportai-je. Vous me traitez comme un être humain, puis vous vous détournez de moi, et vous vous comportez comme si je n’éprouvais pas le moindre sentiment ! Il faut savoir, Tyrus ! Est-ce si incompréhensible que je puisse vouloir le meilleur pour vous ? Que je puisse…

Je m’interrompis, horrifiée.

Ses doigts me serraient douloureusement.

- Quoi, Némésis ? Que tu puisses quoi ?

J’avais la gorge trop nouée pour parler. Des mots perfides cherchaient à s’échapper de mes lèvres.

Que je puisse vous aimez.

Soudain, la paroi de verre devant moi coulissa. Le deuxième couple était appelé sur la piste:le prime héritier et sa cavalière.

Moi.

je me sentais mal à l'aise car, malgré l'importance de l'occasion, Tyrus et moi n'avions pas répété. J'allais révéler que j'étais sa compagne et confirmer les rumeurs qui circulaient déjà sur nous; ce n'était pas le moment de me ridiculiser.

Alors que je tentais une nouvelle connexion, Gladdic entra. Je n'avais pas entendu l'annonce dans l'interphone.

- Sidonia, je suis sincèrement désolé, déclara -t-il, le visage mouillé de larmes.

Je le regardai, cet inconnu que j'avais l'impression de n'avoir jamais rencontré. J'expédiai un autre message. Cette fois, ils allaient forcément répondre.

- J'ignorais que ça allait se produire, reprit Gladdic. Mes parents étaient au courant, mais ils ne m'ont pas prévenu. Sinon je vous aurais avertie. Je vous le jure. Je vous en prie, il faut que vous me croyiez. Je suis là pour vous soutenir.

- Silence. C'est une sorte de jeu de la part de l'empereur. Rien de tout ça n'est vrai, grognai-je. Vous me dérangez.

Toujours pas de réponse de la part des Empyreé. J'envoyai encore un signal.

- Ecoutez-moi, je suis un héritier sénatorial, poursuivit Gladdic en s'approchant de moi, le regard pénétrant, insistant. Un jour, je serai libre de prendre mes propres décisions, et vous aurez alors un allié au sein de la famille Aton.

- Je me moque de la famille Aton. Vous racontez n'importe quoi. Je n'ai pas besoin d'un autre allié que le sénateur von Empyreé.

- Votre père est mort. Le sénateur von Empyreé, c'est vous, maintenant. Je suis navré.

- Silence, j'ai dit !

Il m'agaçait, à oser me soutenir que ce que j'avait vu était vrai et que l'empereur avait détruit la famille von Empyreé en mon absence. Que Sidonia avait péri, et que moi, qui avais pour mission de la protéger, de me sacrifier pour elle, je ne servais plus à rien. Comment pouvais-je être en vie si Sidonia était morte ? Ca ne fonctionnait pas ainsi. Si elle était morte, je l'aurai su. Je l'aurai senti. L'univers ne pouvait plus me paraître normal si l'unique raison de mon existence avait disparu.

- Allons vous êtes sous le choc.

Gladdic posa la main sur mon bras et tenta de m'écarter de la console.

- Vous devriez vous reposer. Nous pourrons parler de...

- Lâche-moi.

Ces mots m'avait échappé, mais soudain je n'éprouvai plus la moindre indulgence pour son opinion, ni la moindre envie de l'entendre.

Si SIdonia était morte, Gladdic m'était inutile. Rien ne me contraignait à rester courtoise. Et si les évènements étaient faux, comment osait-il prétendre le contraire et m'éloigner du tableau de contrôle ?

- Sidonia..., insista-t-il en tirant sur mon bras.

Je perdis mon sang-froid.

Je me relevai brusquement et lui donnai un coup de poing. Le craquement de son nez m'emplit d'une telle satisfaction que je revins à la charge, puis je le saisis par les cheveux et l'emmenai de force vers la porte.

- Qu'est-ce que vous faites ? Qu'est-ce qui vous prend ? Arrêtez ! Arrêtez ! hurla Gladdic en se débattant.

Je le mis à la porte.

Il prit son visage ensanglanté entre ses mains et me considéra d'un air interdit.

- Si tu revient, je te tue, le menaçai-je.

On vit alors une imposante station spatiale engloutie par une éruption de flammes. Une flotte de vaisseaux dévastée par une immense explosion.

Peu après, une projection horodatée de la veille montra la forteresse Empyreé.

Non.

Puis la forteresse explosa.

Je me levais d'un bond et manquai dégringoler de la tribune.

- Non !

Non, non, non. Ce mot tournait en boucle dans ma tête; ce n'était pas réel, ça ne pouvait pas se produire.

Pourtant, ce spectacle se déroulait sous mes yeux, cruel et effarant. La forteresse s'effondra sur elle-même, expédiant des débris vers la géante gazeuse que j'avais vue chaque jour de ma vie auprès de Sidonia.

J'assistais à la destruction de mon foyer - du foyer de Sidonia.

- Non, geignis-je d'une voix rauque.