Diane

Extrait n° 3 la bataille

Les chiens déchiquetèrent, écorchèrent, percèrent la chair de Cyllare à coups de crocs acérés comme les serres d’un aigle, aiguisés comme les lames d’un couteau. Il riposta à coups de coude, de poings, du poids de son corps, de ses sabots et surtout de sa rage, de sa lourde et invincible haine contre leurs maîtres, qui avaient osé leur livrer des enfants en pâture, en vue de préserver une ignoble dictature. Le peuple se mêla à lui, se faisant mordre, blesser, dévorer des parties du corps, tuer pour certains. Il pleura de peine et de fureur, contre cette injustice, pour ces hommes qui s’étaient réveillés, qui avaient embelli l’humanité, lui redonné toute son entièreté, sa valeur, sa chaleur, son cœur. Il ne devait pas défaillir, pas faiblir mais ils étaient en désavantage. Il ferait payer chèrement sa peau, se battrait jusqu’à son dernier souffle. Alors que le cercle bestial et broyeur prenait de l’ampleur, un éclair de foudre frappa, puis un deuxième, un troisième, annonciateurs d’une pluie de tonnerre, d’éclairs, mettant à mort les chiens.

Cyllare et ses alliés encore entiers levèrent les yeux vers le ciel, interrogeant silencieusement cette inexplicable providence. Ils virent alors, telles des fusées, des soldats chevauchant des pégases ailés, une corne tranchante au milieu du front, équipés d’épées dont les lames mortelles voyaient des éclairs graviter tout autour d’elles. L’hybride rebelle esquissa un sourire en coin. Les scientifiques qui l’avaient conçu n’étaient pas les seuls à s’amuser à la manipulation génétique. De toute évidence, les pro-Diane n’avaient rien à leur envier en équipements technologiques.

Toujours dans les airs, ils encerclèrent les cerbères, planant au-dessus de leurs multiples têtes, les foudroyant en même temps que les soldats de l’armée d’Hadès, certains succombant, non préparés, d’autres ripostant avec leurs boucliers, ainsi que des diffuseurs de fumée noire empoisonnée. Des néo-rebelles tombèrent par poignées mais les cavaliers du ciel étaient protégés, équipés d’un casque d’acier. Ils atterrirent, formant un rempart entre l’ennemi et le peuple en danger, le premier se retrouva assiégé. Les soldats noirs lancèrent des shurikens qui vinrent se planter dans les mollets des pégases, qui vacillèrent, du sang giclant sur la neige immaculée, éclatante de leur pelage, hémoglobine écarlate s’assombrissant et noircissant. Certains fléchirent, certains moururent mais leurs maîtres, pas suffisamment ébranlés, se protégèrent de leurs boucliers, continuèrent de foudroyer les défenseurs du dôme aseptisé, finirent par prendre l’avantage, l’effectif de sbires de la tyrannie en déclin diminua, le restant, affaibli, dépossédé et neutralisé, plia.

L’un des vœux les plus chers de Cyllare était en train de s’exaucer mais le second... il avait failli oublier Hélène. Comment avait-il pu ? Il essaya de la joindre sur son portable. En vain. Il se détestait. Sans elle pour voir ce monde nouveau, cet univers devenait moitié moins beau.