Dictionnaire de l'éloge, de la flatterie et du compliment

Tout semble, dans notre bas monde, prétexte à la célébration, à la surélévation, à la surévaluation, à la sanctification, au dépassement de soi et de notre condition. L'éloge élève celui ou celle à qui il s'adresse. Il magnifie au travers du discours comme à travers les choses muettes dont il serait le symbole avec la couronne, la tresse, le clocher, le dôme comme également l'eau, le feu en passant par les aromates, les parfums, les fleurs ou les objets de culte ou encore la mode, sans oublier ce qui met en valeur : le cadre, l'estrade, le piédestal comme jadis les cothurnes de la tragédie.

Le compliment, en deçà, serait le trait d'union entre cet univers unique et celui de la flatterie plus masquée, plus sournoise, plus intéressée et beaucoup plus efficace dès lors qu'elle s'adresse à la vanité d'un individu comme dans la célèbre fable du corbeau.

Bref, la flatterie quant à elle serait l'art de passer de la pommade avec la langue en toute servilité. À cul ouvert comme on disait au XVIIIe siècle. C'est à la fois l'art de se déshonorer avec la plus totale assurance et de rétinoler, de botoxer le puissant, le supérieur pour en obtenir quelques subsides, quelques avantages qui laisseront toujours sur sa faim.

Alors grâce à cette nouvelle édition à chacun de soigner son âme et celle des autres par la crème de l'éloge, l'onguent du compliment ou la pommade de la flatterie.