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"Il faut que je vous raconte un truc, pour planter le décor. Imaginez un peu ça : pile en face de l'ascenseur qui crache ses passagers dans notre petit service de mourants, il y a une harpiste. Je ne plaisante pas. Juste là, dans le hall, tous les jours de la semaine, cette vieille dame aux cheveux blancs, avec ses longues jupes bizarres, s'assied derrière cet énorme instrument qui sonne faux, et elle joue jusqu'à se mettre le coeur en charpie."
Afficher en entier- Ah! Non, tu es loin d'être extra." Il me lâche le poignet pour griffonner dans son dossier. "Pour tout avouer, tu es le patient le plus chiant que j'aie rencontré de toute ma vie."
Afficher en entierJe prends conscience tout à coup que ma mère doit passer quatre-vingt-dix-huit pour cent de son temps en larmes, et je me sens minable de m'amuser autant.
Afficher en entierÇa m'a pris un moment, pas vrai, pour piger ? Ce pour quoi on joue vraiment ici ? Le cœur et l'âme.
Le cœur et l'âme.
Afficher en entier« C'est ce que me font les rêves, ces temps-ci. Ils me brisent le coeur »
Afficher en entierAlors, assis dans mon lit, le téléphone collé à l'oreille, je scrute le ciel qui s'obscurcit. Au bout d'un moment, un énorme ballon à l'hélium apparaît et flotte pendant trois secondes à hauteur de ma fenêtre avant d'être emporté. un gigantesque cercle argenté avec JOYEUX ANNIVERSAIRE ! écrit dessus en grosses lettres rouges tourbillonnantes. "Super ! Très cool. Merci, les gars"
Afficher en entier" Je pense que si on était tous contraints de prendre nos responsabilités pour toutes les bêtises qu'on a faites, on serait bon pour un aller simple vers l'enfer. Ne passez pas par la case 'départ', ne touchez pas deux cents dollars. En file indienne. Choisissez un camarade et donnez-vous la main."
Afficher en entier« Elle va sortir d'ici, je le sais. Elle a des choses à faire. Moi aussi. Il me reste des choses à faire. Mais ça va. J'ai des modèles. Je vais choisir mon moment, et alors je ferai ça bien. Parce qu'après tout, à quoi bon attendre son anniversaire quand on a déjà grandi ?
Ne vous inquiétez pas pour moi. Tout va bien. Merde, quand on y regarde bien, Sylvie et moi, on va s'en tirer tous les deux. Sans déconner.
Et c'est vraiment tout ce que j'avais à dire.
Point final ».
Afficher en entier« Est-ce que tu as peur, Richard ? »
Je plonge dans ses yeux. Ils ont l'air brûlants, deux charbons ardents. Peut-être qu'elle a de la fièvre. « Ok, ouai, je réponds. Je crève de peur. » J'essaie d'insister sur le verbe pour lui montrer que c'est une blague pourrie, mais je n'y arrive pas. Je sens les larmes monter. Elle veut du sérieux ? Elle va en avoir. « Oui, Sylvie. J'ai peur, c'est certain. »
Elle hoche la tête et lâche mon visage. « C'est ce que je pensais. » Elle recule un peu et roule sur le dos, puis croise ses mains sous sa tête. « Eh bien, pas moi. »
Je me redresse sur un coude et la fixe. « Non ? Vraiment ? Allez, sois franche toi aussi, Sylvie. Moi, je l'ai été. »
Elle sourit. « C'est vrai. Je n'ai pas peur, Richard. Parce que ça n'arrivera pas, pas encore. Je vais aller mieux. » Elle ferme les paupières et sa voix est lourde de sommeil, mais elle poursuit : « Pas grâce à un miracle scientifique, cela dit. Mais parce que je ne le permettrai pas. Ce n'est pas acceptable. »
Afficher en entier"Mes méfaits?
Rien que le mot sonne bizarre, dans ma bouche.
-Laissez-moi un peu respirer, quoi. Sylvie et moi on est amoureux. On a fait ce que font les gens amoureux. Et c'est un méfait?"
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