Extraits

– Si je m’endors, réveille-moi dans une demi-heure, fait-il et je lui lance stupéfaite :

– Mais qu’est-ce que tu racontes ? Nous n’allons pas passer la nuit ici.

– Qui a parlé de passer la nuit ? Tu as vraiment l’esprit mal tourné, fait-il avec un rire dans la voix. J’essaie juste de récupérer d’une nuit blanche.

Des images de lui en train de passer la nuit avec une femme envahissent ma tête.

– Ce n’est pas à moi de payer tes nuits avec tes conquêtes, je dis remontée.

– Mes conquêtes ? s’amuse-t-il. J’aurais bien voulu. Tu es la seule responsable de ma nuit blanche.

– Explique-moi comment je peux être responsable de ton manque de sommeil ?

– Tu veux vraiment le savoir ?

Tout à coup je ne veux plus, car il s’est retourné vers moi, et il me regarde d’une façon qui me fait frissonner.

– À la réflexion, non. Je n’ai pas envie de t’entendre m’incriminer encore une fois.

– Lâcheuse, se moque-t-il gentiment, en m’attirant vers lui et en posant ma tête sur son épaule.

Je le laisse faire, je me sens si bien que je ferme les yeux pendant quelques secondes. Je découvre en me réveillant que deux heures se sont écoulées.

– Je le jure, il ne s’est rien passé, fait Adam en croisant mon regard.

Je le frappe avec un coussin.

– Arrête tes bêtises. Je suis fatiguée. Si je veux être honnête, j’ai passé aussi une nuit agitée.

– N’est-ce pas bête que nous restons éveillés, l’un à cause de l’autre, mais pas pour les bonnes raisons ? murmure-t-il.

– Alors ? demande Adam comme si notre rencontre est tout ce qu’il y a de plus naturel. Contente de voir que c’est moi qui donnerai vie à ton scénario ?

– Je ne vois pas comment tu es devenu le réalisateur, je m’étonne, en cachant mal mon mécontentement.

– Il paraît que je suis doué dans mon métier, et que les producteurs veulent me voir lié à leurs projets.

– Eh bien, je m’en fiche. Pour ma part, je ne veux pas que tu sois mêlé à mon projet.

– Je te rappelle que tu as vendu ton scénario à la société de production et que ta marge de manœuvre est très restreinte.

– J’ai un droit de regard sur les collaborateurs, et tu peux me croire, Jane va comprendre.

–Même si Jane comprenait, tu oublies que la maison de production a d’autres associés. Je ne sais pas si elle t’a informée de l’entrée d’un nouvel actionnaire dans l’entreprise.

– Je vais le persuader aussi qu’il y a d’autres réalisateurs qui peuvent travailler aussi bien que toi.

– Bonne chance.

– Qu’est-ce que je suis censée comprendre ? je lui lance furieuse.

J’ai l’impression que d’une certaine façon, il se moque de moi.

– Je crois que tes chances de le faire changer d’avis sont nulles, mais je t’en prie, essaie.

– Je le ferai, je rétorque et tourne les talons.

Je dois parler à Jane et éclaircir la situation. Il est hors de question qu’Adam travaille sur mon histoire, sur notre histoire.