Ari ne nourrissait pas un grand intérêt pour l'histoire. S'il avait un peu de temps libre, il préférait le passer à écouter de la musique et à essayer de se vider l'esprit plutôt que de l'encombrer d'évènements révolus.

« On ne peut pas dire que mon existence soit un écrin de béatitudes, mais elle ne m’apparaît pas non plus comme un lourd fardeau. C’est plutôt un bain moussant qui tiédit et qu’on hésite à quitter car on s’y est trop alangui. Malgré la peau qui se fripe. Malgré la mousse qui s’étiole et nous signifie qu’il faut sortir. »

Les uns contre les autres, serrés comme des sardines et tendus sur la pointe des pieds, on a aperçu, entre les feuillages qui nous gênaient la vue et les branches qui nous griffaient le cou, ce dont on avait déjà entendu parler et qui nous était inaccessible, ce que l’on savait nommer sans connaître, ce que l’on avait essayé d’imaginer, l’oreille collée contre la porte, en entendant juste gémir et soupirer, sans véritablement réaliser ni comprendre.

Ils arrivaient aux murailles qui se découpaient dans le couchant, masse sombre et rectiligne sur toile rougeoyante.
- Félicitations pour votre verve. J'étais vraiment au milieu de ces guerriers charcutés de toutes les façons possibles et imaginables. Un vrai bonheur.
La guide répliqua sur le même ton ironique :
- C'est pas très difficile. Comme on dit chez nous, il y a beaucoup de façons de quitter le monde, mais seulement une d'y arriver. Nous y voilà.

- Concetta, ne soit pas enfant... Ce n'est pas en parlant de la mort qu'on la repousse ou qu'on l'appelle...

- Le turbin, les mômes qui te cassent les couilles toute la journée et bobonne à la maison... j'en ai eu ma claque de tout ça. Alors un coup de Blue Skye et me v'là ici dans ma cabane. Comme dans un livre, mon gars... Robinson sur son île, peinard, même pas besoin de Vendredi... Sauf que ça dure pas.

« Un Père Noël maître-chanteur, sa fille bûcheronne dépressive, une hôtesse mystique, un cochon d’Inde géant et maintenant un hacker… Noël s’annonçait vraiment de tout repos. »

Dans les prisons, la cour n'est pas une ouverture, mais une mise au point. On vous rappelle seulement ce que vous avez perdu.

« Je suis arrivée dans la cellule où il se reposait et où un infirmier gentil m’a conduite. J’ai inspiré bien fort pour me donner du courage, mais j’étais sûre de moi, de mon bon droit, et de la puissance supérieure de la vérité. Je me suis campée devant lui et j’ai récité : Antonin, tu es né Antonin Marie Joseph Paul Artaud, le 4 septembre 1896 à 8 heures du matin au 15, rue du Jardin-des-Plantes, quatrième étage, en pleine santé, et je suis ta mère – que tu le veuilles ou pas, tu es mon fils et je suis ta mère. Ça ne lui a pas plu du tout. Il m’a considérée gravement, assez longtemps, avant de braquer un poing accusateur sur moi et de m’arracher le cœur : “Vous vous prétendez ma mère, madame, mais la mère de Nanaqui est morte et son âme a quitté ce monde et vous êtes une envoûteuse et le démon qui m’a empoisonné.” »

Je couche toujours le premier soir et dans mon esprit, c’est souvent pour la vie.

« Elle se figura un paradis rempli de rires, de réglisses fondantes et de pommes d’amour, jusqu’à ce que l’haleine démoniaque du Val Sinestra effleurât sa nuque délicate tel un tisonnier labourant les cendres de l’innocence perdue. »

La médecine comme la chirurgie esthétique sont des outils qui peuvent renforcer l’estime de soi et la confiance en soi. Elles existent : rien n’oblige à en faire usage, y recourir ne fait pas de celui ou celle qui y va une personne influençable, incapable de résister aux injonctions, ou mal dans sa peau. C’est un choix individuel qui, pour apporter entière satisfaction, doit être réfléchi et assumé.

Personne ne compose jamais le numéro des urgences parce qu’il passe une excellente journée.

You never know where you'll meet your own true love. I met mine down the clinical disco. That's him over there, the thin guy with the jeans, the navy jumper and the red woolly cap. He looks pretty much like anyone else, don't you think?

Découvrir Abydos, à 400 km au sud du Caire, est une expérience inoubliable. Jadis couvert de monuments, le site offre aujourd'hui aux visiteurs l'admirable temple de Séthi 1er dont les bas-reliefs comptent au nombre des chefs-d’œuvre de l'art égyptien, les vestiges de l'Osireion, sanctuaire initiatique majeur, et ceux du temple de Ramsès II.

Au bout d'un moment, elle s'est endormie. A son réveil, il n'était plus là, et elle ne se rappelait pas où elle était. Elle se sentait mal, avait soif et froid, sa tête tambourinait. Elle tenait à peine debout.
D'abord désorientée, elle a fini par retrouver le port.
Mais alors Victor et tous les autres avaient disparu.

La vie était un enchevêtrement de hasards dénués de toutes règles, des hasards qui gouvernaient l'existence des gens, comme ces tempêtes qui s'abattaient sans prévenir, faisant morts et blessés.

La mort d'un enfant est la plus effroyable des choses. Il est impossible de décrire la douleur qui submerge les gens qui perdent un enfant et la question de l'autopsie dans de semblables circonstances peut être problématique.

l’État n'est que l'ensemble des lois et des règles qu'un groupe humain s'impose pour ne pas sombrer dans la guerre de tous contre tous. Et il n'existe aucune société possible, une fois sorti des stades tribal, féodal et de la loi de la jungle, sans un État ayant l'autorité et la force pour faire respecter ces règles.

- Les agresseurs de cette famille sont les mêmes gars que ceux de cette nuit, ou bien leurs successeurs. Parfois une piste froide peut s'avérer la plus chaude.
Du coin de l’œil, Niemans repéra Ivana qui hochait lentement la tête tout en écrivant. Ce simple mouvement signifiait : "Vos phrases à la con, vous pouvez vous les garder. On n'est plus à l'école des flics..."

Du mur de l'Atlantique aux murs de la ville citadelle, le paysage des classes populaires a radicalement changé. Cela ne pose pas seulement la question de l'argent, mais aussi celle, plus fondamentale, d'une modification des perspectives de vie. Désormais, l'horizon est bouché pour la majorité des classes populaires qui vit de l'autre côté des murs, dans la France périphérique.

La mort empêche les retrouvailles, mais elle ne peut pas interrompre l'amour.

30 août 1789
Julie de Turenne contemplait le ballet des carrosses qui déposaient dans la cour d'honneur la fine fleur de l'aristocratie locale. Elle repoussa une mèche blonde qui tombait sur sa joue et sourit. Elle savait très bien pourquoi son père avait organisé cette réception fastueuse. Sortie du couvent depuis le début de l'été, elle était désormais un des plus beaux partis du Périgord, et la jeunesse masculine des châteaux ne manquerait cette soirée sous aucun prétexte. Non seulement elle était belle, mais sa dot valait une fortune. Celui qui l'épouserait ferait une excellente affaire. Julie en était outrée. A la différence de ses parents, confits dans un autre siècle, elle avait lu Voltaire en secret et surtout Rousseau. Elle pestait contre ce sort réservé aux femmes : n'être qu'un ventre à remplir et une bourse à vider.

A moins qu'on ait affaire à un psychopathe primaire : il la ligote, la tue, se débarrasse du corps et bouffe une barre de chocolat après et moi, je suis le dindon de la farce. As-tu remarqué le moindre indice d'une personnalité aussi perturbée ? Parce que tu aurais dû entendre son ex : prête à le béatifié, le mec !
- Les psychopathes ne sont pas des anxieux, en revanche ils dépriment. On devrait aller le voir de plus près aujourd'hui.
Milo fronça les sourcils et se massa le visage.
- Bonne idée. çà nous fera au moins faire un autre tour à la plage.

J'ai un souvenir ému de la petite Clara. Elle ne se méfiait pas. Bien sûr, elle ne m'aimait pas. Quand je l'appelais, elle savait qu'elle ne passerait pas un bon moment. Mais elle avait confiance en moi, j'étais correct. Elle ne savait pas à quel point je la détestais. Elle a du mourir sans comprendre, et c'est ce qui m'amuse le plus dans tout çà.

Dans l’idée commune occidentale, la plus grande aventure maritime de l’histoire du monde est celle des Portugais et des Espagnols qui, au XVie siècle, ont changé la face du monde en s’embarquant sur leurs caravelles. Comment peut-on oublier la fascinante épopée du peuplement du Pacifique par les Polynésiens ? On peut mesurer l’étendue de leur voyage par la linguistique. Les langues de la famille dite austronésienne sont parlées jusqu’à Madagascar, où les voyageurs seraient arrivés entre - 2000 et - 700.