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Il me fixe, et je tiens bon. Même si je n’ai pas affaire à un chien, la règle est la même. Détourner le regard est un signe de soumission. Le soutenir est un défi. C’est le choix que je fais.
Afficher en entierOn cherche des places libres. Christina et moi, on déniche une table presque vide dans un coin de la salle et je me retrouve assise entre elle et Quatre. Au milieu de la table, il y a un plat rem- pli d’une nourriture que je ne connais pas : des sortes de galettes de viande glissées entre deux tranches de pain rond. Je prends un de ces canapés entre les doigts, sans trop savoir quoi en faire. Quatre me donne un coup de coude.
— C’est du bœuf, m’informe-t-il. Mets ça dessus. Il me passe un petit bol de sauce rouge vif.
— Tu n’as jamais mangé de hamburger ? me demande Christina, incrédule.
— Non. Ça s’appelle comme ça ?
— Les Pète-sec ne mangent que de la nourrit- ure simple, lui explique Quatre.
— Pourquoi ?
— Le luxe est perçu comme un plaisir égoïste et futile, dis-je avec un haussement d’épaules. Elle ricane :
— Je comprends que tu te sois tirée.
— Ouais, approuvé-je en roulant des yeux. T’as raison, la bouffe, c’est du sérieux.
Quatre réprime un sourire.
Afficher en entierCe gouffre nous rappelle que la frontière est mince entre le courage et la bêtise, déclare Quatre, d’une voix assez forte pour couvrir le bruit. Un saut intrépide depuis ce rebord et c’est terminé. Ça s’est déjà produit et ça se reproduira. Vous voilà prévenus.
Afficher en entierL’impact m’a coupé la respiration et je tousse en essayant de reprendre mon souffle. J’ai des picotements dans les bras et les jambes. Un filet. Il y avait un filet au fond du trou. Je lève les yeux vers le haut de la tour et je ris, mi- soulagée, mi-hystérique. J’enfouis mon visage dans mes mains tandis que tout mon corps frissonne. Je viens de sauter d’un toit. Des mains se tendent vers moi. En saisissant une au hasard, je me hisse hors du filet et je me laisse rouler par terre. J’aurais atterri la tête la première sur le plancher s’il ne m’avait pas rattrapée. « Il », le garçon que je découvre au bout de cette main, a une bouche fine à la lèvre inférieure pleine, et des yeux enfoncés si profondément dans leur orbite que ses cils touchent ses arcades. Ils sont bleu sombre, couleur de nuit, de rêve. Il me retient par les bras et me lâche dès que je suis sur mes pieds.
— Merci, dis-je. On est sur une plateforme à trois mètres au-dessus du sol, dans une grotte ouverte.
— J’y crois pas, lance une voix derrière lui. Celle qui a parlé est une brune au sourcil droit percé de trois anneaux en argent. Elle me toise du regard.
— Une Pète-sec qui saute la première. Ça, c’est un scoop.
— Ce n’est pas pour rien qu’elle les a quittés, Lauren, observe le garçon. Il a une voix grave, qui vibre quand il parle.
— Comment tu t’appelles ? — Heu… Je ne sais pas pourquoi j’hésite. Mais « Beatrice » ne me paraît plus approprié.
— Réfléchis, ajoute-t-il avec un demi-sourire qui lui retrousse les lèvres. Après, tu ne pourras plus changer. Un nouvel endroit ; un nouveau nom. Ici, je peux devenir quelqu’un d’autre.
— Tris, déclaré-je d’un ton ferme.
— Tris, répète Lauren. Fais l’annonce, Quatre ! Le garçon – Quatre – se retourne pour lancer :
— Premier saut : Tris ! À mesure que mes yeux s’habituent à la pénombre, je distingue un groupe de gens. Ils poussent des acclamations, le poing levé, puis quelqu’un d’autre se jette du haut du toit. On l’entend hurler pendant toute la descente. Christina. Tout le monde se marre, avant de lancer des cris d’encouragement. Quatre pose une main sur mon dos.
— Bienvenue chez les Audacieux.
Afficher en entierBientôt, ma confusion se dissipe. Je n’ai pas couru depuis très longtemps. Les Altruistes désapprouvent tout ce qui s’apparente à la recherche du plaisir gratuit, et c’est précisément ce que je ressens ; le plaisir pur d’un sprint à fond, les poumons en feu, les muscles qui tirent. Je suis les Audacieux dans la rue, après le tournant, et j’entends un bruit familier : le signal du train.
— Oh non, bredouille l’Érudit. On est censés sauter à bord de ce truc ?
— Oui, dis-je, hors d’haleine.
Afficher en entier- Toi aussi, tu es un transfert?
– Je pensais qu’il n’y aurait que les Sincères pour me casser les pieds avec leurs questions, me réplique-t-il froidement. Voilà que les Pète-sec s'y mettent aussi ?
– C'est sûrement à cause de ton côté chaleureux, dis-je platement. Genre porte de prison. Il me fixe, et je tiens bon. Même si je n’ai pas affaire à un chien, la règle est la même. Détourner le regard est un signe de soumission. Le soutenir est un défi. C'est le choix que je fais.
Afficher en entier« Je ne suis pas une Altruiste. Je ne suis pas une Audacieuse. Je suis une Divergente. Et on ne peut pas me contrôler. »
Afficher en entierQuatre nous a conseillé hier d’exploiter les faiblesses de notre adversaire, mais à part son absence totale de qualités humaines, Peter n’en a pas.
Afficher en entier-Tu vois ce que je veux dire. Une pipelette qui aime bien les petits secrets, quoi.
J'enroule une mèche autour de mon doigt.
-Booon...
Elle a un sourire si large que j'aperçois ses dents du fond.
-Will m'a embrassée.
-Quoi? m'écrié-je. Quand? Où? Comment ça s'est passé?
-Mais oui, tu peux être une fille!
Afficher en entier« Tout à coup, c'est comme si quelqu'un avait insufflé de l'air neuf dans mes poumons. Je ne suis pas une Altruiste. Je ne suis pas une Audacieuse.
Je suis une divergente.
Et on ne peut pas me contrôler. »
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