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Je me lève, et avant qu’il ne reprenne son rasage, je glisse les bras autour de sa taille en posant le front sur son dos, là où le tatouage des Audacieux dépasse de son tee-shirt.Il pose le rasoir et replie ses mains sur les miennes. On ne parle pas. J’écoute sa respiration et il caresse mes doigts machinalement, ayant oublié ce qu’il était en train de faire.– Il faut que je m’habille, murmuré-je au bout d’un moment.Je n’ai pas envie de partir. Mais je dois travailler à la buanderie et je ne voudrais pas que les Fraternels puissent me reprocher de ne pas remplir ma part du marché que nous avons passé.– Je vais te trouver des vêtements, me dit Tobias.Quelques minutes plus tard, je suis pieds nus dans le couloir, vêtue du tee-shirt dans lequel j’ai dormi et d’un short emprunté par Tobias aux Fraternels. Dans ma chambre, je tombe sur Peter, debout près de mon lit.D’instinct, je me raidis en cherchant des yeux un objet contondant.
Afficher en entierJ’enfonce mon visage dans mon oreiller pour laisser échapper, non pas le nom de Will, cette fois, mais un sanglot qui me plaque contre le matelas. Le chagrin est de retour, tordant comme une bête fauve l’espace occupé jusque-là par mon cœur et mon estomac.J’essaie de respirer, les mains pressées sur ma poitrine. Les griffes du monstre m’enserrent la gorge, maintenant, m’empêchant de respirer. Je mets ma tête entre mes genoux et je respire lentement, profondément, jusqu’à ce que la sensation d’étouffement cesse.Je frissonne malgré la chaleur. Je sors du lit et me glisse dans le couloir jusqu’à la chambre de Tobias. Mes jambes nues sont si blanches qu’elles luisent presque dans le noir. Le grincement de la porte quand je l’ouvre suffit à le réveiller. Il me fixe pendant une seconde.
Afficher en entierVoilà le Marcus que Tobias connaît. Celui qui sait frapper là où ça fait le plus mal. Tout mon corps frémit de colère.– Tobias a raison, grondé-je. Vous n’êtes qu’un tas d’immondices, arrogant et menteur.Marcus hausse un sourcil.– Ah oui, il a dit ça ?– Non. Il ne parle pas de vous assez souvent pour en dire autant. Je m’en suis rendu compte toute seule. (Je serre les dents.) Vous ne représentez pratiquement rien pour lui. Et toujours un peu moins à mesure que le temps passe.Sans répondre, il se retourne vers l’épurateur d’eau.Je reste là un moment à savourer mon triomphe, dans le bruit mêlé de l’eau qui court et des battements de mon cœur, puis je sors du bâtiment. Mais à mi-chemin du champ, je me rends compte que je n’ai pas gagné. C’est Marcus le vainqueur.Quelle que soit la vérité, je vais devoir m’adresser à quelqu’un d’autre pour l’obtenir, parce que je ne lui reposerai pas la question.
Afficher en entierDans leur enthousiasme à régler les conflits, les Fraternels ont apparemment oublié qu’en se mêlant des problèmes des autres, on n’arrive qu’à en créer davantage. Si on reste ici, je vais finir par casser la figure à quelqu’un et ça ne va pas être joli.Caleb et Susan le regardent tous les deux avec surprise. Quelques Fraternels à la table voisine se taisent pour le fixer.– Vous avez bien entendu, leur confirme Tobias.Ils détournent les yeux. Je mets une main devant ma bouche pour masquer un sourire.– Donc, je répète : qu’est-ce qui s’est passé ?– Je te raconterai plus tard.
Afficher en entierUn groupe d’Altruistes entre alors dans le réfectoire. Ils ont beau porter des vêtements de Fraternels, comme moi, on ne peut pas se tromper sur leur vraie faction, pas plus que sur la mienne. Ils sont silencieux sans être sombres ; ils sourient en inclinant la tête lorsqu’ils croisent des Fraternels, et quelques-uns s’arrêtent pour échanger des politesses.Susan vient s’asseoir à côté de Caleb en souriant. Elle a son petit chignon habituel, mais ses cheveux blonds brillent comme de l’or. La distance entre eux deux est juste un peu plus étroite qu’entre des amis, sans pour autant qu’ils se touchent. Elle me salue d’un signe de la tête.– Désolée, dit-elle. J’interromps quelque chose ?– Non, répond Caleb. Comment te sens-tu ?– Bien. Et toi ?Je m’apprête à quitter la table pour échapper à une conversation polie et mesurée de type Altruiste quand Tobias entre, l’air tendu. Il a sûrement travaillé en cuisine ce matin, dans le cadre de notre accord avec les Fraternels. Je suis affectée à la buanderie demain.
Afficher en entierOn s’assied côte à côte sur le lit et je lui raconte tout depuis le début : comment j’ai suivi Johanna et Marcus dans la pommeraie, la question de Johanna, la réponse de Marcus et la discussion qui a suivi. En même temps, je guette son expression. Il n’a l’air ni surpris ni curieux. En revanche, sa bouche se crispe peu à peu en un rictus amer, celui qu’il affiche chaque fois qu’il est question de Marcus.– Alors, qu’est-ce que tu en penses ? demandé-je quand j’ai terminé.
Afficher en entierC’est tout à fait l’impression que j’éprouve : celle de ramasser des morceaux épars de moi et de les rassembler. Je manque d’air, mais au moins, je me sens plus forte.Je distingue un mouvement en bordure de mon champ de vision et je regarde par la fenêtre qui donne sur le verger. Johanna Reyes et Marcus Eaton marchent côte à côte, s’attardant pour cueillir des feuilles de menthe dans le carré des simples. Avant même d’avoir pu me demander pourquoi j’ai décidé de les suivre, me voilà sortie de la chambre.Je traverse le bâtiment au pas de course pour ne pas les perdre. Une fois dehors, je dois me montrer plus prudente. Je longe la serre puis, voyant Johanna et Marcus disparaître derrière une rangée de pommiers, j’avance à pas de loup dans la rangée contiguë, en espérant que les branches me cacheront si l’un d’eux se retourne.– … pas compris ce qui a déterminé le moment de l’attaque, dit Johanna. Est-ce que Jeanine est passée à l’acte simplement parce qu’elle avait fini de tout mettre au point, ou s’est-il produit quelque chose qui a précipité les événements ?Entre les branches d’un arbre, je vois Marcus serrer les lèvres.
Afficher en entierJ’allais poursuivre mon énumération de jours fériés, mais je ne connais que ceux des Altruistes. Les Audacieux doivent avoir leurs propres fêtes, mais elles ne me sont pas familières. Et puis l’idée qu’on puisse fêter quoi que ce soit maintenant est si absurde que je m’en tiens là.– Ça marche, me dit-il.Son sourire s’efface.– Comment ça va, Tris ?La question n’a rien de déplacé compte tenu de ce qu’on vient de vivre, mais je me raidis à l’idée qu’il puisse deviner mes pensées. Je ne lui ai pas encore parlé de Will. Je veux le faire, mais je ne sais pas comment m’y prendre. Rien qu’à la perspective de prononcer les mots, je me sens si lourde que je pourrais m’enfoncer dans le plancher.
Afficher en entierC’est Tobias. Il se penche à l’intérieur sans entrer tout à fait, la moitié du corps masqué par la porte.Il a gardé son jean mais changé son tee-shirt noir pour un rouge foncé, sans doute emprunté à un Fraternel. Cette couleur paraît bizarre sur lui, trop vive, mais quand il appuie la tête contre le chambranle, je m’aperçois que ça fait ressortir le bleu de ses yeux.– Les Fraternels se réunissent dans une demi-heure, m’annonce-t-il en fronçant exagérément les sourcils.Et il précise d’un ton emphatique :– « Pour décider de notre sort ».– Je n’aurais jamais imaginé que mon sort se trouverait un jour entre les mains des Fraternels.– Moi non plus. Tiens, je t’ai apporté ça.Il débouche un flacon et me tend le bouchon, rempli d’un liquide clair.
Afficher en entier– [...] Rappelez- vous quand même que ceux qu’on opprime sont parfois plus forts qu’on ne le voudrait.
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