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Marguerite,mon amour, je n'ai plus peur de ce qui nous attend. Je ne crois pas à l'Enfer, à cette damnation qu'on nous promet. Je ne crois pas qu'au Ciel nous monterons, c'est sûr, d'iciquelques instants. Je nous imagine, ma soeur, fantômes vaporeux, tournoyant, libres et légers, enfin. Et je sais que, dans cet ailleurs où les lois des hommes n'ont plus cours, nous nous aimerons pour toujours.
Afficher en entierAllongé sur la dallage encore tiède, la tête bien calée sur les bras repliés, il a contemplé les étoiles. Certains disent qu'elles sont les âmes des morts montés au ciel, muettes et scintillantes pour l'éternité. Il aurait aimé le croire, pouvoir imaginer que sa mère était là, quelque part dans cette immensité, transfigurée après une vie de servitude. Ça aurait été réconfortant, assurément.
Afficher en entierIl pousse un soupir d'aise et allonge le pas. Il ne sera jamais un homme riche et important comme Secundianus. Sur sa tombe, on n'inscrira rien de mémorable ou de glorieux. Mais il s'en moque bien. Car il possède un privilège immense, bien plus précieux que l'or et les honneurs, un trésor secret qui le rend indifférent à la morgue de son client : le femme de Secundianus est une guenon, une harpie dans cœur, alors que sa femme à lui ...
Il sourit : sa femme est une déesse, tout simplement.
Afficher en entierDe temps en temps, au détour de la conversation, il évoque la mémoire des disparus, toujours pour rappeler un souvenir joyeux, un moment agréable. Il leur arrive même d’en rire aux larmes. C’est sans doute cela qu’Hermès admire le plus chez son maître : cette volonté farouche de ne jamais donner prise au chagrin, ce courage d’être heureux.
Afficher en entierLaissons-les dire - nous seuls connaissons le lien qui nous unit. Nous seuls savons combien cet amour est beau, combien il est doux et ardent. Et nous n'avons que faire du jugement des hommes.
Afficher en entierOh, je ne suis pas naïve à ce point ! Croyez-moi, je sais bien reconnaître le mal quand je l'ai sous les yeux. Seulement, il me semble qu'il y a mieux à faire que s'y intéresser.
Afficher en entierJe te regarde. Tu es pâle et tu trembles un peu de froid plus que de peur. L'air est glacé, mais dans tes yeux, c'est toujours le même feu.
Tu me souris, indifférente à ce qui nous entoure. Tu as raison : ces instants sont précieux; gardons les pour nous seuls.
On nous a ordonné de rester silencieux. Ce n'est pas grave.Nous savons nous parler avec les yeux.
Tu sembles soulagée, heureuse presque. Il fait beau. Pour nous, le ciel s'est mis en fête.Un rayon de soleil passe sur ton front, accroche à tes cheveux des reflets fauves et miel. J'aimerais y enfouir mon visage, éprouver leur douceur, les respirer, comme autrefois; mais bien sûr, c'est impossible. Peu importe.Te contempler suffit à me combler.
Afficher en entierLe maître a raison, sans aucun doute. Mais on peut toujours rêver : cette nuit, en scrutant, près de la queue de la Grande Ourse, une minuscule étoile dont il ignore le nom, Hermès a voulu se persuader que c'était elle, sa mère, veillant sur lui, humble et Bell, comme de son vivant.
Afficher en entier... ce courage d'être heureux
Afficher en entierAprès la mort, notre être se dissout, atome après atome, et il ne reste rien au bout du compte ni corps ni âme, seulement des particules anonymes dispersées çà et là - inutile d'en faire un drame, il n'y a qu'à l'accepter.
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