Extraits

– Tu dois paraître à ton avantage lors de votre première rencontre, avait dit sa mère.

Elle avait rougi.

– Maman, si cet homme est prêt à acheter une épouse, je ne pense pas qu’il se soucie de la mode.

Sa mère l’avait regardé, choquée.

– Tais-toi donc. Elle met en valeur ce que tu as de mieux, en tout cas.

Le père de Rebecca ne lui aurait jamais acheté cette robe. Peu importe ce qu’il en aurait pensé, cependant. Il était mort depuis près d’un an maintenant. Abattu par un bandit dans l’est et laissé à l’agonie. Ses maigres économies ne leur avaient pas permis de vivre bien longtemps. Et c’était à elle de subvenir à leurs besoins désormais.

Quelque chose à l’extérieur a attiré son attention.

– Qu’est-ce que c’est que ça ? elle a murmuré dans un souffle.

Pendant une minute, elle a cru que le trajet interminable et son corsage trop serré lui avaient provoqué une hallucination. Puis elle a vu à nouveau l’animal noir ; c’était un cheval puissant qui courait le long du train. Il avait une sacoche passée autour de son large poitrail, sans rien d’autre. Ni selle, ni harnais, ni cavalier. C’était un spectacle étrange à voir ; un étalon d’une telle beauté devait forcément appartenir à quelqu’un. Un cheval comme ça valait son pesant d’or d’où elle venait. Rebecca a vu le cheval prendre de la vitesse et passer au galop devant sa fenêtre. C’est là qu’elle a remarqué une marque bizarre sur son épaule : un grand cercle avec une croix au milieu. Elle n’avait jamais vu un cheval avec une marque aussi originale. Cela réglait le problème, cela dit, car un tel marquage devait être connu dans toute la région désolée. Aucun voleur de bétail ne pourrait le cacher.

L’étalon a disparu de sa vue et elle a continué à fixer le paysage monotone en se demandant à quoi ressemblait son futur mari.