Extraits

– Une invitation à dîner suffira. Du moment que je ne suis pas le dîner.

– Aucun risque, dis-je en le pinçant. Ton odeur ne me dit rien qui vaille.

– Heureux de constater que te transformer en vamp’ ne t’a pas enlevé ton sens de la repartie…

– Matt, je lui demande soudain, pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi t’être sacrifié ?

– Je l’ai fait pour Sofia, me dit-il en se laissant tomber dans un fauteuil. Quand elle a pris possession de ton corps, ici même, c’était pour me parler de l’Outremonde. Seuls les mortels qui ont trouvé la mort dans des circonstances surnaturelles peuvent y accéder. Et bien, me dit-il avec bonhomie, me voilà mortel à nouveau !

– Tu veux dire que vous aviez planifié ça ensemble depuis le début ? dis-je estomaquée. Mais pourquoi ne pas nous en avoir parlé, tout simplement ?

– Crois-tu vraiment que toi et Ben m’auriez laissé faire si je vous avais avertis ? « Les gars, je compte récupérer ma mortalité pour être expédié ad patres et retrouver l’amour de ma vie. Une sorte de suicide soft. Merci de respecter mon choix. »

– Tu ne comptes quand même pas, s’enquiert Ben malade d’inquiétude, provoquer ta propre mort ? De tous tes plans tordus, petit frère, ce serait le plus stupide !

– Du calme frangin ! Je ne suis pas suicidaire pour un sou. J’ai vécu un siècle sans ma bien-aimée alors je peux encore tenir quelques années. Connaître une longue et paisible vie humaine, auprès de ma famille et de mes amis. Mais une fois mon heure venue… je retrouverai la femme de ma vie et passerai l’éternité dans ses bras.

– Matt, je proteste, tu es de nouveau humain. Mais comment peux-tu être certain que tu vas mourir dans des circonstances surnaturelles ?

– Ça, je n’en sais rien, Merry Glory. Je vais plus certainement faire un infarctus après la fête de trop, me connaissant. Mais, techniquement, puisque l’élixir est la cause de ma mortalité, je serai considéré comme une victime du monde occulte, ce qui m’ouvrira les portes de l’Autremonde.

– Tu veux dire, je réponds horrifiée, que je suis responsable de ta mort ? Oh ! Matt ! dis-je en tremblant de tous mes membres.

Son regard s’est voilé. Moi je souris intérieurement, plus amoureuse que jamais. Il croit qu’il ne pourra jamais en avoir… et pourtant… en moi grandit le fruit de notre amour.

Ma main se porte à mon ventre.

Je n’arrive pas à croire que notre rêve de fonder une famille va devenir une réalité.

Je n’en ai toujours pas parlé à Ben car je viens à peine de le découvrir... Et que je veux d’abord consulter une doctoresse wiccane pour être certaine que tout va bien. Mais c’est arrivé ! Nous allons avoir un bébé !

Quand Livia m’avait parlé de mes nouveaux pouvoirs, à Crater Lake, elle m’avait également avertie que les forces de la nature souhaitaient m’accorder une faveur exceptionnelle pour avoir rétabli l’équilibre sur terre. Cette faveur, ce devait être un enfant, mi-immortel, mi-sorcière. Une petite fille.

L’amour que j’ai ressenti pour toi dès la première seconde s’est abattu sur moi avec une telle force qu’il devait déjà exister avant, ailleurs. Je suis convaincu qu’il existe d’autres mondes, d’autres univers, d’autres dimensions, où nous nous sommes déjà aimés, mille fois, et où nous avons été très heureux.

Je défie les forces de la nature, qui ont décidé de notre destinée bien avant que nous soyons sur cette terre, d’avoir la moindre influence sur notre amour. Nous sommes plus grands que ça. Je te l’ai dit et je te le répète : nous sommes un miracle. Tu es mon miracle. Et, devant un miracle, on ne peut que s’incliner. Alors voilà, je dépose ma vie à tes pieds. Je te donne mon cœur, je te donne mon âme, je te donne mon éternité. Et je te donne cet anneau, gage du serment que je prends aujourd’hui, devant nos témoins et nos amis, d’honorer chaque jour la grâce qui m’a été faite d’être aimé de toi.

Gloria Robin, il y a peu, à Crater Lake, tu m’as demandé si le fait que tu sois devenue immortelle changeait quelque chose à mes sentiments pour toi. Je t’ai répondu qu’immortelle, élixir ou gardienne de l’Outremonde, tu demeurais la même à mes yeux, parce que la magie ne jouait aucun rôle dans ce magnifique lien qui existe entre nous. J’avais tort car ce qu’il y a entre nous est le fruit de la magie. De la véritable magie dont nous avons perdu toute notion à force de vivre dans ce monde. La magie n’est pas cet ensemble de malédictions, de potions, de formules qui font notre quotidien. C’est quelque chose de bien plus puissant. Quelque chose de véritablement inexplicable.

Oui, en arrivant à New York, en croisant la route de Benjamin Marlowe, j’ai appris quelque chose sur moi. Dès notre rencontre, cet homme m’a fait un don précieux : la confiance en soi. Sans ce cadeau, jamais je n’aurais eu le courage d’aller jusqu’au bout de mes rêves. Et je ne serais pas là aujourd’hui, dans ma robe de mariée, prête à devenir sa femme.

Alors soudain, ça me semble limpide. Je revois la scène. L’exact moment où j’ai su même si je n’ai pas osé me l’avouer sur l’instant. Le moment où j’ai compris que je venais de faire la rencontre qui allait changer ma vie entière. Qui allait me changer moi. Et rendre l’impensable possible.

– Ce n’est pas parce que tu es devenue aussi forte que moi que je ne peux plus me montrer galant, proteste mon vampire.

– Ça te manque, le côté faible femme ? je demande en l’enlaçant.

– Faible femme ? rit-il. Quand t’es-tu déjà montrée faible, mon amazone ?

– Hey Gloria, dit-il en se rendant compte que je fulmine dans mon coin, qu’est-ce qu'il se passe ?

– Il se passe, j'explose, que tant que j’étais mortelle, je ne me suis pas posé la question de savoir comment était le sexe avec moi. Je me doutais que c’était certainement plus satisfaisant pour toi de coucher avec une… égale. Genre Vivienne Burgh, dis-je en faisant une moue dégoûtée. Mais maintenant que je suis presque comme toi, je me rends compte que ça ne change rien et que…

Benjamin se saisit de moi, me plaque contre lui et me fait taire d’un baiser impérieux qui m’étourdit.

– Ça va mieux ? me demande-t-il avec un soupçon d’ironie en se décollant de moi.

Étourdie, j’opine.

– Bon alors, dis-moi Gloria, tu as vu les couleurs qui dansaient devant tes yeux lorsque nous étions en train de faire l’amour ? Tu as senti que tu étais en train de devenir liquide ? Tu t’es dit que rien au monde n’avait jamais été aussi bon pour toi ?

Une nouvelle fois, j’acquiesce.

– Bien. Parce que moi, c’est ce qui m’arrive à chaque fois depuis le début. Et le fait que tu sois l’élixir, une immortelle ou la gardienne de je-ne-sais-quoi ne change absolument rien. Ça ne m’était jamais arrivé avant. Ce n’est pas la magie, tu comprends ? C’est juste toi et moi. C'est nous qui produisons ce miracle. Alors maintenant, arrête de dire n’importe quoi s’il te plaît. Nous avons mieux à faire que de nous disputer.

– Je suis certaine que tu seras excellente. Tu as un cœur bon, Gloria. Et tu es forte. Tu sais où se trouvent le bien et le mal. Tu as toujours su combattre ta propre part d’ombre, c’est pour ça que tu as été choisie. Ces pauvres âmes auront de la chance de t’avoir.

Je reste un instant abasourdie.

– Ça veut dire que je pourrai rester pour toujours avec Ben ? Mais sans me nourrir de sang ?

– … ni conditionner personne. Mais tu pourras par contre accéder à l’Outremonde quand bon te semble. Nous pourrons nous voir, dit-elle avec chaleur. Tu seras avec moi tout en demeurant avec l’amour de ta vie.

– Matt, je lui demande soudain, pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi t’être sacrifié ?

– Je l’ai fait pour Sofia, me dit-il en se laissant tomber dans un fauteuil. Quand elle a pris possession de ton corps, ici même, c’était pour me parler de l’Outremonde. Seuls les mortels qui ont trouvé la mort dans des circonstances surnaturelles peuvent y accéder. Et bien, me dit-il avec bonhomie, me voilà mortel à nouveau !

– Tu veux dire que vous aviez planifié ça ensemble depuis le début ? dis-je estomaquée. Mais pourquoi ne pas nous en avoir parlé, tout simplement ?

– Crois-tu vraiment que toi et Ben m’auriez laissé faire si je vous avais avertis ? « Les gars, je compte récupérer ma mortalité pour être expédié ad patres et retrouver l’amour de ma vie. Une sorte de suicide soft. Merci de respecter mon choix. »

– Tu ne comptes quand même pas, s’enquiert Ben malade d’inquiétude, provoquer ta propre mort ? De tous tes plans tordus, petit frère, ce serait le plus stupide !

– Du calme frangin ! Je ne suis pas suicidaire pour un sou. J’ai vécu un siècle sans ma bien-aimée alors je peux encore tenir quelques années. Connaître une longue et paisible vie humaine,auprès de ma famille et de mes amis. Mais une fois mon heure venue… je retrouverai la femme de ma vie et passerai l’éternité dans ses bras.

– Matt, je proteste, tu es de nouveau humain. Mais comment peux-tu être certain que tu vas mourir dans des circonstances surnaturelles ?

– Ça, je n’en sais rien, Merry Glory. Je vais plus certainement faire un infarctus après la fête de trop, me connaissant. Mais, techniquement, puisque l’élixir est la cause de ma mortalité, je serai considéré comme une victime du monde occulte, ce qui m’ouvrira les portes de l’Outremonde.

– Tu veux dire, je réponds horrifiée, que je suis responsable de ta mort ? Oh ! Matt ! dis-je en tremblant de tous mes membres.

Je ne fais que détruire ceux qui m’approchent.

– Glory, dit-il en s’emparant de ma main, c’est une chose que je veux. Tu n’es coupable de rien, j’ai décidé ça tout seul. Même Sofia et Livia ne m’ont forcé à rien ! Elles n’ont fait que m’aiguiller.

– Livia ? Tu veux dire que ma mère était dans le coup ?

– Tu parles comme si on avait conspiré contre toi ! C’est tout le contraire qui s’est passé, me toise Matt d’un air sévère. Livia, en mettant sur pied ce plan, nous a fait un cadeau. À présent, nous avons toi et moi la possibilité de passer l’éternité avec nos âmes sœurs. Au lieu de te sentir trahie, tu devrais sabrer le champagne et demander à un médium d’expédier tes remerciements à ta mère !

– Gloria, me dit Joan l’air grave, tu n’es pas obligée d’y aller. Si tu ne te sens pas prête, rien ne te force à te confronter tout de suite à un mortel. Matt comprendra.

– Sauf qu’elle a trop envie de me voir pour me narguer, clame l’intéressé en faisant irruption dans la pièce. Maintenant qu’elle peut enfin me battre au bras de fer.