Extraits

- Voyez-vous cette île ? demanda le marquis en désignant un point à l'horizon. C'est le château d'If, une prison dont personne ne peut s'échapper. On y relègue les criminels.

Le plus drôle, même s'il ne s'en inquiétait guère, était qu'il avait renversé les rôles et fait de Harry et Sarah les dindons de la farce.

- Je vous aime telle que vous êtes, dit le marquis. Vous êtes celle que j'attendais.

- Je devais avoir six ou sept ans quand ils m'ont emmenée chez la duchesse. Ensuite... je me souviens de Rome et du Colisée. Je croyais qu'il y avait toujours des lions et qu'ils allaient me dévorer.

- Et vos parents se sont enfuis parce qu'ils s'aimaient..., commenta le marquis d'une voix rêveuse.

Elle prit une longue inspiration et ouvrit la porte : c'était le moment d'affronter l'ogre. Le long du couloir, elle dut se retenir aux parois pour ne pas perdre l'équilibre avant de grimper l'escalier des cabines. Bowers l'attendait en haut pour l'introduire dans le salon. Ou plutôt dans l'antre de l'ogre, qui s'apprêtait à la dévorer.

- Ces parvenus devraient savoir rester à leur place !

- Je dis toujours la vérité. Papa et maman ont toujours eu horreur du mensonge.

La fierté de cette réponse surprit agréablement le marquis.

- Je... j'ai peur.

- De moi ?

- Oui. Je savais que vous seriez très en colère et j'avais peur que... que vous ne me dévoriez !

Elle avait parlé sans réfléchir, et une note d'amusement perça dans la voix du marquis.

- Alors, pour vous, je suis un ogre ! C'est ainsi que vous me voyez ?

- Mon père disait qu'un cavalier doit faire corps avec son cheval, mais...