Extraits

— La bombe là-bas n’arrête pas de te mater, chuchota Nance en me donnant un petit coup de coude. On dirait que tu as une touche.

Ovide s’étouffa sur sa boisson, et je sus qu’il avait entendu. Me sentant désinhibée, je me penchai vers Nance et chuchotai sur le même ton :

— Je veux bien manger le gâteau sur lui.

Nous éclatâmes toutes deux de rire. J’étais ivre de désir. C’était une sensation grisante et très puissante. Je ne me souvenais pas la dernière fois qu’un homme m’avait fait un tel effet. Ou plutôt si, je savais : jamais ! Mais il fallait bien admettre que comme Ovide, je ne sortais pas beaucoup à l’exception de mon travail. Donc, les hommes que je rencontrais étaient en général alcooliques, en train de se saouler ou des types mariés qui traînaient au bar pour ne pas rentrer chez eux.

Je regardai dans la direction d’Ovide et remarquai qu’il était à nouveau en train de me fixer, ses yeux brillants presque dorés. Il se lécha les lèvres, et je sentis son grondement plus que je ne l’entendis. Il fit vibrer mon entrejambe. J’eus envie de lui grimper dessus devant tout le monde.

— C’est délicieux, Margo.

Je sursautai, puis me tournai vers Cherry et lui souris.

— Je n’y suis pour rien, je sais à peine faire cuire des pâtes. Mais je transmettrai le compliment à Aaron.

— Ou pas. Il se prend déjà pour un don de Dieu. Même si personnellement, je ne vois pas pourquoi, rétorqua Nance en levant les yeux au ciel.

— Ne sois pas vache.

— Je suis sincère. Je lui trouve un côté pervers, à te draguer tout le temps.

Le brouhaha autour de la table se tut soudainement lorsqu’un grondement sonore résonna dans la pièce. Toutes les têtes se tournèrent vers Ovide. Il sembla reprendre ses esprits, et le grondement cessa aussi soudainement qu’il avait commencé. Il rencontra lentement le regard de chaque convive jusqu’à ce qu’un après l’autre, ils détournent les yeux et recommencent à manger.

— Enfin bref, il passe son temps à te draguer, reprit Nance. Ça fiche les jetons. Il n’a pas compris le message ? Mais j’avoue que ces pommes de terre sont délicieuses.

— Je sais comment lui répondre.

— Est-ce que ça te dérange ? demanda Angel.

— Non, sinon je l’aurais viré, dis-je avant de pointer ma fourchette en direction de Nance : Maintenant, arrête et sois sympa, sinon tu seras la première à passer à Action ou Vérité tout à l’heure.

Je reremplis les verres de ceux qui le souhaitaient avant de débarrasser la table et d’apporter le gâteau. Je dus me pencher au-dessus d’Ovide pour placer son verre devant lui et lorsque ma poitrine l’effleura, la sensation qui explosa en moi fut incroyable. À côté, la nourriture était insipide. J’étais trop perturbée par l’onde qui semblait voyager dans tout mon corps pour me concentrer sur autre chose.

Je me penchai pour approcher ma bouche de son oreille et parlai sans réfléchir :

— La proposition du dessert tient toujours. Je suis sûre que j’y arrive sans les mains.

Il sourit brusquement, un flash de dents blanches qui illumina son visage et fit chauffer mon entrejambe, puis se redressa, et son éclat de rire franc résonna dans la salle.

Je lui rendis son sourire, avant de remarquer que les autres convives s’étaient figés comme des statues. Toute la pièce était brusquement devenue silencieuse. Les fourchettes étaient suspendues à mi-geste et tout le monde semblait stupéfait. Qu’est-ce qui leur prenait ? Ils ne l’avaient jamais entendu rire avant, ou quoi ?

Apparemment pas. Cezar finit par se racler bruyamment la gorge, et les autres dragons semblèrent réaliser qu’ils étaient en train de le fixer et détournèrent le regard comme s’il ne s’était rien passé. Mais je les entendis murmurer entre eux, choqués d’entendre le rire d’Ovide pour la première fois.