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Après mes études de droit, j’ai passé le concours pour rentrer à l’école de police du Queens. J’y ai fait mes classes. C’est à cette époque que j’ai rencontré mon meilleur ami, Tony Razzoli. Il est totalement mon opposé, aussi bien physiquement que mentalement.
Quand on le croise, on ne se doute pas qu’il est italo-américain. Il est grand, blond, imberbe, a les yeux noirs et pèse quatre-vingt-dix kilos. Une véritable montagne de muscles. Il est plus nerveux et fonceur que moi qui suis calme et réfléchi. Pourtant, nous avons tout de suite accroché. Nous nous sommes invités respectivement dans nos familles pour Thanksgiving et nous avons même été colocataires pendant trois ans.
Afficher en entierC’est une autre particularité des New-Yorkaises. Elles adorent les brunchs. Si les hommes se retrouvent entre eux, c’est généralement dans un pub le soir autour d’une pinte de bière. Les femmes, elles, sont plus raffinées. C’est plutôt à table en fin de matinée le week-end avec une assiette d’œufs brouillés et de pancakes généreusement imbibés de sirop d’érable. Betty est l’une de ces filles-là.
Donc, passer de Betty la féline à Gloria l’hippopotame, ça traumatise un homme.
Mais je m’égare.
Afficher en entierJe suis certes un pur esprit mais tout a commencé un mois avant ma mort.
Nous sommes mi-janvier. Le 14, pour être précis.
8 h 30. Mon radioréveil s’allume et la chanson I Like to Move It de Reel 2 Real m’extirpe de mon agréable rêve et me fait bondir de mon lit en poussant un hurlement de panique. Ce n’est pas la musique en elle-même qui a fait passer les battements de mon cœur de 78 à 150 pulsations par minute, mais plutôt la fin de ma chimère où j’embrassais de manière virile et torride Gloria l’hippopotame. Sauf que cinq minutes auparavant, je tenais dans mes bras musclés la fragile et magnifique Betty. Nous étions allongés sur une plage de sable blanc désertique avec comme seul vêtement les lueurs rougeoyantes du coucher de l’astre d’Hélios. Nous commencions à nous caresser tendrement, ce qui allait mener inévitablement aux choses sérieuses. Imaginez le choc.
Afficher en entierMême si cela fait six mois, je ne m’habituerai jamais à être mort.
Six mois que j’erre dans la ville. J’observe tout le monde, n’importe quand et n’importe où. Personne ne me voit, ne me sent et pourtant je suis là. C’est frustrant.
Tiens… On s’est peut-être déjà croisés. Vous m’avez frôlé un jour, en revenant de votre travail ou en sortant du musée de Manhattan. Vous avez dû sentir à cet instant précis un courant d’air froid remonter le long de votre colonne vertébrale. Vous avez pensé sans doute que c’était un problème de climatisation. Mais détrompez-vous, elle fonctionne très bien. Ce n’est que moi.
Je vous ai sûrement contemplé, à travers la vitrine du fast-food, en train de vous délecter d’un super hamburger géant double ration de fromage et bacon, servi avec ses frites grasses à souhait. Je vous ai sûrement regardé d’un air consterné, assis dans le caniveau, pendant que vous vous soûliez à la vodka, et que votre meilleur ami vomissait dans la poubelle d’à côté. Je vous ai également surpris en train de vous promener dans un parc, à jouer les touristes avec votre dépliant qui s’envole à cause d’une rafale de vent. Moi, ces sensations épicuriennes, je ne les connais plus.
Afficher en entierCupidon Mortel - Chapitre 1 :
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