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Sa femme le suivit puis se ravisa :
-Astrid vous aimez beaucoup.
Je me sentais mal à l'aise. Quelle peste j'étais de ne pas ressentir plus de peine !
- Elle nous disait si souvent : " ma voisine n'a pas grand chose pour elle, mais elle est si serviable..."
Mentalement je me vis piétiner le cadavre d'Astrid : irrécupérable teigne même de l'au-delà.
Afficher en entierMoi, c’était tout l’inverse : j’avais depuis dimanche littéralement noyé mon chagrin et mon amour-propre dans de la crème glacée : le régime épaississant parfait. Alors que je me félicitais d’avoir repris le contrôle de mon corps depuis quatre mois, en quelques jours je me sentais plus boudinée que jamais dans mon pantalon.
Je répondis :
OK pour dix-neuf heures. J’ai de quoi boire, ramène à manger.
Je ris toute seule. Amanda ne buvait pas une goutte d’alcool, et je savais que cela allait la mettre en rogne. Curieusement, je constatai que je me sentais plus légère que la veille. Jules n’était pas fait pour moi, voilà tout. Nos chemins s’étaient séparés, un peu brutalement, certes, mais c’était ainsi...
Je dévalai l’escalier de mon immeuble, passai dans le hall en ignorant tout d’abord la boîte aux lettres, puis me ravisai. Je trouvai une enveloppe portant mon prénom au beau milieu d’un monceau de publicités. L’écriture de Jules ! Ma poitrine se serra tandis que je la décachetais ! Très certainement des excuses ! Probablement une lettre d’amour ! Il ne sait sûrement pas comment s’y prendre pour me reconquérir, pauvre diable ! Une gifle virtuelle de plus sur mon visage : la clé de mon appartement, pas un mot, rien de plus... Je balançai l’enveloppe dans mon sac à main : le sentiment d’apaisement éprouvé seulement quelques minutes plus tôt n’était désormais plus qu’un lointain mirage, piétiné par une horde de ballerines ricanantes.
Un malheur n’arrivant jamais seul, je tombai nez à nez avec ma voisine de palier.
— Bonjour, Joséphine !
— Bonjour, Astrid.
— Quelle mine tu as ! Tu devrais prendre un peu de vacances !
— Bonne idée. J’y penserai.
Je la maudis intérieurement : elle ne ratait aucune occasion de se montrer cassante. Elle avait emménagé six mois plus tôt pour suivre les cours Florent… Comme tant d’autres, m'étais-je alors moquée en la voyant chaque jour quitter son appartement toujours pimpante et guillerette. J’avais été mauvaise langue : elle avait décroché rapidement plusieurs pubs TV, et, il y a peu, le rôle principal d’une série policière. Comme elle était évidemment très jolie, je doutais qu’elle loge là encore très longtemps. Ses revenus avaient dû considérablement augmenter si j’en jugeais par le petit coupé sport récemment acheté, ou encore par les multiples résumés de week-ends à l’étranger auxquels j’avais, à mon grand désespoir, régulièrement droit.
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