Du jeu, des enfants et des livres

Résumé

Le livre aujourd'hui devant la concurrence de l'image animée se voit obligé de redéfinir sa place et ses fonctions ; il est tenu aussi d'augmenter le rôle des lecteurs impliqués dans la nouvelle société de communication.

C'est pourquoi l'édition, dans sa recherche des marchés, multiplie les objets ludiques qui sollicitent l'imagination du public par leur aspect concret même (albums animés, livres d'images, "livres dont vous êtes le héros", etc). La lecture se situe ici délibérément du côté de la "surprise", c'est-à-dire du scénario de Noël et du "don" sur lequel se concentre l'imaginaire de la consommation moderne.

Mais le livre détient surtout son pouvoir du spectacle d'une démarche unique ; dans les romans surtout, il "parle" alors volontiers comme une personne, s'abandonne au Carnaval de l'humour et de la déambulation. Il se trouve ainsi à l'autre pôle du jeu représenté : celui des bêtises amusantes - et parfois tragiques - de l'enfant, marques d'une autonomie qui repousse toujours plus loin les limites de l'invention fantasque et de la liberté.

C'est en rattachant l'acte de lire au système des fêtes, mais plus encore à l'économie affective du joueur que la littérature gagne sérieusement ses lecteurs. Non pas en supprimant l'effort, mais en l'intégrant à la dynamique des rituels initiatiques.

Au mieux, en instituant une politique d'œuvres rares.

Telles sont les propositions que cette étude approfondit à travers une analyse de la littérature contemporaine.