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Il ne lui fallut que peu de temps pour regagner Santiago. La Chevrolet ne dépassait pourtant pas le quatre-vingt-dix. Il flâna le lendemain dans la ville, goûtant le soleil et l’atmosphère de liesse populaire. Il avait rendu compte au correspondant local, qui s’était permis de hausser les épaules devant l’évidence de la facilité d’une telle mission. Le lendemain, il remontait dans l’avion qui, via New York, le déposerait à Berlin
Afficher en entierLe jour suivant, il épuisa la Chevrolet sur la route de Valparaiso à Iquique. Il ne lui fallut qu’une heure pour repérer la cible. Un vieillard encore alerte, qui sommeillait au soleil, sur le patio de sa villa un peu délabrée, vautré dans un hamac. La maison, totalement isolée en bordure du littoral, était à mi-chemin d’Iquique et d’Arica. Ne te gêne pas, lui avait-on dit, tu verras : tout le monde s’en fout
Afficher en entierOn ne lui avait alloué que trois jours pour tout régler. Une carte de journaliste d’un pays très populaire sous le Chili d’Allende favoriserait ses déplacements, et le correspondant local avait, paraît-il, soigneusement préparé le terrain. Mais, pour des raisons de sécurité, il était hors de question qu’il exécute le travail lui-même
Afficher en entierLe lendemain matin, un riverain matinal découvrit le cadavre sur la chaussée. Le cousin fut prévenu sans tarder, et une ambulance du SAMU annonça son arrivée, en meuglant puissamment. Mais Isaac était décédé depuis plusieurs heures. Il fait froid la nuit, en novembre, et ce pauvre type avait cru bon de piquer un petit sprint jusque chez son hôte ! Ce que son état de santé ne lui permettait pas, surtout après un repas bien arrosé, comme celui qu’il avait pris la veille au soir. Le cadavre fut rapatrié par avion sanitaire le lendemain jusqu’en Israël et enterré trois jours plus tard, près de Jérusalem
Afficher en entierLes yeux exorbités, grimaçant de douleur, Isaac hoquetait de terreur devant la douleur montant dans son bras gauche. Il vit les visages calmes des deux hommes, au-dessus de lui. Leur regard était neutre ; tout au plus pouvait-il déceler le vague intérêt que son agonie suscitait chez eux. La douleur déchirait le bras gauche, cisaillant la saignée du coude, puis elle remonta d’un bloc, vrillant le thorax… Isaac venait de mourir d’un infarctus médicalement incontestable. Le correspondant de Tel-Aviv aurait de l’avancement
Afficher en entierIl attendait dans une camionnette, garée tous feux éteints le long de la route s’enfonçant entre les pavillons aux volets clos qu’Isaac allait emprunter. Il était 23 h 45. Isaac remonta frileusement le col de son pardessus et se mit en marche. Au bout de cent mètres, la camionnette le rattrapa, roulant au pas à côté de lui. Il vit le visage souriant du conducteur, puis, tout de suite après, il sentit le canon d’un revolver, dans son dos
Afficher en entierEn bref, il rentabilisait au maximum le temps de son séjour, ne s’accordant que peu de repos. Trois jours durant, ils le filèrent. De la chambre de commerce au Salon des arts ménagers, de la sortie du restaurant où il semblait avoir ouvert un compte, jusqu’à la gare de l’Est. Ils s’offrirent même le luxe de l’accompagner en train, prenant place à ses côtés dans le wagon de queue. Mais le quatrième soir, Isaac ne retrouva qu’un seul des deux voyageurs habituels. Ce devait être un ouvrier, à en juger par sa mise. Petit costume étriqué, grosse serviette de skaï d’où dépassait le tissu d’un bleu taché de cambouis, regard fatigué déchiffrant avec peine les intertitres de France-Soir
Afficher en entierComme d’habitude, ils étaient deux. Accoudés à la balustrade de la terrasse, ils surveillaient les pistes. Lorsqu’ils virent les couleurs d’El Al sur les flancs du Boeing, ils descendirent jusqu’au rez-de-chaussée pour se poster devant les guichets de douane
Afficher en entierL’aéroport de Lod était protégé par des soldats en armes. Isaac Goldberg avait noté avec satisfaction le renforcement de la surveillance dans l’aéroport et aussi sur la route menant de Tel-Aviv à Lod. Les récents attentats palestiniens, en cet automne 1972, avaient fait de la zone entourant les pistes d’atterrissage un véritable camp retranché. Isaac patientait donc, son billet pour Orly à la main, poussant du pied sa valise au fur et à mesure que la file avançait. Le décollage était prévu pour 14 heures, mais, au train où allaient les choses, il serait sans doute retardé. Isaac se rendait à Paris pour affaires. Il dirigeait une petite entreprise d’import-export, achetant des articles électroménagers en France pour les revendre en Israël
Afficher en entierAussitôt, l’homme aux jumelles saisit un sac de toile, tout en se ruant sur le corps sanguinolent. Il coiffa la tête pendante avec le sac, empêchant ainsi que le sang ne se répande à terre. Aidé de son ami, il porta Leguilvec en courant à petites foulées vers l’endroit où marchaient les autres chasseurs. Ceux-ci avaient poursuivi leur chemin et dépassé le tertre au sommet duquel les deux assassins s’étaient cachés quelques minutes auparavant. Ils déposèrent le cadavre près d’un tronc affalé sur le sol et ôtèrent le sac de toile. Le sang se répandit en longs méandres sur le tapis de feuilles mortes. Puis ils prirent la fuite en courant sans hâte. Leur voiture attendait sur un chemin vicinal, à deux kilomètres de là
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