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Certaines femmes ne savent pas ce qui est bien pour elles, elles se contentent de déborder d'amour sans rien exiger en contrepartie. Oui, c'est comme si cette absence de contrepartie, justement, les embrasait plus encore. Elles doivent continuer d'espérer être un jour récompensées, les pauvres. Un amour plein d'espoir, désespérant. Quelqu'un devrait leur apprendre que ce n'est pas ainsi que marche le monde.
Afficher en entierElle éclata de rire et me donna un coup de coude. Qui diable aurait pu savoir que j'avais un comique en moi ?
"Pourquoi ne pas simplement nous enfuir ? Toi et moi, on aurait pu bien s'en sortir. Je pourrais faire la cuisine et toi, tu pourrais…"
S phrase resta en suspens comme un pont laissé inachevé par une banqueroute.
"J'aurais bien voulu m'enfuir avec toi, Corina, mais je n'ai pas un Kopeck".
Afficher en entierElle semblait s'ennuyer. But du cat. Parla au téléphone. Lut un peu un magazine, mais ignora les journaux. Disparut dans la salle de bains, avant de ressortir, toujours en peignoir. Mit un disque sur lequel elle dansa sans grande conviction. Du rock, semblait-il. Mangea un peu. Consulta sa montre. Bientôt six heures. Elle passa une robe, arrangea ses cheveux et changea de disque. J'ouvris la fenêtre et essayai d'écouter, mais il y avait trop de circulation. Je saisis donc de nouveau les jumelles et tentai de faire la mise au point sur la pochette de disque qu'elle avait laissée sur la table basse. On aurait dit un portrait du compositeur sur le devant. Antonio Lucio Vivaldi ? Qui sait ? Le truc, c'est que la femme auprès de laquelle Daniel Hoffmann rentra à six heures et quart était tout autre que celle avec laquelle j'avais passé la journée entière.
Ils s'évitaient. Ne se touchaient pas. Ne se parlaient pas. Comme deux électrons qui se repoussent parce qu'ils ont la même charge négative. Mais à la fin, ils refermèrent la porte de la même chambre.
Afficher en entierTu n'as été là jusqu'à aujourd'hui que parce qu'il n'y avait personne d'autre. Tu as comblé un vide dont j'ignorais l'existence.
Afficher en entierIls tourbillonnaient ensemble, le vent et la neige, tournaient et tournaient sur les quais, dans le noir, entre les hangars fermés pour la nuit. Jusqu'à ce que le vent se lasse et laisse sa partenaire de danse tout contre le mur.
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La neige dansait comme du coton dans la lumière du réverbère. Sans direction, sans savoir si elle voulait monter ou descendre, elle se laissait simplement guider par ce foutu vent glacial qui venait des grandes ténèbres du fjord d'Oslo. Ils tourbillonnaient ensemble, le vent et la neige, tournaient et tournaient sur les quais, dans le noir, entre les hangars fermés pour la nuit. Jusqu'à ce que le vent se lasse et laisse sa partenaire de danse tout contre le mur. Mur où la neige sèche, soufflée de part en part, s'était agrégée sous les chaussures de l'homme dans la poitrine et la gorge duquel je venais de tirer.
Le sang gouttait de son col de chemise. Maintenant, ce n'est pas comme si j'en savais tellement sur la neige – ni sur quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs –, mais j'ai lu que les cristaux de neige qui se forment par grand froid sont différents de ceux de la neige mouillée, à gros grains ou croûtée. Que c'est la forme des cristaux et la sécheresse de la neige qui font que l'hémoglobine du sang conserve sa teinte rouge profond. Quoi qu'il en soit, la neige sous lui m'évoquait un manteau royal de pourpre et d'hermine, comme ceux des dessins du livre de contes populaires norvégiens que ma mère avait eu l'habitude de me lire. Elle aimait les contes et les rois. C'est sans doute pourquoi elle m'a donné le nom de l'un d'entre eux.
Afficher en entier"Assis sur la rive, j'avais contemplé la surface en songeant que c'est ce que nous laissons derrière nous, quelques anneaux dans l'eau qui sont là un moment puis disparaissent. Comme s'ils n'avaient jamais été là. Comme si nous n'avions jamais été là."
Afficher en entier"Je ne sais pas comment je pourrais rendre quelqu'un comme toi heureux, parce que je suis quelqu'un qui détruit, pas quelqu'un qui crée de la vie et du sens."
Afficher en entier"Je suis une personne qui a choisi comme gagne-pain de tuer mes prochains. Je laisse aux gens une certaine marge de manoeuvre quand il s'agit de leurs moeurs et motivations."
Afficher en entierDonc. En résumé, nous pouvons formuler les choses ainsi : je n’arrive pas à rouler lentement, je suis soft comme du beurre, je tombe bien trop facilement amoureux, je perds la tête quand je suis furieux, et je suis mauvais en maths. J’ai lu un ou deux trucs, mais j’en sais bien peu et en tout cas pas le genre de choses qui peuvent être utiles. Et j’écris plus lentement que ne se forme une stalactite. Alors à quoi diable un homme comme Daniel Hoffmann pouvait-il employer un homme comme moi ? La réponse est – comme vous l’aviez peut-être déjà déduit – expéditeur.
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