Extraits

Et le duc sortit de la bibliothèque en fronçant les sourcils.

Une heure plus tard, Bracken quittait Londres à cheval. Il ressassait de sombres pensées : en somme, Freddie et le secrétaire étaient tombés d’accord pour le trouver en moins bonne condition.

Il s’était toujours réjoui de se maintenir – à l’inverse de ses contemporains –

aussi mince et athlétique qu’au temps de l’armée. En ces années-là, les longues chevauchées à travers des contrées hostiles, les combats, l’incertitude du lendemain, tout concourait à faire de lui un jeune Samson.

Samson était devenu son surnom parmi les troupes de Wellington et à son retour, il avait donné ce nom au plus bel étalon de ses écuries. Le grand cheval noir requérait la force et la compétence de son maître pour être dompté.

Néanmoins, par honnêteté, le duc devait s’avouer qu’en dépit de nombreux combats de boxe, leçons d’escrime et chasses à courre, il avait pris un peu de poids.

Freddie n’avait pas exagéré en assurant que son personnel le dorlotait et que tout lui arrivait sur un plateau d’argent.

Il trouvait normal d’avoir des draps du lin le plus fin sur des matelas de plume, une nourriture raffinée, des vins choisis.

Sans oublier les plus belles femmes de la capitale, qui tendaient vers lui leurs lèvres carminées, leurs bras si blancs…

« Ce n’est pas une existence virile ! J’aurais dû le comprendre plus tôt !

se disait-il avec dépit. Freddie a raison. Vais-je découvrir un nouveau sens à

ma vie ? J’en doute, mais sait-on jamais ? »