Ajouter un extrait
Liste des extraits
Elle avait arrêté depuis un an et n'avait pas repris.
Sauf le reste. La coke, la bonne fée blanche qui l'aidait à affronter toutes ces nuits sans répit depuis plus de trente ans. Comme d'autres ingurgiteraient des anxiolytiques ou des antidépresseurs.
Afficher en entierLe hululement du sonar retentit à ses oreilles. Aussi lugubre que le cri d'un oiseau de nuit. Hannah ouvrit les yeux sur une pénombre urbaine en pointillés. Non, elle ne se trouvait pas dans un sous-marin.
Afficher en entierBaxter se retrouva devant lui comme au pied d'un arbre. Il lui sembla immense. Il avait dû être un baobab dans une vie antérieure.
Afficher en entier_ En Afrique, vous allez voir ce que vous ne verrez nulle part ailleurs, l'avait avertie Collins. Au début, vous croirez que votre esprit vous joue des tours, mais c'est tout simplement parce que, ici, les forces de la nature sont impénétrables.
Afficher en entierElle mettrait deux ou trois semaines, peut-être plus, à le deviner, le percevoir au fond d'elle. Mais tout d'abord, elle devait penser comme lui. Atteindre ses fantasmes, en démanteler le sombre mécanisme. Ensuite, elle entendrait sa voix dans sa tête, devinerait le moment précis où il commettrait son meurtre. Très vite il l'habiterait, l'accompagnerait jour et nuit, sans relâche.
Afficher en entierHanah sentait son pouls battre au galop. A côté de l'univers que lui décrivait Swili, les rue de New York et même le Bronx lui paraissaient être le monde des Bisounours.
Afficher en entierMais pour sortir indemne de toutes ces horreurs, il fallait avoir soi-même un profil particulier. En tout cas, être sacrément blindé ou un peu dérangé. Dans ce contact permanent avec le mal, les insomnies et les crises d'angoisse doublées de paranoïa étaient, la plupart du temps, la rançon du succès de Baxter.
Afficher en entierDes petits Kiosques où l'on pouvait déguster de la banane plantain en barquette frite à l'huile de palme ou de moteur. D'autres vendaient des mangues, des papayes ou des noix de coco percée, dont on aspirait le jus à l'aide, d'une paille en même temps que le virus de l'hépatite.
Afficher en entierNairobi, 7 h 29
Le jeune Salim avait déjà vu du sang dans sa courte vie. À commencer par le sien, qui coulait d'une plaie après qu'il se fut entaillé un doigt ou écorché les genoux. Il savait même que les filles, à la puberté, en perdaient tous les mois et que c'était le signe qu'elles étaient devenues des femmes. Il en avait vu aussi à la télévision et dans la rue. Des images gluantes, le bitume ou la terre, rougis du sang versé lors de combats fratricides. Des crimes, des guerres sans fin.
Le sang était la vie et la mort.
Ce matin de juin, debout sur son vélocross, à évaluer les aspérités exploitables du sol à des fins acrobatiques, il fit une découverte singulière.
Sur le terrain vague des faubourgs de Nairobi où il avait l'habitude de se retrouver avec ses copains, un miroir pourpre réfléchissait les rayons du soleil naissant.
Il donna quelques coups de pédale et s'approcha, tel un animal curieux. La chose se révéla plus précisément. C'était la surface lisse et luisante d'une grande flaque de sang encore frais, dont l'odeur métallique avait dû alerter les deux hyènes qui venaient de s'enfuir, dérangées dans leur festin par le petit d'homme et sa monture.
Les charognards se risquaient rarement aux abords des villes. Mais le sang sur la terre desséchée avait attiré les animaux nécrophages à plusieurs kilomètres.
Salim regarda partout autour. Il manquait quelque chose à cette scène. Un corps, un cadavre. Le garçon émit un petit sifflement. Il avait dû être sacrement amoché, le type. Un homme, ou une femme. Peut-être un enfant. Salim grimaça.
Où était-il passé, le mort ? Enterré quelque part ? Dévoré ? Le plus étrange dans tout ça, c'était la forme de cette traînée de sang. Celle d'une croix.
L'enfant demeura là, devant, immobile sur son vélo, le menton frémissant, partagé entre son appréhension et l'excitation d'avoir découvert quelque chose d'insolite. Ses yeux tombèrent dans leur propre reflet, une paire de prunelles noires, incertaines, au fond du miroir sanglant, où il vit son visage se rider doucement, puis se troubler. Il fit une boule de salive qu'il cracha dans la flaque. Elle laissa une empreinte blanchâtre avant de se dissoudre. Il balaya les environs du regard. Personne en vue. Ses frères avaient du retard ou bien ne viendraient pas aujourd'hui.
Soudain, poussant un cri de guerre, il appuya d'un coup sec sur la pédale et la 'roue avant de son bicross plongea dans la traînée rougeâtre, fendant avec un bruit mouillé la pellicule visqueuse qui avait commencé à se former à la surface.
Les baskets et le cadre de son vélo couverts de mouchetures pourpres, Salim freina, soulevant une volute de poussière. Il fît brusquement demi-tour dans un crissement de pneus et fonça droit sur la croix sanguinolente, comme si elle n'était qu'une vulgaire trace de peinture fraîche. À chaque passage forcené, les roues du bicross dessinaient des arabesques rouges. Bientôt, il n'y eut plus que des graffitis écarlates dans la poussière.
Afficher en entier« Une affaire des plus complexes. Un mystère total. »
Elle pouvait lui faire confiance lorsqu’il s’agissait d’évaluer la difficulté des missions. Aucune surenchère. Collins n’était pas marchand de tapis, mais flic. Un excellent professionnel qui, malheureusement, ne disposait pas de moyens suffisants pour la plupart des enquêtes. Là, il semblait décidé à mettre le paquet.
Comment ferait-elle « parler » le corps des victimes, cette fois, puisqu’il n’y en avait pas ?
À quoi allait-elle être confrontée ? Et que représentaient ces croix sanglantes ? Le corps était-il enterré plusieurs mètres au-dessous ?
Une bonne partie de sa vie, Hanah avait suivi cette route. La route du mal. La route du sang. Celui des victimes et parfois du tueur. Son destin était tracé au rouge. Elle aurait pu ne pas choisir cette voie. Mais avait-elle vraiment eu le choix ? Le libre arbitre n’est-il pas un mythe, une invention, pour avoir l’illusion d’échapper à son destin ?
La question sans réponse hantait encore ses nuits.
Afficher en entier