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« Vous trouverez quelqu’un à aimer, Sarène, promit Roial. Vous êtes une récompense – une récompense plus grande encore que le trône auquel vous serez liée. »
Afficher en entierRaoden s'avança centimètre par centimètre pour risquer un regard à l'angle de la rue. Il aurait dû transpirer ; en fait, il ne cessait de s'essuyer le front, et donc de le tartiner de la crasse omniprésente d'Elantris. Genoux tremblants, il se colla à la clôture en bois pourri pour guetter un danger au carrefour.
« Sule, derrière toi ! »
Le prince fit volte-face en entendant l'avertissement de Galladon, dérapa sur les pavés boueux et s'étala. La chute le sauva. Il tâchait de trouver une prise pour se relever quand il sentit un déplacement d'air au-dessus de lui alors qu'un fou hurlant percutait la barrière ; des éclats de bois fusèrent.
Il se remit debout tant bien que mal. Son assaillant réagit beaucoup plus vite. Chauve, presque nu, hululant et grondant comme un chien, il acheva de démanteler la barrière.
Galladon lui abattit une planche sur la figure, puis profita de son hébétude pour ramasser un pavé et le lui flanquer dans la tempe. Le fou s'effondra pour ne plus se relever.
Le Dula se redressa, puis lâcha le pavé. « Ils gagnent en force, sule. On dirait qu'ils ne ressentent plus la souffrance. »
Raoden hocha la tête et tenta de se calmer. « Ils n'ont pas pu capturer un seul nouveau venu depuis des semaines. Le désespoir les gagne et ils sombrent toujours davantage dans la bestialité. J'ai entendu parler de guerriers qui enragent tant et si bien durant leurs combats qu'ils ignorent des blessures mortelles. » Le jeune homme s'interrompit ; Galladon piquait le corps de l'attaquant à l'aide d'un bâton pour s'assurer qu'il ne feignait pas. « Ils ont peut-être trouvé le secret ultime qui les préserve de la douleur.
– Oui, il leur suffit de renoncer à leur humanité. » Le Dula secoua la tête et ils repartirent à pas de loup dans le marché d'Elantris, parmi les débris de métal rouillé et de céramique gravés d'aons qui s'y entassaient. Ces vestiges produisaient jadis des effets merveilleux, pour des prix astronomiques. Ils ne formaient plus que des obstacles à contourner ou enjamber – marcher dessus aurait produit un concert de crissements et de grincements qui aurait alerté tout le voisinage.
« On aurait dû amener Saolin, murmura Galladon.
– Non, fit Raoden sur le même ton. C'est un bon soldat et un excellent compagnon, mais la furtivité n'est pas son fort. Même moi, je l'entends approcher. Et il aurait voulu prendre un groupe de gardes avec lui. Il refuse de croire que je sais me défendre par mes propres moyens. »
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