Commentaires de livres faits par Elenagreen4
Extraits de livres par Elenagreen4
Commentaires de livres appréciés par Elenagreen4
Extraits de livres appréciés par Elenagreen4
Les chapitres de La Vie avec Marianne oscillent majoritairement entre l’absurde et un certain fantastique, mais la ligne de démarcation entre les deux genres est parfois brouillée, une partie du texte pouvant se réclamer de l’un comme de l’autre ; en outre, certaines pages sont saupoudrées d’un humour voire d’une cocasserie – parfois macabres – qui évoquent les nouvelles d’Italo Calvino. L’absurde selon Bayer procède dans plusieurs chapitres d’un art consommé du décalage. Le narrateur et Marianne ont des réactions inattendues dans certaines situations, prenant l’extraordinaire pour le banal, quand ils ne plongent pas dans le plus grand sérieux philosophique au beau milieu de la luxure…
Quant au fantastique, il participe de celui qu’ont initié des écrivains comme Kafka ou Gogol – un fantastique dont l’objet est l’homme, l’homme en tant qu’énigme pour lui-même. L’homme confronté à l’énigme du monde qu’il a mis en place. Oubliés, les monstres mythologiques et autres créatures terrifiantes. Les personnages de Bayer vivent dans notre monde, jusqu’à un certain moment : celui où des trappes s’ouvrent sous leurs pieds. Un court-circuit fait dérailler le réel. Une porte s’entrebâille vers un fantastique léger, le tout à la lumière discrète de nos mythes. Et c’est alors, à la faveur de ce basculement, que Bayer, dans sa grande liberté, nous fait revisiter à sa façon certains genres littéraires, comme le conte gothique, ou encore l’anticipation post-apocalyptique quand il prend à rebours les peurs engendrées par le dérèglement climatique et plonge dans un froid irréversible. Ici et là affleurent des thèmes légendaires ou bibliques – la descente aux enfers, à la faveur d’un escalier en bout de cave, ou une curieuse montée au Ciel, quand ce ne sont pas les anges gardiens déguisés en drones. Dans le monde insécure de ce début de xxie siècle, Xaver Bayer guette les points où tout risque de déraper, et il excelle d’ailleurs à savonner la planche sous les pieds de ses personnages, empruntant parfois aux coutumes alpines comme le « Perchtenlauf », qui étonnera plus d’un lecteur francophone et qui se perpétue pourtant bel et bien dans certaines vallées – sans aller jusqu’au point où nous conduit la plume de l’écrivain.
Enfin, peut-être devrait-elle plutôt dire : Qu'elle chance d'aimer manger! Quelle chance d'être vivante, c'est surtout ça qu'elle voulait dire. Parce que même dans les pires moments, dans les pires souffrances, il faut bien manger, tout de même.
verture orange dans lequel, au gré de mes pensées, je consignais négligemment d’excellents mots d’auteur, qui, dès leur publication, feraient tomber à genoux, et en pâmoison, mes lectrices stupéfiées par un tel degré de génie. Je l’effleurai avec ce sen-
timent de quiétude qui me gagnait chaque fois que je l’avais en main. Mais qu’étaient ces autres papiers dans la poche ?
D’anciennes listes de courses que j’avais omis de jeter ? J’en pris un au hasard, reconnus mon écriture et lus ces sentences sans appel : « Rebut, déchet ! Raclure, enflure ! » Je reconnus sans peine l’encre noire et l’épais tracé du stylo que j’avais acheté
avant de prendre le train du retour. « Blaireau, rond-de-cuir de la littérature ! Distributeur de flatteries ! » Quand donc avais-je pu griffonner de tels mots ?
A travers des livres et des films, il sera question ici des recoins cachés d’une culture et d’une société, de ses tabous, de ses travers et autres défauts, mais aussi des spécificités et des immenses qualités d’une société qu’on ne peut connaître si l’on refuse de regarder ses aspects plus sombres.
Chaque chapitre est une fenêtre ouverte sur un aspect de la société nipponne, par laquelle je jette un regard d’écrivain – en aucun cas celui d’un spécialiste. Peut-être émergera-t-il de cet archipel de livres et de films un portrait (très subjectif) du Japon d’hier et d’aujourd’hui.
"Une supposition que tous les jours un homme devrait essayer de tuer la lune ? pensa-t-il. Bon, la lune se débine. Mais une supposition que tous les jours un homme devrait essayer de tuer le soleil ? On a encore de la veine d'être comme on est" pensa-t-il.
Chez MondoNews, dans le monde réel, personne ne s'est jamais jeté dans le vide: climatisation oblige, les fenêtres sont constamment verrouillées. Et puis, persiflent les plus acerbes, le vide, c'est MondoNews, impossible de s'y jeter puisque nous en faisons déjà partie. Nous baignons dedans. Quant au grand patron, il serait difficile de le prendre en otage. Existe-t-il seulement, n'est-il pas plutôt une création numérique ou un hologramme? De lui, nous ne voyons que les messages d'autosatisfaction qu'il nous envoie de son Olympe, de temps à autre, répétant que la stratégie suivie est la seule possible et nous invitant à persévérer sur la voie tracée. Pour le séquestrer, il faudrait effectuer un long voyage, s'introduire à l'intérieur d'un gratte-ciel de Seattle en déjouant la sécurité puis se hisser au sommet, dans le séjour des dieux de la presse, au cœur du Siège mondial de MondoNews. Le trouverions-nous, ou tomberions-nous sur un bureau désert?