Extraits

Dans un studio de location à Tottenham, le barman italien Alessandro Romano a le coeur brisé quand il rentre du travail à deux heures du matin, parce qu'il s'est fait larguer par son amante, Edith Thorne, qui devait sauver son mariage parce qu'elle a été démasquée par une journaliste du nom Stacey Collins, dont l'amie Maggie a perdu foi en son métier et décidé de répandre des ragots sur ses clients, et ce parce que qu'un agent immobilier du nom Roger a passé ses nerfs sur elle après avoir accidentellement reçu un SMS malveillant de son collègue Ollie, qui utilisait un téléphone auquel il n’était pas habitué parce qu'il s’était fait voler son BlackBerry par un gamin obèse, Julius. Et Julius avait besoin d'argent pour son adhésion au club de gym, parce qu'il a été viré par le patron de restau égocentrique Andrew Ryan, en réaction excessive à une mauvaise critique rédigée par Jacqueline Carstairs, qui, elle, était de mauvaise humour parce que son fils Frankie a été passé à tabac par des petites brutes. Tout ça parce que Xavier n'a pas su l'empêcher. Alessandro, onzième personne de la série qui commença par cette froide journée de neige, promène sur son appartement exigu et sombre un regard à mi-chemin du dégoût et du désespoir.

Il la regarde, droite sur sa selle, sa robe menaçant de se prendre dans les rayons tandis qu'elle remonte péniblement la pente, ses genoux arthritiques, ses cuisses, ses hanches et ses fesses fléchissant comme les différentes pièces d'une machine tandis qu'elle tourne les pédales, se levant presque complètement dans la partie la plus raide de la pente. Elle s'arrête en haut de la colline pour laisser une voiture en excès de vitesse et lance un regard en arrière, Xavier agite la main, et se demande où elle va.

Même si l'endroit est resté en assez bon état depuis les améliorations apportées la semaine dernière, son apparence s'est encore améliorée cette fois-ci. On a passé l'aspirateur dans l'escalier commun ; le tapis usé et démodé est presque moelleux sous ses pieds. dans le bureau impeccable, tout est parfaitement à sa place. Le couvre-lit est aussi lisse que la surface d'un lac, et les draps, en dessous, ont un air de papier neuf.

Alors il l'empoigna et l'embrassa, ils s'embrassèrent là, sur la terrasse, jusqu'à ce que tous les regards se tournent vers eux et que des applaudissements retentissent, des applaudissements et des sifflets, jusqu'à ce que tous leurs amis déclarent que vraiment, ce n'était pas trop tôt !

L'après-midi, il repense à l'incident avec un certain malaise : il aurait pu faire beaucoup plus. Bien sûr, il aurait aussi pu faire beaucoup moins : il aurait pu ignorer la scène. Ce qui aurait peut-être mieux valu qu'une tentative si timide. Il se demande dans quel état le gamin est rentré chez lui, puis s'empresse d'écarter ces conjectures.