Extraits

- Je suis perdue, Ethan. Complètement perdue.

- On est tous perdus, chacun à sa manière. Beaucoup de gens ne l'admettront jamais à voix haute et n'essaieront jamais de changer. Toi, tu fais les deux.

Je n’ai aucun souvenir de la soirée d’hier. C’est quelque chose qui m’arrive souvent mais, aujourd’hui et pour une raison que j’ignore, je me sens plus mal que d’habitude.

Un doux parfum émane de la couverture dans laquelle je suis blottie. Je connais cette odeur. Elle me fait du bien. J’ouvre les yeux et je reconnais aussitôt les affiches sur les murs et la batterie dans le coin. Je pousse un soupir de soulagement. Je suis chez Ethan. Dans son lit. En me redressant, je réalise que je porte un de ses tee-shirts. Est-ce que j’ai couché avec lui ?

Je passe une main dans mes cheveux en essayant de me rappeler quelque chose. Tout ce qui me revient, ce sont des étoiles, des tulipes, une machine qui fait « bip » et une odeur de désinfectant…

— Tu te sens mieux ?

La voix d’Ethan me fait sursauter. J’ai mal au ventre et à la tête.

— Heu… Qu’est-ce qui s’est passé ?

Il marche jusqu’au lit et s’assied à mes pieds.

— Tu ne te souviens de rien ?

— Non… Enfin, si… d’avoir traîné sur le parking d’en bas… et d’un mec qui m’a invitée à une fête…

Je refuse de croiser son regard. J’ai honte, mais je ne sais pas pourquoi. C’est alors que je remarque le bracelet d’hôpital à mon poignet.

— Tu as fait une overdose.

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— Je t’ai offert mon cadeau de Noël. Maintenant, j’attends le mien.

— Tu veux jouer à ça ?

Sans réfléchir, j’ai dégrafé mon soutien-gorge rouge en dentelle et le lui ai jeté à la figure.

— Joyeux Noël, Ethan.

N’importe quel mec aurait éclaté de rire ou fait un commentaire cochon. Pas lui. Il a joué avec le petit noeud du soutien-gorge avant de le poser délicatement sur l’accoudoir du fauteuil.

— J’ai connu plus sexy.

J’ai lancé sur lui un sucre d’orge. Il l’a attrapé d’une main, a enlevé l’emballage et a mis le bonbon dans sa bouche en souriant comme un gamin.

— Tu m’as fait porter tes sacs toute la journée. Tu me dois bien ça.

— Je ne t’ai pas forcé à porter mes sacs ! Je te les ai tendus et tu les as acceptés.

— Je me fais toujours avoir. Un vrai pigeon.

— Un pigeon sexy, plaisante-t-elle.

Décidément, elle ne peut pas s’empêcher de me draguer.

— Tu ne comptes pas m’emmener dans un bar à striptease ?

— Pourquoi pas ? Est-ce que tu m’accompagnerais si j’avais envie d’aller dans un bar à striptease ?

— Je ne sais pas… Je ne risque pas d’attraper de l’herpès en entrant là-dedans ?

Il éclate de rire.

— Tout dépend de ce que tu touches.

Je rougis comme une tomate, ce qui est rare. Ethan est le seul qui soit capable de me mettre dans un

état pareil.

— Alors, je ne toucherai rien.

Je ferme mon journal et je le pose sur la table de nuit avec mon stylo. Lila fronce les sourcils.

— Tu étais en train d’écrire des méchancetés sur moi ?

— Pourquoi je les écrirais alors que je peux te les dire en face toute la journée ?

— Va te faire voir, Ethan.

— Tu m’as dit ça au moins vingt fois en deux jours. Je serais toi, j’élargirais un peu mon vocabulaire.

Elle pousse un soupir.

Puis, peu à peu, je réalise que je ne suis pas seule au monde. Pour la première fois de ma vie, quelqu’un est là, avec moi. Quelqu’un qui me comprend… et je laisse toutes ces émotions, celles que j’ai enterrées pendant tant d’années, me déchirer de part en part.

« London est morte… mais pas vraiment.

Elle est entre la vie et la mort. Perdue. Peut-être pour toujours. Qui sait ? Ce qui est certain, c’est que la vraie London a disparu. Son esprit vacille. London est à la fois morte et vivante, ce qui n’a aucun sens. Rien n’a jamais eu aucun sens, avec elle.

Il faut croire que cela ne changera jamais. »