Commentaires de livres faits par Ellea
Extraits de livres par Ellea
Commentaires de livres appréciés par Ellea
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- Merci, ai-je dit avant de détourner mon regard.
Il a retiré sa main de la mienne et ses doigts se sont posés sur mon menton.
Il m’a obligée à le regarder.
- Ne fais pas ça.
- Quoi ?
- Tu as tourné la tête. C’est de ma faute. Je t’ai fait croire que je ne voulais pas que tu me regardes. Sauf que de tout ce que je t’ai dit, ce mensonge était vraiment le plus gros, et c’est celui que je regrette le plus. J’avais commencé à baisser ma garde et ça m’a foutu la trouille. Je n’ai jamais eu de problème avec la façon dont tu me regardes. Mon seul problème, c’est ce que je ressens quand tu me regardes. Des choses que je ne suis pas censé ressentir – que je n’ai pas le droit de ressentir. Mais je ne supporte pas que tu ne me regardes plus, Greta.
- Et pourquoi j’en aurais envie ? Pour quelqu’un qui n’a pas cessé de me décevoir depuis le jour de sa naissance ?
- Alors c’est ça, hein ? Tu me détestes d’être né ? Parce que Maman a refusé d’avorter comme tu le lui avais demandé ?
- C’est complètement faux. C’est ce qu’elle t’a dit ?
- Même si elle ne me l’avait pas dit, je l’aurais deviné tout seul. C’est pour ça que tu as consacré ta vie à me rabaisser et à m’humilier – tu sais pas que ça me tue à petit feu ?
'Mon cœur s’est brisé en mille morceaux.'
- Ah bon ? C’est ça que j’ai fait ? Alors pourquoi tu n’es pas encore mort, hein, Elec ?
Je ne pouvais plus entendre ça. J’ai couru dans sa chambre. Elec était assis sur le bord de son lit, la tête dans les mains. Il sentait l’alcool à deux mètres. Son dos se soulevait et s’affaissait brusquement à chacune de ses respirations.
- Randy… arrête ! Stop ! Je t’en supplie !
Mon beau-père m’a dévisagée, confus, les bras croisés. Je ne reconnaissais plus l’homme qui se tenait devant moi.
- C’est ton fils, ton fils ! Je me fiche que tu penses qu’il le mérite, rien ne justifie de traiter son enfant comme ça !
'Mais qu’est-ce qui se passait, bon sang ?'
Victoria est allée voir Elec.
- Qu’est-ce qui se passe ?
Il a craché du sang par terre avant de répondre.
- Ne la laisse surtout pas rentrer avec lui.
J’ai regardé de nouveau Bentley.
- C’est parti de quoi ?
- De rien ! Ce fou m’a sauté dessus sans raison !
- Espèce de menteur, a sifflé Elec qui a voulu se jeter de nouveau sur Bentley, mais les deux hommes le retenaient fermement.
Deux officiers de police sont entrés et ont commencé à interroger Elec et Bentley séparément. Victoria et moi sommes restées sur le côté, observant la scène, perplexes. J’aurais aimé entendre ce qu’ils disaient aux policiers, mais ils étaient trop loin.
Lorsqu’ils ont eu fini, Elec est passé devant Victoria et s’est dirigé droit sur moi.
- On rentre, tu ne montes pas dans sa voiture.
- Tu te prends pour qui, à vouloir ramener mon rencard chez elle ? cria Bentley.
- On habite ensemble, espèce d’abruti !
Elec : Parce que j’adore ça.
Greta : Pourquoi ?
Elec : Tu ne pourrais pas m’expliquer pourquoi tu me regardes de cette façon alors que je me comporte comme un connard avec toi, et je ne peux pas te dire pourquoi j’aime autant t’agacer.
Mon Dieu. Je ne savais pas que mes sentiments pour lui étaient aussi évidents. Je devais lui paraître tellement bête et désespérée !
Elec : Respecte-toi, bon sang.
Quoi ? Sérieusement ?
Greta : Ne t’en fais pas. Je ne te regarderai plus.
Je n’en revenais pas qu’il m’ait dit ça. J’avais les larmes aux yeux, mais j’étais déterminée à ne pas le laisser me voir dans cet état et j’ai pris quelques minutes pour me ressaisir avant d’aller les retrouver.
Mon cœur battait à tout rompre. Incapable de parler, je me suis contentée de faire « non » de la tête.
-Je peux jouer aussi, tu sais.
Je n’ai même pas eu le temps de froncer les sourcils. Elec a pris mon visage dans ses mains et a écrasé sa bouche sur la mienne. Le métal de son piercing a raclé mes lèvres lorsque sa langue m’a obligée à ouvrir la bouche pour m’embrasser goulûment. J’ai gémi dans sa bouche, à la fois choquée et excitée d’être prise ainsi en embuscade par sa langue en feu. Tout mon corps tremblait. Son odeur était incroyable. J’ai eu l’impression d’être sur le point de m’effondrer tant mes sens étaient pris d’assaut.
Au bout de deux ou trois secondes, la sauce piquante dont sa langue était imbibée a commencé à s’emparer de la mienne qui est devenue brûlante à son tour. Cependant, même si ma bouche était en feu, pour rien au monde je n’aurais mis fin à ce baiser.
'Personne ne m’avait jamais embrassée ainsi.'
Soudain, il a reculé.
- Tu n’as pas encore compris qu’il ne fallait pas me chercher ?
Il a tourné les talons, me laissant pantelante dans le couloir, tremblante, étourdie.
'Jésus, Marie, Joseph.'
Elec a levé la tête vers Randy et a parlé d’une voix rauque.
- Où est ma chambre ?
- Au premier étage, mais tu ne vas nulle part tant que tu n’as pas dit bonjour à ta sœur.
Tous mes muscles se sont contractés en entendant ce mot, je n’avais aucune envie d’être sa sœur. Premièrement, lorsqu’il a enfin accepté de me regarder, j’ai eu la terrifiante impression qu’il voulait ma mort. Deuxièmement, maintenant que je l’avais vu en chair et en os, je ne pouvais ignorer que, si ma tête me disait de me méfier de lui, mon corps était déjà sous son emprise et qu’apparemment il n’avait aucune envie de s’en libérer.
- Morgan, il faut que tu saches que la Mer a longtemps été contre tout mélange entre les habitants de la Mer et ceux de la Terre, particulièrement en ce qui concerne les selkies, puisque nous pouvons nous changer en humain, même s’ils ne le savent pas. La Mer est une figure maternelle, jalouse et possessive, elle ne veut pas que nous oubliions notre héritage. Un traité a été signé il a bien longtemps : nous restons chacun dans notre royaume respectif, sauf pour exaucer des Vœux, mais notre sang ne doit jamais se mélanger. Si un enfant devait naître d’une telle union, il vivra, mais seulement jusqu’à son dix-septième anniversaire.
Morgan se laisse couler sous la surface de l’eau avant de refaire surface à la recherche d’oxygène.
- Je vais mourir ? résume-t-il, paniqué.
- Non, tu devras choisir. Vivre en tant qu’humain ou en tant que phoque. Tu ne pourras plus faire les deux.
Kevin tremble.
- Attends, tu ne traînes avec moi que parce que j’ai fait un vœu dans un moment de tristesse ?
- Kevin, je suis ici car j’en ai envie.
- Tu viens de dire que je suis une « mission », rétorque le jeune homme. Quelque chose que ton peuple se sent obligé de faire car j’ai pleuré dans l’océan.
- Tu as fait un Vœu, le corrige Morgan. Et je ne serais pas venu si je n’avais pas apprécié ce que la Mer m’a dit sur toi. Je suis tombé amoureux de toi dès le premier instant.
Morgan pose son doigt sur les lèvres de Kevin.
- Chut, je te montre.
Kevin devient tout rouge et évite de baisser le regard.
- En effet, lâche-t-il.
Il se rend tout de suite compte qu’il est idiot d’être gêné de voir son petit ami nu.
Morgan lui lance un regard taquin et se dirige vers l’océan, il ne semble pas du tout décontenancé par le fait d’être nu sur une plage.
- Regarde, demande-t-il à Kevin, alors que celui-ci ne peut détacher ses yeux de lui.
Morgan ramasse sa peau et la jette sur ses épaules avant de s’enfoncer dans l’eau. Les vagues s’enroulent sur elles-mêmes, s’étalent sur le sable puis se retirent. La nuit est silencieuse, seul le bruit du vent, des vagues et de la respiration de Morgan se fait entendre. La peau donne l’impression de rétrécir, elle se met à scintiller, comme l’air au-dessus d’un feu.
Une nouvelle vague approche et Morgan plonge dedans. Kevin laisse échapper un cri lorsqu’il ne refait pas immédiatement surface.
Jurant, il se précipite en avant, prêt à lui venir en aide, mais il aperçoit une silhouette qui émerge des vagues.
C’est un phoque.
'Kevin aime également les pierres originales. Et si je pouvais lui en trouver en provenance du fond de l’océan – celles-là devraient être particulièrement intéressantes ?'
Morgan retourne dans la grotte, fredonnant joyeusement. Il place les pierres à côté du rocher et tend la main pour prendre sa peau.
Il ne sent pas la douce fourrure sous ses doigts. Il fronce les sourcils et cherche à nouveau tout autour du rocher, mais il ne trouve rien d’autre que la pierre froide sous sa main.
La peau a disparu.
Kevin s’empresse de finir l’ouverture de son cadeau. Il reconnaît des maquereaux et des vivaneaux sur le dessus.
- Merci ! C’est toi qui as pêché tout ça ? demande-t-il.
- Oui, je suis un bon chasseur, répond Morgan en bombant le torse.
C’est une étrange manière de parler de la pêche, mais Kevin n’y fait pas attention. Il emmène le paquet encore humide dans la maison, faisant attention à ce qu’aucune goutte ne tombe sur le tapis. Morgan le suit jusque dans la cuisine en fredonnant gaiement.
- Qu’est-ce que c’est que ça ? demande Mike.
- Morgan est parti pêcher et nous a ramené ça.
Kevin met les poissons dans l’évier et démêle les derniers morceaux d’algues avant de les agiter devant Morgan.
- C’est sympa comme emballage.
- Papa, répond Kevin en levant les yeux au ciel.
- Tout s’est bien passé ? Est-ce que j’ai besoin de te parler de tout ça ? Est-ce que tu as des questions ? Je me suis renseigné, tu sais, annonce-t-il en souriant. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je peux t’acheter des…
- Papa, je ne suis pas… nous ne sommes pas… commence Kevin, horrifié par la tournure que prend la conversation.
Ses parents le soutiennent, peut-être un peu trop même, depuis qu’il leur a révélé son homosexualité en première année de lycée. Il était rentré de l’école le jour suivant et avait trouvé des dépliants sur tout et n’importe quoi, allant des groupes de parole au petit guide du sexe sans risque. Sa mère lui avait même rapporté des « magazines ». Du gâchis de bon matériel masturbatoire, puisqu’il ne pouvait pas s’empêcher de penser au fait que ses parents lui avaient acheté du 'porno'.
Elle hausse un sourcil et le regarde par-dessus ses copies.
- Il s’est montré très poli et s’est présenté en disant : « J’aime Kevin Luong. ». J’ai pensé que tu ne nous l’avais pas encore présenté, mon chéri. Je suis très contente pour toi. Ah, les amours de jeunesse, soupire-t-elle.
- Maman, je ne… On n’est pas… On ne s’est rencontrés qu’hier. Il s’est fait happer par le courant et je l’ai aidé. Je ne sais même pas comment il a fait pour trouver la maison.
Est-ce que Morgan a vraiment dit à sa mère qu’il "l’aimait" ?
- Tu sais, avec ton nom, ce n’est pas très compliqué, il suffit de demander où habite le professeur Luong.
Kevin avait dû se présenter à Morgan.
- Donc ce jeune homme a eu un coup de foudre pour toi après que tu l’as sauvé ? Je le comprends, tu es un bon parti. Ce que je ne comprends pas, c’est que tu sois encore ici à me parler alors qu’un garçon très mignon t’attend dans l’entrée, continue Rachel.
Elle marque un point. Morgan est mignon, même si un peu étrange. De plus, il n’a pas très envie de retourner réviser.
- Tu as raison.
Kevin avait secoué la tête, pris la peau et aidé Morgan à l’enfiler, puis l’avait attachée fermement autour de lui. C’était doux et chaud et sûrement le meilleur cadeau que Morgan ait jamais reçu. Alors qu’il rassemblait son courage pour informer Kevin que la Mer avait entendu son Vœu et que celuici serait exaucé, ce dernier était parti en courant. Morgan l’avait regardé filer sur le sable et la vague suivante qui avait ondulé sur ses pieds, sensation nouvelle et étrange, avait amené avec elle un mot de la Mer : cela faisait longtemps qu’Elle n’avait pas reçu un Vœu correctement formulé.
Je peux changer ça.
Je me connecte à NEED et je prends des photos de l écran avec mon téléphone. NEED veut rester dans l ombre ? Alors je vais allumer la lumière.
Je vais me battre. Je n ai pas peur d eux. Je ne vais pas seulement enfreindre les règles cette fois, je vais les réduire en bouillie.
Une erreur qui a fait de lui un tueur.
Un meurtrier.
Non. Il ne peut pas avouer. Il ne peut pas rentrer. Il ne supporte pas l idée de décevoir sa famille. Il est incapable de vivre avec l idée que tout le monde pense qu il est un salaud. S il ne va pas au bout de cette mission, NEED s arrangera pour le dénoncer. NEED a toutes les cartes en main. Un membre de sa famille pourrait être en danger en ce moment même. Et le pire, c est qu il sait que s il ne fait pas ce qu on lui a demandé, quelqu un d autre s en chargera.
- DJ
- Je sais que DJ a besoin d être protégé. Il faut qu il soit en sécurité. Mais moi ? Je t en supplie, ne m'abandonne pas.
- Kaylee, tu dois comprendre
- Oh, je comprends. DJ passe en premier. Mais moi ?
Je me répète, je le sais, mais je ne trouve pas d'autres mots.
- DJ est malade. Et sans toi, il aurait peut-être déjà trouvé un donneur. Tu n'as pas cessé de causer des problèmes. Tu nous as transformés en pestiférés dans cette ville. Au lieu de me laisser m'occuper de tout ça, tu as voulu devenir une héroïne, mais tu n'as fait qu aggraver les choses. En rendant notre situation publique, tu as permis aux gens de nous observer comme des microbes sous un microscope. Tu as démontré que tu n'étais pas digne de confiance. À cause de tout ça, il m'est impossible de faire ce que je devrais.
- Quoi ? De quoi parles-tu ?
Elle n'a rien fait. Et si elle a vraiment agi, alors, elle aurait dû m en parler, m informer de ses plans.
- Si tu restes à la maison et que tu ne t'attires pas d'autres problèmes d'ici demain, je t en parlerai à mon retour. Si tu n'appelles pas la police, que tu ne te fais pas remarquer, je pourrai commencer à croire qu on peut te faire confiance. Sinon, je devrai prendre d'autres décisions.
Je téléphone à Nate. Comme hier soir, je tombe sur sa messagerie. Il a dû se mettre sur vibreur pour ne pas risquer d être réveillé par sa sonnerie. J essaie de lui parler d Amanda mais je m emmêle les pinceaux. Je termine par « rappelle-moi » et je raccroche.
Je repense à Amanda et au trou dans la neige devant la maison. Je revois le visage livide de mon frère pendant que ma mère lui expliquait ce qui s était passé. Sa première question a été : « Pourquoi ? » Malgré la soirée films, je suis sûre que, comme moi, cette histoire a hanté ses cauchemars.
Est-ce le but de NEED ? Provoquer la peur, donner aux gens un sentiment d insécurité ?
Elle prend un gâteau, referme la boîte et la remet exactement où elle l a trouvée. Elle jette un coup d œil dans le couloir pour s assurer que sa mère n est pas dans les parages. Tout va bien. Elle entend la douche couler et sa mère peut rester des heures sous l eau. Elle va déguster ce cookie et ensuite elle appellera Bryan. Surtout qu elle le trouve très mignon malgré son acné.
Il lui suffit de deux bouchées.
Elle n arrive plus à respirer. Le biscuit tombe par terre. Elle tousse. Les yeux pleins de larmes, elle ouvre frénétiquement le tiroir où sa mère range l adrénaline auto-injectable.
Où est-ce qu il est ? Où est-ce qu il est ?
Elle essaie d appeler sa mère mais aucun son ne sort de sa gorge gonflée.
Là. L EpiPen.
Sa vision se brouille. Elle déboutonne son jean et applique la seringue sur sa cuisse.
Mais elle perd l équilibre avant d avoir le temps d appuyer sur l injecteur. Elle n est déjà plus tout à fait consciente quand sa tête heurte le coin du tiroir.
- Dans deux semaines, tu ne pourras plus faire de demandes.
- Pourquoi ?
- Parce que tout le monde sera déjà inscrit et qu il n y aura plus personne à inviter.
Je clique sur l écran. Le nombre de membres est monté à quatre cent vingt quatre.
- C est bien ça le principe, non ? Il faut inviter des gens pour pouvoir lancer une demande ?
- Non, je ne crois pas. Réfléchis. Le créateur du site veut que le lycée entier s y inscrive. Il a placé la barre assez bas pour que tout le monde ait l occasion de recevoir sa récompense. À mon avis, maintenant, il va demander autre chose, pas seulement l envoi de quelques mails choisis dans ton carnet d adresses.
- Quoi ?
- Aucune idée, mais on ne va pas tarder à le savoir.
- Je suis de ton côté et tu n es pas en train de mourir. Je ne te laisserai pas mourir.
J aimerais que mon estomac ne se crispe pas de cette façon quand je prononce ces mots.
- Tu n y peux rien, Kaylee, rétorque mon frère. Et crois-moi, j aimerais que tu y puisses quelque chose, parce que je n aurais pas autant la trouille.
Je revois le petit garçon avec qui je jouais aux cubes et qui pleurait quand sa pyramide s effondrait. Je vois la peur qu il passe son temps à cacher dans le seul but d oublier que son système immunitaire peut le lâcher à tout moment. Il mérite d être heureux. Même si c est seulement pour quelques heures.
Alors, j écris : 'J ai besoin d un rein pour mon frère. '
Et j appuie sur entrée.
À la seconde où mon doigt se pose sur la touche, je regrette mon geste. C est totalement débile. Le site est anonyme, bien sûr, mais tout le monde saura que cette demande vient de moi. Et tout le monde se moquera de moi. Super.
REQUÊTE EN COURS DE VÉRIFICATION.
VEUILLEZ PATIENTER.
Les aiguilles de l horloge avancent. Tic tac tic tac.
[...]
Quoi qu il en soit, ça ne sert à rien d attendre. Pourtant, au lieu d éteindre mon ordinateur, je le tourne de façon à le voir depuis mon lit. Alors que je pose la tête sur l oreiller, une nouvelle page s affiche.
Je remets mes lunettes.
VOTRE REQUÊTE A ÉTÉ PRISE EN COMPTE.
NEED VA FAIRE SON POSSIBLE POUR QUE VOTRE BESOIN SOIT SATISFAIT.
Ma dernière pensée avant d être emportée par le sommeil est qu on ne m a pas demandé d inviter d autres gens. Soit il y a un bug, soit celui qui envoie les réponses a été trop gentil pour me dire ce que je sais déjà : NEED ne peut rien pour moi.
DÉSIR : ENVIE DE POSSÉDER UN OBJET OU DE RÉALISER UN RÊVE.
BESOIN : NÉCESSITÉ DE DÉTENIR QUELQUE CHOSE OU D ACCOMPLIR UN ACTE ESSENTIEL À VOTRE VIE.
DE QUOI AVEZ-VOUS Besoin ?
Je lis et relis la question. Je repense à ma mère qui n a pas le temps de me donner des leçons de conduite. Est-elle inquiète pour DJ ? Oui. A-t-elle des raisons de l être ? Oui, encore. Le syndrome néphrétique est une maladie grave. Est-ce que ma mère est agacée que je lui parle sans arrêt de mon père ? Bien sûr. Mais son attitude recèle plus que de l inquiétude et de l agacement. Ça ne compte pas que je n aie pas hésité une seconde à proposer de donner un rein à mon frère, ça ne compte pas non plus que j aie insisté pour passer le test alors que nous savions déjà que nos sangs n étaient pas compatibles. Non, tout ce qui compte, c est que quand elle me regarde, c est elle-même qu elle voit : une personne qui n a pas ce qu il faut pour soigner DJ.
Il sortit l'un des petits « Je te hais » de sa poche arrière et le posa sur la table. Dylan hocha la tête en regardant le morceau de papier sans esquisser le moindre geste pour s'en emparer.
- Pourquoi a-t-elle été virée ?
Il y eut un long silence. Il remplissait la pièce, pesait sur les carreaux des fenêtres.
- Parce qu elle m'aimait bien, et que moi aussi, finit-elle par murmurer, les yeux toujours rivés sur le message.
Elle regarda Kate, les yeux emplis de larmes.
- Mais c'est à cause de vous que Zadie a invité Amelia dans le club.
- Tu ne sais pas ce que tu dis, dit-il en me prenant par les épaules. Si je pensais que tu étais ce genre de fille, on ne serait pas en train d’avoir cette conversation. Et que ce soit bien clair, j’aime le fait que tu ne sois pas ce genre de fille. Même si tu dis que tu pourrais le supporter… je ne suis pas certain d’y arriver, moi.
Nous sommes restés silencieux un instant, les yeux dans les yeux, puis je me suis levée, les larmes aux yeux.
- D’accord.
- S’il te plaît, ne pleure pas.
- Je suis désolée, j’y peux rien. Tu vas me manquer, c’est tout.
Il m’a prise à nouveau dans ses bras et il a enfoui sa tête dans mes cheveux.
- Tu vas me manquer aussi.
Nos cœurs battaient à tout rompre, l’un contre l’autre, et Elec a reculé.
- Mon vol ne part qu’à dix heures, demain matin. On peut peut-être prendre le petit déj’ ensemble ?
J’ai regagné ma chambre, perdue, effarée que les choses puissent changer aussi vite, en un clin d’œil.
Ce que je ne savais pas, c’est que les choses changeraient de nouveau quelques heures plus tard.