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Le fait de continuellement désirer ce que nous n’avons pas nous empêche d’apprécier ce que nous avons. La boucle est alors bouclée, notre croyance se trouve confirmée : nous ne sommes pas heureux et ne pourrions l’être qu’à l’autre bout de la planète, les orteils plongés dans cette mer translucide.
Afficher en entierLa troisième illusion consiste à confondre plaisir et bonheur. Le plaisir est directement causé par des stimuli agréables d’ordre sensoriel, esthétique ou intellectuel. L’expérience évanescente du plaisir dépend des circonstances, des lieux ainsi que de moments privilégiés. Sa nature est instable et la sensation qu’il inspire peut vite devenir neutre ou désagréable. De fait, s’imaginer que le bonheur serait une succession ininterrompue de sensations plaisantes ressemble davantage à une recette pour l’épuisement qu’à l’émergence d’un bonheur véritable. Les plaisirs sont certes agréables, mais ils ne sont pas le bonheur. Le plaisir n’est donc pas pour autant l’ennemi du bonheur. Tout dépend de la manière dont il est vécu. S’il entrave la liberté intérieure, il fait obstacle au bonheur ; vécu avec une parfaite liberté intérieure, il l’orne sans l’obscurcir. Une expérience sensorielle agréable, qu’elle soit visuelle, auditive, tactile, olfactive ou gustative n’ira à l’encontre de la paix intérieure que si elle est teintée d’attachement et engendre la soif et la dépendance. Le plaisir devient suspect dès qu’il engendre le besoin insatiable de sa répétition.
Afficher en entierLe livre d’Ilios Kotsou repose donc sur ce qui ressemble à un paradoxe : pour accéder au bonheur, il faut accepter adversité, souffrance, imperfection ; bref, accepter, tout entière, la réalité du monde. Accepter ce qui ressemble à l’exact opposé du bonheur, parce que la vie est comme ça, simplement : une succession de problèmes, dont une grande part est insoluble, mais qui n’empêchent pas d’être heureux d’exister.
Afficher en entierDe par la conscience que les douleurs sont indissociables du fait même d’être en vie, la lucidité nous conduit à vivre en prenant des risques : celui d’aimer, de s’engager, d’échouer. Elle n’est aucunement un gage de réussite et ne garantit rien. Elle permet juste, mais c’est déjà beaucoup, de savourer sa vie plus pleinement quand c’est possible. De nous lancer avec fougue dans nos projets, moins dans l’attente d’un résultat que pour l’engagement en lui-même. La joie n’est plus la récompense d’une réussite qui ne dépend pas de nous, mais le fruit de la cohérence entre nos actions et ce qui est important pour nous. Vivre plus pleinement, aimer et agir, quelle que soit la couleur du ciel.
Afficher en entierDe nos jours, on nous vend l’idée qu’une vie heureuse ne comporte ni épreuves ni souffrances. Nous sommes abreuvés des images de ce bonheur idéalisé, de cette existence uniquement constituée de plaisirs. Cette vie-là est devenue un support marketing pour nous vendre toute une gamme de produits et de services.
Afficher en entierLes histoires que nous nous racontons sur nous-même, si nous les prenons trop au sérieux, limitent notre vie dans ses petites et grandes dimensions.
Afficher en entierSur les réseaux sociaux comme Facebook, nous sommes exposés à deux pièges en même temps : percevoir uniquement les bons côtés des autres et se comparer à un idéal, souvent inaccessible.
Afficher en entierL’obsession du bonheur est donc aussi un facteur d’isolement social. Si je suis persuadé que ma réussite et mon bonheur sont plus importants que mes relations avec les autres, ou sans rapport avec eux, j’aurai tendance à les négliger.
Afficher en entierPersonne ne se lève le matin en souhaitant souffrir toute la journée et, si possible, le restant de ses jours, mais sachez-le, si vous courez à la poursuite d’un bonheur « clé en main », vous lui tournez le dos et ne faites que nourrir obstinément les racines mêmes de vos souffrances. La recherche de paradis artificiels mène le plus souvent aux enfers du désenchantement ou encore à la dangereuse illusion individualiste de se croire unique, hors d’une société que l’on rejette mais que, à sa manière, l’on fait si bien fonctionner. Mimer le bonheur ne fait que renforcer le mal-être. « Tout homme veut être heureux ; mais, pour parvenir à l’être, il faudrait commencer par savoir ce que c’est que le bonheur », écrivait Jean-Jacques Rousseau. Si tous les hommes cherchent, à leur façon, à éviter le malheur et à mener une existence dont ils estiment qu’elle vaut la peine d’être vécue, il y a loin de l’aspiration à la réalisation. Les moyens mêmes de pallier la souffrance servent souvent à l’alimenter. Comment cette tragique méprise peut-elle se produire ?
Afficher en entierL’humilité ne consiste pas à se considérer comme inférieur, mais à être affranchi de l’importance de soi. Matthieu Ricard
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