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"Je vais te dire un grand secret J'ai peur de toi
Peur de ce qui t'accompagne au soir vers les fenêtres
Des gestes que tu fais des mots qu'on ne dit pas j'ai peur du temps rapide et lent j'ai peur de toi
Je vais te dire un grand secret Ferme les portes
Il est plus facile de mourir que d'aimer
C'est pourquoi je me donne le mal de vivre
Mon amour"
Afficher en entierEt chaque fois depuis que je te regarde
Je me souviens de ce que tu m’as tué comme on chante
Et que je ne vis après tout que parce que tu le veux bien
Afficher en entierJ’ai beau crier que je t’adore
Et ne suis rien que ton amant
Afficher en entierReviens visage à mon visage
Mets droits tes grands yeux dans tes yeux
Rends-moi les nuages des cieux
Rends-moi la vue et tes mirages
Afficher en entierJe te préfère à tout ce qui vaut de vivre ou de mourir
Je te porte l'encens des lieux saints et la chanson du forum
Vois mes genoux en sang de prier devant toi
Mes yeux crevés pour ce qui n'est pas ta flamme
Je suis sourd à toute plainte qui n'est pas de ta bouche
Je ne comprends des millions de morts que lorsque c'est toi qui gémis
C'est à tes pieds que j'ai mal de tous les cailloux des chemins
A tes bras déchirés par toutes les haies de ronces
Tous les fardeaux portés martyrisent tes épaules
Tout le malheur du monde est dans une seule de tes larmes
Je n'avais jamais souffert avant toi
Souffert est-ce qu'elle a souffert
La bête clamant une plaie
Comment pouvez-vous comparer au mal animal
Ce vitrail en mille morceaux où s'opère une mise en croix du jour
Tu m'as enseigné l'alphabet de la douleur
Je sais maintenant lire les sanglots Ils sont tous faits de ton nom
De ton nom seul ton nom brisé ton nom de rose effeuillée
Ton nom le jardin de toute Passion
Ton nom que j'irais dans le feu de l'Enfer écrire à la face du monde
Comme ces lettres mystérieuses à l'écriteau du Christ
Ton nom est le cri de ma chair et la déchirure de mon âme
Ton nom pour qui je brûlerai tous les livres
Ton nom toute science au bout du désert humain
Ton nom qui est pour moi l'histoire des siècles
La cantique des cantiques
Le verre d'eau dans la chaîne des forçats
Et tous les vocables ne sont qu'un champs de culs-de-bouteille à la porte d'une cité maudite
Quand ton nom chante à mes lèvres gercées
Ton nom seul et qu'on me coupe la langue
Ton nom
Toute musique à la minute de mourir
Afficher en entierPrenez ces livres de mon âme ouvrez-les partout n'importe où
Brisez-les pour mieux en comprendre
Et le parfum et le secret
Coupez d'un doigt brutal les pages
Froissez-les et déchirez-les
On n'en retiendra qu'une chose
Un seul murmure, un seul refrain
Un regard que rien ne repose
Un long merci qui balbutie
Ce bonheur comme une prairie
Enfant-Dieu mon idôlatrie
L'Avé sans fin des litanies
Ma perpétuelle insomnie
Ma floraison mon embellie
Ô ma raison ô ma folie
Mon mois de mai ma mélodie
Mon paradis mon incendie
Mon univers Elsa ma vie
Afficher en entierJe vais te dire un grand secret Ferme les portes
Il est plus facile de vivre que d'aimer
C'est pourquoi je me donne le mal de vivre
Mon amour
Afficher en entierQuand tu dors dans mes bras je peux longuement caresser ton âme
Ainsi tu ne m'as pas quitté je t'ai retenue ô ma femme
Si légère à mes bras fermés qui dors dans ton souffle léger
Tu ne m'as pas quitté pour un songe tu n'y as pas songé
Si légère que je craignais que le moindre souffle t'emporte
Et que je fermais bien mes bras de peur que ton âme n'en sorte
Tu ne m'as pas quitté mon âme et mes bras ô ma bien-aimée
Sont demeurés autour de toi fermés comme un anneau fermé
Comme tu es légère légère en ton sommeil puéril
Abandonnée et confiante abandonnée à tes périls
Ô léger souffle de ma vie ô douce à veiller coeur sans bruit
Emerveillé que je te garde et te regarde dans la nuit
Je vois venir avec lenteur au plafond la raie coutumière
Le doigt de l'aube sur sa bouche avant la musique ramière
Pâle blanche comme les draps encore obscurs où nous bougeons
Qui fend peu à peu les rideaux du roucoulement des pigeons
Il vient du dehors un chambard de choses humaines
Le claquement d'un volet Le jour qui reprend son domaine
Des pas d'asphalte Un enrouement brutal de la rue et des roues
Des freins des voix un brimbalement de choses qui s'ébrouent
Puis tout s'étire et s'étouffe et s'éteint sauf quelqu'un là qui tousse
Il ne se passe rien pour nous que ce qui se passe pour tous
On se partage le malheur comme une sorte de tribut
Mais notre bonheur est un vin que tout le monde n'a pas bu
Le bonheur je n'ai jamais pu me faire à son accoutumance
Je tremble pour lui tous les jours à cette heure où le jour commence
Ce jour sans toi jusqu'à présent qu'on ne peut dire commencé
Ce jour désert d'avant le jour comme un rêve avant la pensée
Et que ce soit le jour suivant ce n'est qu'après tout qu'un détail
Si l'amour chaque jour grandit c'est au côté comme une entaille
Et qu'est-ce que c'est que l'amour qui n'est qu'au commencement
Quand on a tout le temps de voir tes yeux s'ouvrir intensément
L'avare jusqu'au bout entend serrer son trésor
Il ne peut pas imaginer autre dénouement à son sort
Comme lui je vois clairement le visage de mon destin
Ô mon or entre mes bras dans la blancheur du dernier matin
Heureux celui qui s'endort dans l'accomplissement de son vice
Je ferai de me mort mon chef-d'oeuvre un chef-d'oeuvre d'avarice
J'entrerai dans la nuit comme un homme en plein émerveillement
Et qu'on ne vienne pas dire après que je n'ai pas su comment
Il ne s'est pas vu partir Ma vie est une maison de verre
Et je ferai la mort comme j'ai fait l'amour les yeux ouverts
Ah ce n'est pas d'hier que je la vois venir à mes devants
Je veux la voir et de mes derniers doigts toucher ton bras vivant
Comme celui qui n'a que la force d'arriver à la cime
Trouve ses derniers pas dans ses genoux et roule dans l'abîme
Et si ce n'est pour aucun dieu que ce devoir est accompli
Il n'en a pas moins atteint cette cime où son coeur s'abolit
C'est alors seulement que pour toi qui me verras la première
Pour toi je fermerai paisiblement mes yeux à la lumière
Afficher en entierL'action se passe de nos jours dans la chambre d'Elsa, où, suivant un mot d'Henri Matisse, E, L, c'est Elle et Lui, E pour Elsa, L pour Louis.
Afficher en entierToutes les paroles du monde quand à la fois je te les aurai données
Toutes les forêts d'Amérique et toutes les moissons nocturnes du ciel
Quand je t'aurai donné ce qui brille et ce que l'oeil ne peut pas voir
Tout le feu de la terre avec une coupe de larmes
La semence mâle des espèces diluviennes
Et la main d'un petit enfant
Quand je t'aurai donné le caléidoscope des douleurs
Le coeur en croix les membres roués
L'immense tapisserie des hommes martyrisés
Les écorchés vivants à l'étal suppliciaire
Le cimetière éventré des amours inconnues
Tout ce que charrient les eaux souterraines et les voies lactées
La grande étoile du plaisir dans l'infirme le plus misérable
Quand j'aurai peint pour toi ce vague paysage
Où les couples se font photographier dans les foires
Pleuré pour toi les vents chanté que mes cordes en cassent
La messe noire de l'Adoration perpétuelle
Maudit mon corps avec mon âme
Blasphémé l'avenir et banni le passé
Fait de tous les sanglots une boîte à musique
Que tu oublieras dans l'armoire
Quand il n'y aura plus de rossignols dans les arbres à force de les jeter à tes pieds
Quand il n'y aura plus assez de métaphores dans une tête folle pour t'en faire un presse-papiers
Quand tu seras lassée à mourir du culte monstrueux que je te voue
Que je n'aurai plus ni voix ni ventre ni visage et les pieds et les mains sans place pour les clous
Quand les verbes humains auront tous dans mes doigts brisé leur verre
Et que ma langue et mon encre seront sèches comme une station expérimentale pour les fusées interplanétaires
Et les mers n'auront plus laissé derrière elles que la blancheur aveuglante du sel
Si bien que le soleil ait soif et la lumière sur ce parquet de trémies oscille
Le schiste éteint le firmament amorphe et l'être à jamais épuisé de métamorphoses
J'inventerai pour toi la rose
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