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Malgré ce que ces trois hommes avaient en commun, malgré l’histoire qu’ils partageaient, les souvenirs qui les hantaient, ils restaient des personnes secrètes. Les dix hommes qui avaient été enlevés trois ans et presque cinq mois plus tôt avaient tous été jumelés dans des cellules type cage, et même l’année de thérapie qui avait suivi pour les survivants n’avait pas donné lieu à des amitiés pour Chase. Il ne se sentait pas du tout proche de Victor, l’homme avec qui il avait partagé une cellule. Personne avec qui partager des confidences.
Mince, Chase n’avait eu de nouvelles d’aucun des hommes depuis deux ans – à l’exception des deux qui étaient devant lui maintenant, et c’était un coup de chance qu’ils aient fini par se retrouver dans la vie de l’autre.
— Allez !
La voix de Remy était aussi tendue que chaque muscle de son corps. Rouge de colère, imbibé de la tempête, et livide pour des conneries qui n’avaient rien à voir avec Chase – pas directement – Remy le frappa à plusieurs reprises.
Quand il planta ses mains contre la poitrine de Chase et essaya de le faire tomber, Chase riposta en le repoussant, de sorte que Remy se retrouva sur le sol boueux.
— C’est tout ce que tu as, chéri ?
Mai 1965.
J’écrase ma clope dans le cendrier déjà plein de mégots puants. La pièce où je bosse deux jours par semaine dans l’entrepôt sent la poussière, le tabac et le vieux. Il sert de repaire au JÄGERDUNKLE. Tout ce qui nous entoure sent le vieux et l’interdit. On a accès à des informations classées top secrets, datant de la guerre, d’avant, et d’après. C’est un nid, une géante base de données allemande sur la traque nazie. Nous possédons plus de moyens que les autres organisations officielles, puisque théoriquement, nous n’existons pas. Nous sommes dans l’ombre des autres,
Je suis tapie dans l’ombre et j’attends.
Je n'entends que mon pouls battre à mes tempes. La main devant la bouche, j'essaie de respirer sans laisser échapper le moindre bruit susceptible de me trahir.
Je sais à présent qui il est.
Je peux désormais mettre un visage sur cette ombre qui me hante depuis cette fameuse nuit où tout a basculé.
J'ai passé sept ans à le traquer sans relâche pour mieux comprendre, et maintenant que je touche enfin au but, je suis cachée dans un minuscule cagibi, terrorisée.
J'aurais dû les écouter, j'aurais dû abandonner.
Il comprenait que le sujet était important pour un futur médecin. Il avait appris à tout enregistrer soigneusement, et il mémoriserait tout ce qu’il y avait à savoir en vue de l’examen, pourtant il aurait préféré avoir affaire à un sujet plus passionnant : des blessures, des brûlures, des os brisés… ces matières l’intéressaient davantage. Elles étaient plus concrètes et plus pratiques.
Aconit. Même les petits savaient éviter cette plante mortelle qui poussait dans certaines zones de la forêt. Ils apprenaient à la craindre dès qu’ils étaient en âge de marcher, à reconnaître le goût amer et l’odeur âcre ; et que c’était la seule chose qui les privait de leur capacité à se transformer et à guérir. Était-ce la faute de Luca de s’être trop enivré à leur fête d’anniversaire pour la remarquer, ou bien autre chose ?
Il n’avait encore jamais perdu un combat. Bâti comme ses ancêtres, il était élancé, mince, les pieds et les poings vifs, insensible à la douleur. Bagarres d’enfance avec son cousin, accrochages sur les terrains de sport d’Eton, attaque nocturne sur la route d’Oxford – il était toujours sorti vainqueur de ces empoignades. Il était devenu une légende parmi ses amis. Il possédait, plaisantaient-ils, un instinct de tueur.
Mais il ne s’était jamais battu entravé.
Les chaînes l’étranglaient. Elles lui enserraient les chevilles. Il s’agenouilla, la bouche ensanglantée, reçut un coup en pleine tempe et retomba sur le ventre, le souffle coupé. Il ne voyait pas ses assaillants dans la pénombre. Il était encore aveuglé par la lumière de la mi-journée sur le pont supérieur.
— Je vais partir, m’annonce-t-il de but en blanc.
Je me tourne vers lui, observe ses lèvres refermées autour de sa clope. Lui ne me regarde pas. Il semble ailleurs, peut-être déjà loin.
— Où ça ?
Je pose la question alors que je le sais. J’ignore pourquoi. Une sensation. Un tiraillement au creux de l’estomac. Pourtant, j’ai besoin de l’entendre à voix haute. Comme pour me prouver que tous mes efforts et mes vices ont été vains.
— Ryhaïgarhad, que t’ai-je déjà dit au sujet du Jardin des Rois ?
Je reposai mon regard sur lui pour le voir se mordiller la lèvre. Il ne baissa pas pour autant son regard alors qu’il savait avoir eu tort