Extraits

Dès la fin de la classe, Mattéo se hâta de ranger livres, cahiers et crayons. Son but était de devancer Ankel à la porte. Mais la surprise que celui-ci lui réserva était de taille. Le Ténébreux jaillit du fond de la salle, à une vitesse si fulgurante qu’il était impossible de le voir se déplacer à l’œil nu. Et maintenant, dans l’encadrement de la porte, le Dâsa l’attendait, les bras croisés, un sourire ironique étirant ses lèvres. Les élèves passèrent devant lui en le frôlant, mais il ne recula pas d’un centimètre. Bientôt, il n’y eut plus dans la pièce que M. Malo et un Mattéo inquiet. Le professeur rangea ses effets personnels dans son sac, puis invita le jeune Langevin à le précéder hors de la salle de classe. Mattéo poussa un long soupir de résignation, mais malgré tout, il se sentait relativement à l’abri. Tant que l’enseignant demeurerait avec lui, bien sûr.

Je dois me dépêcher pour ne pas me retrouver tout seul dans le couloir, songea-t-il. Déjà, les élèves entraient dans d’autres salles pour le cours suivant, et certaines portes claquaient derrière eux.

Mattéo passa devant Ankel, feignant l’indifférence, même si son cœur battait à cent à l’heure. Le Ténébreux le bouscula légèrement, mais le jeune Langevin ne broncha pas.

Une fois qu’ils furent dans le couloir, M. Malo tourna à gauche, en direction de la salle des professeurs ; pour sa part, Mattéo devait aller à droite. Un rapide coup d’œil dans cette direction lui montra deux filles qui se hâtaient vers la salle où se donnait le cours d’anglais. À part elles, tous les jeunes avaient déjà déserté ce long passage plutôt sombre. Il était maintenant seul avec le Dâsa. Il inspira longuement, prêt à s’élancer vers l’escalier qui descendait vers le gymnase, mais la main d’Ankel se referma sur son bras. Il sentit les doigts du Ténébreux s’enfoncer dans sa chair. Il se mordit les lèvres pour ne pas donner à son ennemi la satisfaction d’entendre un seul cri.