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— Je sais pas ce que j’ai avec toi Chloé, finit-elle par me confier doucement. Il y a quelque chose en toi qui me fait tout drôle. Suffit que tu parles, que tu me regardes, ou même que tu sois près de moi. Ça me le fait depuis le début... et encore bien plus depuis deux ou trois jours. Je comprends pas pourquoi ! Et je peux pas t'expliquer. Quand tu me touches, je ressens… je sais pas trop comment dire. Comme un courant électrique qui passerait en moi.

– C’est pas agréable alors ?

– C’est super agréable. Quand on se frotte de vêtement à vêtement, ça me le fait. Quand c'est ta peau qui touche un de mes tissus, ça me le fait plus fort. Quand c'est peau contre peau, ça me le fait puissance dix.

Cette fois c'est moi qui rougis.

– Waouh ! C’est trop. Je veux dire, je mérite pas tant. J'suis super flattée, j'sais pas quoi dire.

– Attention hein, va pas croire que je suis amoureuse ou je sais pas quoi. Je suis pas... enfin j'aime les garçons quoi. ça a rien à voir.

– Et c'est pour ressentir ça que tu me prends tout le temps la main ?

– Je te la prends pas si souvent.

– Et que tu aimes qu'on se frotte ou qu'on se chatouille ? Que tu me prends le matin dans tes bras quand on se retrouve ?

– Est-ce que tout ça te gêne ?

– Non. J'aime bien.

– Oui. C'est bien pour ressentir ça. J'adore tellement cette sensation ! Putain c’est fou, rien que là d’en parler ça me le refait. Sans même qu'on se touche ! C'est l'hallu.

– Sans qu'on se touche ? Ça frôle le surnaturel. Si en plus on se touchait, t'exploserais alors.

J'avais dit ça en souriant, presque un peu moqueuse, mais gentille. Cette parole eut l'effet d'une bombe sur Sandrine. Cette petite phrase, lancée à la légère pour la titiller un peu et détendre l'atmosphère, la fit frémir. Mince, qu'avais-je dit ? C'est curieux comme certains mots peuvent plonger l'autre en un état quasi extatique. À croire que même le sexe n'est qu'une question de mental et que bien entraîné, on pourrait faire l'amour par l'esprit. Peut-être un jour pourra-t-on tout se faire par la pensée et que les orgasmes n'en seront que meilleurs. Qui sait même si on ne fera pas des enfants ainsi.

Je me demandais si je n'avais pas fait une gaffe. Ou bien si au contraire je n’avais pas dit pile ce qu’il fallait, ce qu’elle attendait. Depuis quelques instants, en fait depuis que le sujet était abordé, une sorte de courant électrique troublait l'atmosphère, provoquant à la fois excitation et malaise. Sandrine ne parut pas savoir quelle émotion elle éprouvait exactement. Il en était de même pour ma personne. Après nous être dévisagées quelques instants en silence, les lèvres de mon amie tremblèrent, je crus qu'elle allait pleurer. Son visage était si méconnaissable qu'on ne pouvait deviner son ressenti. Sandrine m'émut fortement, je sentis un débordement de tendresse m'envahir. Je lui passai une main dans les cheveux. Comme maman me le faisait quand j'étais petite, pour me consoler d’un chagrin.

– Je voulais pas me moquer. Ça me fait tellement plaisir ce que tu me dis Sandrine. Tu veux un câlin ?

Là encore, j'ignorais ce à quoi la phrase m'engageait au moment de la prononcer. Un câlin à mon sens, n'engage jamais à rien. J'en ai toujours un peu distribués à tout va, aux connaissances, à la famille ou aux inconnus. Même que papa n'aimait pas ça. Un vieux en fin de vie, un animal, un nouveau-né... chez moi, le câlin a toujours été un moyen de communication. Comme cette fois où à huit ans, au square, je suis allée câliner ce sans-abri qui avait l'air si triste, ce qui m'avait valu une jolie gifle de maman. Un câlin est un moyen de se donner de belles émotions n'importe où n'importe quand, et c'est vrai aussi qu'une petite trop câlinante peut donner l'occasion à des pervers de profiter d'une chaleur enfantine. Quant à Sandrine, je lui en faisais un chaque soir et un chaque matin. Là, je vis tout de suite dans ses yeux que le sens du mot « câlin » venait de changer. Elle n'avait pas uniquement l’envie que je la prenne dans mes bras. Mon intuition me le disait, sans toutefois me révéler ce qu'elle désirait exactement. Sandrine m'observait d'un air particulier, comme si elle me dévorait des yeux.

Il faut dire que nous n'étions pas dans la rue. Seules, chez elle, dans sa chambre et sur la moquette. Personne d'autre que nous à l'étage, avec la maman au rez-de-chaussé en train de nous préparer des crêpes. La fenêtre était ouverte, sans vis-à-vis, personne pour nous voir.

Sandrine s’allongea sur la moquette, souffle court, yeux écarquillés. Son regard était demandeur, elle semblait attendre une action de ma part. Sans trop savoir quoi faire, je m’allongeai à côté d’elle. Ma copine releva sa jupe et me prit la main. Je remarquai l'absence de toute culotte. En fait de câlin, elle ne semblait pas désirer que je l'enlace, du moins pas pour le moment. « Est-ce que je peux ? » me demanda-t-elle d’un regard implorant. Je ne savais pas du tout ce qu’elle « pouvait ». Voulant être gentille, je lui fis oui de la tête. Elle dirigea ma main entre ses cuisses, saisit mon majeur et le plaça sur ce drôle de bouton que les filles ont au-dessus de l'ouverture.

Je commençais à comprendre, tout en me demandant pourquoi diable avait-elle besoin de ma main pour cela. Rien que le bout de mon doigt posé sur cette bosse lui fit de l'effet. Il faut dire que je savais comment m'y poser et quelle pression y exercer. Enfin, je le savais pour moi... j'ignorais si toutes les filles aimaient les mêmes gestes, en tout cas Sandrine s'accordait magnifiquement aux miens. Comme pour me confirmer que j'étais là pour ça, elle me fit faire quelques timides petits ronds. Puis elle se retira, sans doute pour me laisser champ libre. Pas de doute les filles sont toutes les mêmes, au moins de corps, si pas d'esprit. Car me contenter de suivre à la lettre ce que je faisais habituellement à mon propre bouton suffit à la plonger dans une sorte d'état second.

Je ne comprenais pas comment un geste aussi banal pouvait produire de tels effets. Quel cirque elle faisait ! Que ce serait-il passé si j'avais été plus doué, en serait-elle morte d'émotion ? Toutefois, il faut dire que mes entraînements m'avaient fait acquérir un majeur de compétition. Tout compte fait, ce n'était peut-être pas si banal. Souple, doux, il savait changer de sens et de vitesse sans crier gare, exactement comme je l'entendais. À chaque instant Sandrine semblait plus surprise et béate par ma dextérité que l'instant précédent. J'avais le sentiment de l'honorer, et que par ses réactions elle m'honorait tout autant en retour. Je me sentais puissante... Sandrine était sous mon emprise et le sentiment était très agréable. Je ne désirais pas la dominer ou la diriger pour autant, cherchant uniquement à faire ce qui lui plaisait. Elle n'avait encore rien vu, et puisqu'elle me faisait le plaisir d'apprécier, je décidai de lui présenter tout mon éventail créatif.

Mon majeur effleura le bouton, le titilla, le chatouilla. Certains ronds furent presque imperceptibles, d'autres bien plus larges. J'appuyai tantôt à peine, tantôt davantage, tout en maniant les vitesses avec brio. Parfois je démarrai immédiatement en quatrième ou cinquième, et le corps de Sandrine se raidissait tandis qu'elle affichait un visage angélique. Parfois j'y allai par étapes, démarrant en première et passant sagement la seconde puis la troisième. Parfois encore j'étais en quatrième puis revenait d'un coup en première. Bref, je lui en faisais voir de toutes les couleurs. Son visage n'était pas toujours apaisé... Pupilles dans le vide, sans un regard à mon égard, à certains moments elle paraissait souffrir. Heureusement, chacune de ses attitudes me suppliait de continuer et ne manifestait que du bonheur, sans que je parvienne à détecter ce qu'elle appréciait le plus. Je n'avais pas un auditoire difficile : quel que soit le geste, Sandrine en était comblée.

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Sans trop savoir pourquoi, un jour que je m'embête seule à la maison je fais ma fouineuse et fouille la chambre parentale. Pour tout dire, il est étonnant que ce soit la première fois que je songe à le faire. Courrier, paperasses, quelques livres, carnets de chèques... Je cherche de l'insolite, du secret et ne trouve rien. Et puis soudain, bien planqué au fond de la table de chevet de papa, cinq ou six curieux magazines remplis de femmes nues. Si c'est ce genre de filles que papa aime à présent, pas étonnant qu'il s'éloigne de maman. Entre leurs physiques et le sien c'est le jour et la nuit. Aussi papa devrait être un peu moins gourmand. Qu'est-ce qu'un demi-grassouillet comme lui irait attirer de sublimes créatures comme celles-ci ?

J'imagine qu'il n'aura jamais d'autres choix que de les admirer en deux dimensions sur papier glacé. Les postures de ces mannequins sont totalement indécentes. Comparé à cela, mes strip-teases sont des chants d'enfants de chœur. Écartant cuisses et fesses sur presque toutes les photos, certaines font des prouesses de contorsionniste. D'autres vont jusqu'à s'écarter les lèvres du bas avec leurs doigts. Je suppose que le journal est fait pour être excitant. Ça n'a rien d'excitant, ce serait même plutôt répugnant : ça me fait penser à une revue médicale, avec des photos anatomiques. En même temps je suis une fille, je ne peux comprendre ce qui excite les hommes. Imaginer des gars prenant des postures de ce style me dégoûte plus encore. Ayant encore du temps avant le retour parental, je fauche le magazine, fonce dans ma chambre et me mets nue devant ma glace. Après avoir fermé les volets (faut pas exagérer non plus) je tente, sur mon lit, de reproduire ces si curieuses poses. Le magazine est adossé à ma chaise, je tourne une page, tente le coup, puis continue. Il y en a des faciles, comme celles à quatre pattes ou à genoux, d'autres bien plus compliquées. Je perçois vaguement que ce sont des postures sexuelles et qu'on peut imaginer sur chaque photo un partenaire masculin en compagnie de la belle. Je perçois même que ces postures sont faites pour laisser plus facilement la voie libre au garçon. Pourquoi ne pas avoir carrément ajouté des hommes sur les photos, je l'ignore : là, il y aurait même eu un intérêt pour moi. On dirait qu'elles font toutes l'amour avec l'homme invisible. Je reproduis une trentaine de photos et m'esquinte les articulations : ça tire, ça craque, j'en peux plus. Le magazine est remis à sa place, le lendemain j'ai des courbatures partout comme si j’avais fait des câlins sous la couette toute la nuit avec un petit copain.

Ai-je remis l'objet du délit exactement au même endroit, vu l'attitude de papa je n'en suis pas certaine. On le dirait presque effrayé, de fait il est moins sévère avec moi ces semaines-ci. Il a tort de s'en faire, pour rien au monde je ne le trahirai, quand bien même le verrais-je avec une de ces filles au bras, ce qui du reste ne risque pas d'arriver. Tout de même, c’est mon père, et un papa ça ne se balance pas. Pour ma pomme, je suis mal à l'aise. À m’être mise dans toutes ces postures outrageantes, j'ai le sentiment de m'être salie. Que des hommes se fassent Dieu sait quoi en regardant ça, si ce n'est pas de la misère sexuelle je ne vois pas quel autre terme y donner. Et puis franchement, pour les caresses, l'imaginaire ne suffit-il pas ? Je me fais la promesse de bannir de telles horreurs de mon apprentissage à la sensualité.

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Cette année sonne une nouvelle première fois, celle des soirées pyjamas, cette activité propre à la gent féminine. On est un petit groupe de six ou sept filles, dont Clarisse bien entendu, et on s'invite toutes parfois les unes chez les autres. Pour une soirée pyjamas digne de ce nom, il faut au moins cinq gamines. On manque de place, on se bouscule pour dormir, on rigole bien. Les soirées sont pleines de confidences, de jeux et de téloche. Surtout de confidences. Une fille plus une fille plus une fille plus encore une fille, ça forme un peu, quoi qu’on en dise, un gang de pétasses. Par « pétasses » je n'entends rien de bien méchant. C'est juste qu'on adore les cancans, les mesquineries, les mots et sujets interdits, dire du mal des autres. Moi qui n'avait jamais été une commère, voilà que j’y prends plaisir autant que les autres. Je crois que c'est un peu le destin de toutes les filles, à certains moments. Ces soirées deviennent à la mode, plusieurs groupes se constituent dans l’école, et tout le monde ne pouvant pas être invité ça crée des rancœurs.

Ah, les groupes... depuis cette date je les haïrai, sans jamais pouvoir m'en extirper totalement : un mélange d’attirance et de rejet. Au moins n'en sommes-nous pas encore aux groupes sociaux ou aux luttes des classes, seulement des bandes de copines conspuant d'autres bandes de copines. Ça devient vite lassant, et je parviens à orienter davantage les soirées vers les contes et les jeux, avec un certain succès. Depuis que papa m'a appris que les salopes étaient de belles princesses, je cherche à en devenir une, tu le sais, mais ne souhaite pas devenir une pétasse pour autant. Non, ce ne sont pas des synonymes. Rappelle-toi ! La salope est une coquine aimant bien titiller, la pétasse une médisante qui n'a même pas assez de sept péchés capitaux pour être repue. Sans doute pas assez pétasse au goût de certaines, on finit par me désinviter de certaines pyjamas partys. À notre âge la vraie amitié est rare, voire n'existe pas. Plutôt que des amis on a des partenaires de jeux. Clarisse est l'exception qui confirme la règle, c'est pour ça que je l'aime tant et qu’elle m’aime tant.

Maman ne veut pas accueillir les soirées pyjamas, dommage, quel beau spectacle manqué pour Julius, il m'en aurait fait une syncope. Surtout quand on sait la tournure que je parviens à donner à certaines nuits. Car si je tiens à expurger le contenu « pétasses » (quoique jamais totalement) je tiens à incorporer du contenu « salope ». Histoire de les éduquer un peu, et puis les expériences entre filles m'intéressent autant que celles avec les garçons. Lorsqu'il fait chaud je me mets en culotte et incite les autres à m'imiter si elles ne le font pas naturellement. Quand la soirée se déroule dans une petite chambre, comme la fois où on est chez Clarisse, je propose qu'on dorme toutes les unes contre les autres. Ce qui plaît bien à tout le monde. Cette nuit-là éveille particulièrement nos sens. Certaines sont en nuisettes avec rien en dessous, et ne s'aperçoivent pas qu'elles sont à moitié transparentes. Certaines sont courtes, et lors des jeux, ou lorsqu’elles s'asseyent, il y a toujours un moment furtif où on voit tout. En tout cas pour qui a la vivacité de mon regard. Pendant le sommeil les corps se retournent et s'entrechoquent, je reste la seule éveillée, je regarde.

Estelle m'a dit que les humidifications nocturnes se passaient beaucoup en rêves. Je veux bien le croire, moi ça ne m'est presque jamais arrivé... ce genre de moments étant trop beau pour le vivre en roupillant. J'observe les copines dormir, à l’affût du moindre signe. En vain. Il faut plusieurs soirées pyjamas pour percevoir enfin une chose ou l'autre. D'abord chez Françoise, qui fait des sortes de sursauts en soufflant. Puis chez Valérie, qui elle pousse des sortes de gémissements, main entre les cuisses. J'adore voir ça. Qui plus est pour Valérie, je parviens à avoir une incidence sur le rêve. Il me suffit de caresser ses cheveux, ou bien que mes doigts frôlent son mollet pour qu'elle se retourne encore sur elle-même, et que les sons reprennent de plus belle. De nouveau, je ressens les expériences sensuelles par procuration, les faisant vivre plutôt que les vivant moi-même.

Tout compte fait, chaque participante profite de ces rendez-vous pour développer son éveil à la sensualité. Seule moi en ai pleinement conscience. Les garçons, au courant de ces soirées, font mine de s'en foutre et de se moquer, disant qu'on est des filles frustrées faisant des trucs de lesbiennes, ce qui est tout de même très exagéré. Je profite d'une de ces soirées pour voir si je suis plus douée que les autres dans le dévêtement. Après qu'on ait un peu dansé, je propose un concours de déshabillage en musique. « Comme du strip-tease ? », dit l'une d'elle. C'est là que j'apprends le terme. Non, pas comme du strip-tease, je les rassure à ce sujet, ce sera juste du déshabillage en musique, un petit jeu, rien de plus. Ma suggestion, énoncée un peu timidement, un peu à la rigolade, recueille un enthousiasme auquel je ne m'attendais pas.

Après vérification que les parents de la copine chez qui on est sont bien couchés (quand le chat est sorti, les souris…), on cherche quel titre il nous faut. On choisit un Joe Cocker. Pas le titre auquel tu penses toi lectrice, toi lecteur, un autre, encore mieux. Puis, je dis qu'il faut se changer. Si on reste en nuisettes ou pyjamas chaque passage va durer trois secondes à peine, il faut avoir des tissus à retirer. Alors on remet nos vêtements de la journée. Pantalons, jupes, robes, ceintures, chemises, il y a de tout. Musique enclenchée, la première copine passe, elle fait un peu la fofolle sans trop savoir quoi faire et finit en culotte. Sachant que les suivantes risquent de faire de même, je passe en deuxième et fait ma représentation complète, sans rien avouer de mon histoire avec Julius. J'ose, et j'enlève tout. L'ambiance très détendue du premier passage musical s'estompe, les rires s'arrêtent. Elles me regardent en silence, fascinées. J'ignorais qu'on pouvait également être excité en étant regardée par des filles... si ça se trouve le type de sexe ne compte pas tant que ça. J'ignorais aussi qu'on pouvait être excité devant une fille qui se dévêt, pour peu que mes copines le soient en me regardant. Dernière note, je salue telle une artiste, elles applaudissent et me félicitent. Les suivantes, du coup, cherchent à être au niveau et se prennent plus au sérieux.

Bien que j'ai fait monter la température, elles n'osent pas aller jusqu'au bout dès le premier passage. Il faut attendre trois ou quatre danses pour qu'elles s'y mettent, et on est tout de même six. Pas question de faire chacune une seule représentation, on veut continuer jusqu'à être des expertes. Instinctivement, chacune comprend qu'il faut jouer des hanches, du popotin, remuer le corps. Certaines n'ont même pas les bases, au point de n'avoir encore jamais songé à retirer leur t-shirt en croisant les bras. La mise en scène de chacune s'affine. On se tortille avant d'enlever le haut, on se balance langoureusement, on monte lentement le tissu de la robe, on esquisse le geste d'enlever la culotte sans la retirer tout de suite, on fait tournoyer la chevelure. C'est fou comme une fille sait tout d'avance même si elle ne sait pas se l'expliquer immédiatement. C'est fou de voir à quel point l'intuition féminine est sans faille. Ça dure, ça dure et ça devient de plus en plus chaud. Ne croyez pas qu'on se lasse, quand des enfants ont trouvé un jeu prenant ils peuvent y passer des heures sans s'arrêter. Finalement on va toutes jusqu'au bout, ôtant même chaussettes et culotte. Le fait de se retrouver ainsi parmi toutes les autres, elles vêtues de la tête aux pieds, rend l'atmosphère encore plus particulière. La moins douée, je dois bien le dire, est ma petite Clarisse. Elle est si maladroite qu'elle manque de se casser la figure, on a du mal à retenir nos rires. Comme d'habitude, elle n'en veut à personne. Et la meilleure, c'est Chloé. Je n'ai pas tant de mérite, j'ai de l'avance.

Pour les différents passages, on s'échange nos fringues. Tant mieux, je n'avais rien de très beau à me mettre. Pour ma seconde danse j'ai une jupe à ceinture et un chemisier, pour la seconde une robe à boutons. J'en joue superbement, faisant froufrouter la robe comme en flamenco, jouant à relever le tissu puis le rabaisser, à faire glisser le chemisier contre mon dos. Plusieurs s'inspirent de mes gestes. Le « jeu pour rire » est dépassé : on sait que l'objectif est d'imaginer des garçons devant nous et de les rendre fous. Je suis la seule qui termine sa danse à la toute fin du morceau, qui dure tout de même cinq bonnes minutes. Une fois nue, je continue à danser en mimant des caresses autour de mon corps. Je suis la plus jolie princesse de toutes, autrement dit la plus salope. Ou bien si elles sont des princesses, je suis la reine. Tout tourne autour de ma personne et j’adore ça. Une copine me fait un très beau compliment : « Quand tu portes ma robe et que tu l’enlèves, j’ai l’impression que ce n’est plus le même vêtement que maman m’a acheté ! ».

D'ici, on pourrait croire que nous six étions des virtuoses, avec la Chloé en tête. Je ne suis pas naïve, je sais bien qu'en réalité nos gestes, même les miens, devaient être gauches et peu sûrs. Nous avions surtout l'impression subjective d'être toutes formidables. En fait, nous étions dans une sorte d'hypnose tant le jeu nous obnubilait : nos jugements étaient faussés.

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