Enchaînée, Tome 2 : Le poids de nos chaînes

1 – Céline

Perché sur la table basse du salon, Gribouille suivait des yeux la déambulation désordonnée de sa maîtresse. Céline allait et venait en tous sens, s’asseyait brusquement sur le canapé, grimaçait de la douleur diffusée par la balafre devenue rouge par des heures d’immobilité à son bureau, puis repartait dans ses allées et venues agitées.

Désormais, elle comprenait l’inconfort provoqué par un coup de cravache asséné avec force. Ce rappel la propulsait dans des affres d’incompréhension ; d’elle-même, d’Alexandre, du mutisme de ce pseudo-Maître après le simple « Toi seule décides » qu’elle avait reçu après son message de refus d’aller plus loin.

Une fois revenue chez elle, dans le silence de sa maison, loin de sa famille et de leurs remarques douces-amères, les interrogations s’étaient invitées en sarabande sous son crâne. Elle n’en avait pas dormi de la nuit, s’était retournée dans son lit, encore et encore, l’angoisse de plus en plus vive au fil des heures sombres. Le lever s’était révélé plus difficile ce matin-là, l’envie de s’enfouir sous la couette et de ne plus en sortir avait envahi son esprit. Un dernier sursaut de volonté, un espoir fébrile qu’Alexandre la contacte l’avait poussé à reprendre ses habitudes, à se lever, à se laver, à attendre.

Attendre impuissante face à ce téléphone muet.

Attendre qu’il accomplisse le signe qu’elle escomptait de lui jusqu’à ce que la question insoluble la terrasse de fatigue.

Pourquoi ne la contactait-il pas ?