Extraits

A présent je dois vous confesser combien je suis sotte. Avant ces jours gris et mornes qui suivirent le départ de Corneille, j'avais toujours haussé les épaules devant ces histoires dans lesquelles les jeunes filles languissent après leurs soupirants, des garçons qu'elles connaissent depuis une semaine à peine et qu'elles n'ont même pas le droit d'aimer. Ne comprennent-elles pas que leur vie vaut mieux que l'affection douteuse d'un jeune homme stupide? Qu'il y a une foule de choses à faire dans un monde qui ne tourne pas seulement autour de leur cœur brisé?

Puis, cela vous arrive à vous, et vous comprenez alors que vous n'êtes pas différente de ces filles-là, après tout. Oh, elles vous paraissent toujours absurdes et ridicules, mais vous avez humblement rejoint leurs rangs. L'être humain peut-il vraiment échapper à l'absurde? Nous ne sommes pas des créatures sans âge qui regardent de loin passer les siècles. Nos mondes sont étroits, nos vies brèves, et nous ne pouvons perdre qu'un peu de sang avant de succomber.

« - Je vous aime plus que Mouche aime s'admirer dans un miroir, continua-t-il.

- Ça, c'est impossible. »

- Ah. (Il me tapota le pied, la partie de mon corps la plus proche de lui.) Je vous fais mes excuses pour... pour cela. Si vous voulez bien arrêter de pleurer, à présent, ajouta-t-il un peu désemparé, avec une note de commandement princier.

“No. You surpass us all." Beside me she looked colorless and frail. "You are like a living rose among wax flowers. We may last forever, but you bloom brighter and smell sweeter, and draw blood with your thorns.”

- Isobel, dit-il, et je suspendis mon geste. Je ne suis pas très doué... pour les déclarations, poursuivit-il après une hésitation.

- Je sais, le rassurai-je tendrement. Je crois d'ailleurs me rappeler que vous avez insulté mes courtes jambes la première fois, entre autre chose.

Il se redressa un peu.

- Pour ma défense, elles sont vraiment très courtes, et vous savez que je ne peux mentir.

- Donc ce que vous essayez de me dire, c'est que vous m'aimez, malgré mes jambes courtes et le reste ?

- Oui. Et… Non. Isobel, je vous aime tout entière. Je vous aime éternellement. Je vous aime si intensément que cela m'effraie. J'ai peur de ne pouvoir vivre sans vous. Je pourrais voir votre visage chaque matin à mon réveil pour les dix mille prochaines années et toujours attendre avec impatience le matin suivant, comme si c'était la première fois.

- Je crois que vous et moi, nous vous avons sous-estimé, dis-je dans un souffle. Car voilà une fort belle déclaration.

Marcher sur le fil du rasoir perdait tout son attrait au moment où le rasoir cessait d'être une métaphore.

C'était notre dernier jour ensemble. La première et la dernière fois que je le touchais. La réalité de ce fait palpitait entre nous comme le battement d'un cœur. Avec nos regards aimantés l'un à l'autre, une autre vérité se fit jour sans la moindre ambiguïté. Je sentais un lien entre nous, aussi tangible que s'il m'avait tenu la main ou touché l'épaule, et je savais qu'il le ressentait aussi.

Il était incroyablement vaniteux, même pour un faé, ce qui revenait à dire d'une mare qu'elle était particulièrement humide, ou d'un ours qu'il était étonnamment poilu.

Par ailleurs, quel intérêt de voler le coeur des hommes ? On ne pouvait pas le manger en omelette.