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_ Del, l'interrompis-je. Merci de m'avoir attendue. C'était vraiment risqué.
Il toucha ma joue avec tendresse:
_ Je serais toujours là pour toi, Trèfle. Et pas seulement quand les choses sont faciles. Tout le temps.
Un frisson me parcourut des pieds à la tête. Tout à coup, je me fichais que personne n'aime Del et que personne ne m'accepte à cause de lui. C'était un coéquipier parfait. Beaucoup de Chasseurs auraient suivi les ordres à la lettre et m'aurait abandonnée. Pas lui.
Afficher en entierJe m’assis au sol, et Œillet et Sable s’installèrent à mes côtés. Le Gardien des mots se racla la gorge puis nous lut l’inscription :
— Vous êtes cordialement invité au mariage d’Anthony P. Cicero et Jennifer L. Grant le mardi 2 juin 2009 à 16 heures, 35, avenue Olivet. La cérémonie sera suivie d’une réception.
C’était très mystérieux. J’eus envie de lui poser des questions, mais je n’osai pas. Il nous congédia. Retour vers la zone commune.
— Un mariage… murmura Œillet, songeuse. C’est quoi, d’après vous ?
— Une sorte de fête ? suggérai-je.
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Afficher en entier— Je m’appelle Karl, reprit-il. Mais tout le monde m’appelle Veinard.
— Pourquoi ? demanda Bandit.
— Parce qu’à chaque fois que je quitte la maison pour faire commerce avec nos voisins, je risque ma peau. Et je reviens toujours en un seul morceau ! J’ai toujours eu de la chance. Je fais ça depuis vingt ans.
C’était impossible. Sous terre et dans les ruines, les gens ne vivaient pas aussi longtemps.
— Quel âge as-tu ?
Je savais que ma question semblerait impolie, mais elle était cruciale. Le simple fait que cet homme se tienne devant moi était en train de briser l’image que je m’étais faite du monde entier.
— J’ai quarante-deux ans.
Incroyable… Il devait vivre dans un endroit bien meilleur que le nôtre ! C’était la seule explication. Je voulais faire partie de ce monde, moi aussi ! Peut-être n’était-ce pas trop tard pour nous, malgré notre passé difficile ? Peut-être pourrions-nous vivre longtemps, comme lui ?
Afficher en entier— On ferait mieux d’attendre que la nuit tombe, suggéra-t-il. On a plus de chance de croiser des gangs en journée, et on risque aussi de se faire brûler…
— Brûler ? m’exclamai-je.
Je me voyais déjà sur une broche, rôtie sur le feu, comme la viande de Cuivre… Cela fit sourire Del.
— Par le soleil, Trèfle. Les gangs ne vont pas nous faire cuire, ni nous manger.
Afficher en entier— Il existe une communauté, à un jour de marche d’ici. Ce ne sont pas des Monstres, mais ils ne nous ressemblent pas non plus.
— Amis ou ennemis ?
— Amis. Ils nous ont accueillis et nourris. Sans eux, Del et moi ne serions peut-être jamais revenus. On n’avait plus d’eau, et il était impossible de nous ravitailler à Nassau.
— C’est une bonne nouvelle, dit-il sans grand enthousiasme.
— Ils avaient une réserve entière remplie de reliques de toutes sortes. Fouiller là-dedans pourrait prendre des années…
— Est-ce qu’il y avait des livres ?
— Je pense, oui. Mais aussi des anciens outils technologiques, et des objets que je n’avais jamais vus de ma vie. Les Fouisseurs ne s’y intéressent pas. Ils aimeraient du poisson en échange.
— Du poisson ? demanda-t-il en s’esclaffant. Ils doivent être un peu stupides, alors !
Tout est relatif, pensai-je. Le poisson, ça se mange. Les livres, ça ne se mange pas.
Afficher en entierJe ne peux pas rester, déclarai-je. J’ai du travail.
— Si tu pars, les Mangeurs vont t’grignoter.
— Qu’est-ce qui te fait croire ça ?
— Ceux qui t’suivent. ’Sont intelligents.
— Il y a différents types de Monstres ?
— T’avais pas encore compris ?
— Si. Enfin, ceux qui traînent autour de notre enclave ne sont pas comme ceux que l’on a vus à Nassau.
— Nah-ssau, c’est l’endroit mort ?
— Oui. On nous y a envoyés pour inspecter les lieux.
— Ton peupl’ doit pas t’aimer beaucoup ! plaisanta-t-il. Pourquoi t’veux pas rester ?
Afficher en entierJe m'installai dans un coin pour prendre soin de mes armes. Les couteaux en premier, puis la massue. J'étais en train d'enlever les taches avec de l'huile quand Del s'approcha de moi :
- Tu n'as pas fait ça hier ?
- Non. Je suis une mauvaise Chasseuse, je sais.
- Mauvaise ? lança-t-il sèchement. Tu es pire que mauvaise, Trèfle.
Qu'est-ce qui lui prenait ? Moi qui pensait qu'il n'y avait plus aucun problème entre nous... Je me retournai vers lui pour l'insulter à mon tour, mais il souriait à pleines dents ! Ah. Il me taquinait.
- Très drôle, Del.
Afficher en entier« Quand nous étions mômes, les Aînés nous répétaient sans cesse qu’un équilibre mal maîtrisé conduirait à notre perte. Et nous les croyions, parce que nous en avions eu la preuve : d’autres enclaves avaient fini par disparaître à cause de leurs règles trop laxistes. Certains avaient mal contrôlé les naissances, et étaient morts de faim. D’autres n’avaient pas suivi les procédures d’hygiène, et les maladies les avaient décimés. Ici, les lois avaient une vraie raison d’être. Elles nous sauvaient la vie. »
Afficher en entierDel était aux aguets, l’œil sur tous les coins de rue et sur les symboles couvrant les murs. Les immeubles étaient à peine visibles, cachés derrière le voile d'eau.
-Vous êtes sur notre territoire ! lança une voix glaciale.
On s'arrêta net. Je ne les avais pas entendus arriver, la pluie avait étouffé le bruit de leurs pas. Ils avaient surgi par derrière et nous encerclaient déjà... Huit hommes, tous armés. La plupart étaient plus jeunes que nous, mais ils avaient l'air féroce et enragé. Je compris pourquoi Del avait préféré affronter les Monstres plutôt qu'eux.
Del se mit devant moi pour me protéger, mais cela ne servait à) rien. Ils étaient tout autour de nous. On se mis dos à dos pour se protéger l'un l'autre. Il avait été assez clair avec moi : je serai leur première cible.
Je me concentrai sur le combat imminent. Les membres du gang étaient bien plus costauds que les Monstres, bien nourris et en forme. Cette bataille serait la plus difficile de toutes celles que nous avions menées.
-On ne veut pas vous poser de problème, déclara Del. On ne fait que passer !
Le plus grand hocha la tête/
-Dommage... Parce que vous ne passerez pas.
Il devait être leur chef. Il fallait l'attaquer en premier. Je pris mon courage à deux mains et, en un geste, je sortis mes couteaux et leur offris mon plus grand sourire :
-Voyons combien on peut en tuer, déclarai-je.
Afficher en entierAutour de nous, les cadavres étaient empilés les uns sur les autres. Démembrés, pour la plupart. Certains morceaux avaient été grignotés jusqu'à l'os, et le sol était recouvert de sang. Mon entraînement ne m'avait pas préparée à cela. Del me dirigea loin du massacre, sans quoi je serais restée bloquée au milieu des corps, paralysée d'horreur.
On reprit notre chemin. On fit très peu de pauses, mais nos quelques heures de sommeil rendirent ce trajet moins laborieux que celui de la veille. Par contre, je sursautais au moindre bruit. Peu à peu, je comprenais à quel point les Monstres étaient un danger pour l'enclave.
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