Extraits

— Viens, allons remplir ton estomac. Aeden se laissa guider jusqu’au restaurant où il y avait encore de la place, cependant Niall se promit de réserver la prochaine fois, si prochaine fois il y avait. Avec l’arrivée des beaux jours, cet endroit se remplirait plus vite qu’un pub un soir de match.

Cai et Connor étaient là aussi et ils le saluèrent avec un sourire en coin qui indiquait clairement qu’ils savaient avec qui il était la veille. Il leur répondit en faisant preuve d’une grande maturité : il leur tira la langue. Cai ne lui en tint pas rigueur puisqu’à la place de ses éternelles eaux parfumées aux plantes, il lui servit un véritable café, avec de la caféine dedans et juste assez de crème, comme il l’aimait.

— OK, là c’est flippant. Où sont les racines de mandragore ? Les tiges de tilleul ? Je vais mourir, c’est ça ? C’est le dernier café du condamné ?

Cai le regarda d’un drôle d’air avant de comprendre qu’il blaguait et lâcha un « Ah ah, très drôle » qui le fit sourire au-dessus de sa tasse.

— Je dirais le proprio. Saoirse tendit le doigt vers la salle numéro deux et Niall se planta devant le miroir sans tain de la salle en question. Elle appuya sur le bouton permettant aux conversations d’être entendues de ce côté du mur, se tourna ensuite vers Aeden et lui dit :

— Reste là, tu vas voir, ça va aller vite. Aeden obéit et resta donc près de Niall, qui sirotait son café en attendant que Saoirse fasse… il ne savait pas quoi.

— Est-ce que vous avez mis le feu à votre propre abri de jardin dans le but de faire accuser votre voisin ?

— Non, enfin ! Je vous ai déjà répondu ! Ce type est dingue ! Vous savez combien m’a coûté ma tondeuse ? Si je voulais le faire accuser de quelque chose, j’aurais brûlé un truc moins cher !

Elle hocha la tête et sortit de la pièce. Elle regarda Niall qui répondit simplement :

— Ce n’est pas lui. Ils procédèrent de la même façon dans la salle voisine où l’homme se défendit avec la même véhémence. Quand Saoirse sortit, Niall lui tendit sa tasse désormais vide et lui sourit :

— Il ment. Maintenant, je retourne me coucher ! Au revoir detectives. Son sourire s’agrandit quand il passa devant Aeden qui le dévisageait.

— Vous risquez d’avaler une mouche si vous ne fermez pas la bouche. Et il partit, plantant là Aeden avec ses questions. Qu’est-ce qu’il venait de se passer ?

— Saoirse ! Saoirse, viens ici tout de suite au lieu de ricaner !

Les timides qui s’écrasaient et se rangeaient de son avis parce que c’était plus simple et qu’ils en avaient assez de l’entendre argumenter ? Très peu pour lui ! S’il voulait quelqu’un qui serait toujours d’accord et qui l’aimerait quoi qu’il dise, il prendrait un chien. Bon, il était allergique aux chiens, mais la question n’était pas là. Quelle que soit son envie d’apprendre à connaître le barman ronchon, Aeden choisit de ne pas insister ce soir.

— T’inquiète pas, va, je préfère te savoir en bonne santé, même si ça implique que moi aussi, je sois obligé de courir. Ce fut à son tour de hausser un sourcil sceptique : Sean passait un temps fou à entretenir son corps. Le bonhomme ressemblait à une statue grecque, mais avec une barbe de bucheron et du poil au torse. Une statue grecque qui buvait beaucoup de décoctions qui sentaient la nourriture pour lapin. « Mon corps est un temple » et autres slogans pourraient être tatoués sur son front.

Et Niall n’était pas du matin. Pas du tout. C’était normal pour quelqu’un qui bossait dans un pub et qui ne se couchait jamais avant le milieu de la nuit. Il fallait croire que Sean n’était pas humain, car au son de sa voix, il était parfaitement réveillé, frais et dispos à seulement huit heures. Le soleil n’avait même pas terminé de se lever, bon sang ! La lumière qui passait entre les rideaux était à peine grisâtre… Selon ses critères, c’était encore la nuit !