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Les dernières lignes de l'histoire de la légendaire cité de Thésée; celle qui avait créé la culture de ce temps, celle qui avait abrité entre ses murs Périclès, Aristote, Hérodote ou Thucydide; s'écrivaient en ligne de sang et de cendres.
-Comment a t-on pu ? se lamenta Ofella, les larmes aux yeux.
-C'est la volonté des dieux.
-De quels dieux parlent-on ?
Afficher en entierUne butte offrit la possibilité d’observer le site. Les dalles blanches et noires et les colonnades portaient un édifice majestueux, devancé par un imposant portique équipé de couchettes.
Ces lits abritaient les malades qui s’allongeaient et attendaient de s’endormir. Rêver dans le temple permettait d’échanger avec Asclépios et d’apaiser tous les maux.
En arrière-plan, un large amphithéâtre s’appuyait sur une colline dont il rongeait le flanc de son calcaire gris. Le décor inspirait une grande quiétude qui irradiait jusque sur leur promontoire.
Malgré ses craintes, Ofella fut gagné par cette tranquillité
insufflée par la magie des lieux. La pureté des lignes de chaque construction connexe renvoyait à l’imposante silhouette du temple qui protégeait les alentours. Les arbres y prospéraient et atteignaient une taille gigantesque.
Afficher en entierÀ la soirée succédèrent une nuit claire et un ciel sans nuages, constellés d’étoiles. Une brume recouvrit la tente d’Ofella : l’ombre des rêves, une manifestation magique qui le poussait à s’agiter sur sa paillasse.
Il imaginait une Athènes qu’il n’avait jamais vue. Ses murs gigantesques en faisaient un bastion imprenable. Des armées s’affrontaient sur les murailles, dans les rues, sur les marches des temples rongés par le feu qui gagnait chaque maison de bois, faisant de la cité un écrin brûlant.
Debout au milieu d’une allée encerclée par les flammes,
Ofella ne se rappelait plus son arrivée en ce lieu. Seule demeurait en son coeur la force de la cité, son aura imposante héritée de la marche des siècles. Athènes devait être respectée.
Incapable de se concentrer sur autre chose que le moment présent, le légat échappa au baiser flamboyant de poutres en bois qui s’écroulaient sur la petite rue.
L’avenue où il déboucha était le théâtre d’une bataille rangée : une ligne de béliers devançait des bataillons de cygnes en armures. Une nuée de chouettes et de gorgones avançait lourdement et maladroitement sur eux. Le choc des deux groupes provoqua le chaos aussi bien au sol que dans les airs.
Alors qu’un nuage de poussière était avalé par la fournaise,
Ofella s’éloigna en courant, son attention tournée vers tout ce qui se déroulait autour de lui. Les temples d’Athènes crachaient un bestiaire fantastique dont il ne devinait pas la provenance. Des hordes de loups et de corbeaux émergeaient du temple d’Apollon, se ruant sur un escadron de chouettes en difficulté.
Le sol se consumait sous ses pieds et une chape de fumée s’abattait sur la ville, cachant chaque embranchement. Avec le bruit des combats tout autour de lui, les sens de Quintus
Lucretius s’égarèrent à la recherche d’un phare auquel se raccrocher.
Une surprenante vision le tira de sa désorientation. Des volutes grisâtres se dégagea l’éclat d’un paludamentum solidement
établi sur de larges épaules. En s’élançant, il reconnut la silhouette qui le portait : Sylla se tenait debout au milieu du désordre, équipé et prêt à se battre.
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